Chantons sous les toits 2017 – Bazar & Bémols (© Claude Fèvre)

Chan­tons sous les toits 2017 – Bazar & Bémols (© Claude Fèvre)

19 novembre 2016 ‑Présentation des artistes pour l’édition 2017 par l’association l’Oiseau Lyre

avec Eugé­nie Ursch, Cathe­rine Vanis­cotte, Dalèle, Céline Caus­si­mon, Marie Sigal , Muriel Erdö­dy & Pas­cal Rol­lan­do, Davy Kilembe, Cyril Adda, Fré­dé­ric Bobin, David Sire, Auré­lie & Verio­ca, Bazar & Bémols

Médiathèque d’Albi (Tarn)

On ne nous en vou­dra pas de par­ler de « cam­pagne » dans le titre de cette chro­nique. Enten­dons ce mot comme une litote. Dire moins pour signi­fier davantage…

Regar­dons la réa­li­té : ces ren­dez-vous en mai­sons, appar­te­ments, granges et d’autres lieux un peu moins inti­mistes sont dans le Tarn, assez éloi­gnés des grands centres urbains. Même Albi où nous sommes réunis sent bon la rura­li­té. A tout bien regar­der, c’est là, dans ces petits espaces que vit la Chan­son d’aujourd’hui. D’ailleurs, on se dit que si chaque dépar­te­ment avait une asso­cia­tion comme L’Oiseau lyre, orga­ni­sa­trice de concerts chez soi ou chez son voi­sin, res­pec­tueuse des artistes, leur offrant un accueil digne de ce nom (cachet, héber­ge­ment, sono­ri­sa­tion) on résou­drait en grande part la ques­tion de la dif­fu­sion. C’est pour­tant simple ! Enfin, simple… C’est vite dit car on devine les efforts en amont et tout le béné­vo­lat qui va de pair. On n’écoutera jamais assez la chan­son de Tho­mas Pitiot 1901 ! « On trinque à l’associatif » évi­dem­ment à Albi comme par­tout ailleurs. Pour cette édi­tion on fait appel au par­tage, au don, avec un buf­fet qui sera mis en com­mun à la pause.

Douze artistes en solo ou groupes (duo ou trio) ont été sélec­tion­nés. On ignore leurs noms et c’est un vrai bon­heur de décou­vrir qui va appa­raitre. A peine arri­vée, quelqu’un se pré­ci­pite vers nous, liste en mains, pour nous dire : « Il y a du lourd ! » En effet il y a du lourd et la ten­ta­tion est grande d’y voir une crise pro­fonde de la dif­fu­sion. Comme si par­ti­ci­per à des concerts en mai­sons, c’était un lot de conso­la­tion à défaut de pro­gram­ma­tions plus nobles. Avouons, nous sommes ten­tés de rai­son­ner ain­si pour très vite nous res­sai­sir. On sait quel bon­heur s’offre un artiste en appro­chant d’aussi près son public.

Disons main­te­nant quelques mots du crû 2017. On n’évitera pas les esprits cha­grins qui y ver­ront insuf­fi­sam­ment de ceci, trop de cela. L’exercice est rude et impi­toyable pour les artistes qui doivent convaincre en une dizaine de minutes. Alors par­fois, cette réa­li­té les pousse à trop en faire, dans la voix, comme dans le geste au risque d’y perdre leur authenticité.

Cette année l’organisation a fait le choix d’une sono­ri­sa­tion. Par­fois on le regret­te­rait presque.

Mais nous sau­rons sou­li­gner sur­tout les qua­li­tés de ce que nous avons enten­du : éclec­tisme, inter­pré­ta­tions musi­cales – de très haut niveau par­fois si l’on songe à Eugé­nie Ursch et son violoncelle.

Ce fut un beau voyage cette après-midi là.

Nous nous sommes aban­don­nés dans des contrées loin­taines : Cuba avec Marie Sigal, Bré­sil avec Auré­lie & Verio­ca, Bul­ga­rie avec Eugé­nie Ursh, Afrique avec les per­cus­sions qui accom­pagnent Muriel Erdö­dy ou les rythmes des chan­sons de Davy Kilembe.

Plus encore on s’est offert des esca­pades gour­mandes – celles là sont sans limites – dans les pen­sées, les émo­tions des artistes. Cathe­rine Vanis­cotte se prend pour un oiseau avec son com­plice Jean-Paul Raf­fit à la gui­tare, Dalèle, elle, se prend d’amour pour un poi­lu de la guerre de 14 ! Quant à Céline Caus­si­mon elle nous invite d’urgence à la caresse – tant qu’il est encore temps ! Marie Sigal aura droit à notre coup de cœur avec sa voix superbe, sa sen­sua­li­té dans ses mots comme dans sa ges­tuelle, son pia­no. On salue bien bas son retour en terre francophone !

Le public fait une ova­tion à l’univers de Fré­dé­ric Bobin qui avait choi­si ses chan­sons bien rôdées rame­nant beau­coup d’entre nous à leur his­toire : ce sacri­fice de la vie ouvrière qui nous fait un trou dans le cœur. Mais c’est le même public qui fait sem­blable ova­tion à la fan­tai­sie débri­dée de David Sire, à sa folie (contrô­lée !), à sa « bidu­lo­so­phie »… Preuve en est que la chan­son a cette ver­tu là de cou­vrir le vaste champ de nos émo­tions. Et c’est avec Bazar & Bémols, trois joyeux drilles, que s’achève la fête. Avec gui­tare, contre­basse, trom­pette et cajon on entre dans leurs chan­sons qui renou­vèlent agréa­ble­ment le genre fes­tif où se mêlent quan­ti­tés d’influences.

Hé bien dan­sons maintenant !