Pic d’Or 2016, Barbara Weldens et sa folie l’emportent (© Michel Gallas)

Bar­ba­ra Wel­dens (© Michel Gallas)

21 mai 2016 – Pic d’Or 2016 : Jour 2

Finale puis concert du Pic d’Or 2015, Émi­lie Marsh (gui­tare élec­trique, chant) Étienne Cham­pol­lion (pia­no, cla­viers, chœurs) Mathieu Chré­tien (Bat­te­rie, chœurs)

Théâtre des Nouveautés (Tarbes)

« Fou­traque, folle, lan­gou­reuse, furieuse, tendre, drôle, viru­lente, déli­rante, déjan­tée, emportée… »

Média­part

Le palmarès

Prix de la musique : Clio
Prix du texte : Mak­ja
Prix d’in­ter­pré­ta­tion : Les Flow
Prix du public : Bar­ba­ra Weldens
Pic d’argent : Caru­so
Prix Maga­zine Fran­co­Fans : Bar­ba­ra Weldens
Prix de la créa­ti­vi­té Aca­dé­mie Charles Cros : Bar­ba­ra Weldens
Pic d’Or : Bar­ba­ra Weldens

On sort du théâtre des Nou­veau­tés étour­di, sidé­ré, ébloui. Et dire qu’il en est pour pré­tendre que la Chan­son est en déclin… Mais qu’ils viennent, bon sang, qu’ils écoutent ces jeunes (et moins jeunes) talents !

Une grande soi­rée vrai­ment ! D’abord le retour des fina­listes avec deux chan­sons cette fois-ci. C’est l’occasion de confir­mer notre res­sen­ti de la veille : les filles ont mis la barre très, très haut !

C’est Clio qui com­mence avec sa fra­gi­li­té, les mains en conque, accro­chée au micro comme pour avoir moins peur. Mais elle est très belle ain­si… car para­doxa­le­ment la force de ses textes a quelque chose d’irrésistible. « Les deux mains dans la gouache » elle esquisse des por­traits de l’amoureux, mais, gare, il pour­rait bien finir défi­gu­ré, rayé, frois­sé… Pas si fra­gile la p’tite Clio ! Sarah Mikovs­ki ne traite pas vrai­ment les hommes beau­coup mieux. Chez elle, l’humour et la joie l’emportent ! Et que dire encore de Flow qui n’ait pas déjà été dit ? Elle se qua­li­fie de « punk poète », mais « c’est fra­gile, ça peut mou­rir »… Une nou­velle fois son invi­ta­tion à la valse, valse d’espoir pour les vic­times du Bata­clan, arrache des larmes !

À sa suite Bar­ba­ra Wel­dens, tou­jours accom­pa­gnée de Bar­ba­ra Ham­ma­di qui lui offre avec brio de ne plus être assu­jet­tie à son cla­vier. « Les mots, la voix, l’organique vibra­tion » explosent, écla­boussent et le corps exulte. Bar­ba­ra pour­rait sans doute faire siens les mots d’une autre – et quelle autre ! – : « J’étais plu­tôt amar­rée à mon pia­no. Et puis mon corps s’est mis à chan­ter, des cordes vocales aux orteils… » (Bar­ba­ra, Mémoires Inter­rom­pus). Comme elle, elle refuse l’amour qui enchaîne… C’est aus­si la même déme­sure, la même folie en scène ! Elle jette dans les cou­lisses ses hauts talons rouges au bout de quelques minutes. Geste, ô com­bien, symbolique !

Évi­dem­ment, après cette défer­lante, après celle des Flow, tout can­di­dat paraî­trait fade…

Debo­rah Eli­na se pré­sente dans une élé­gante robe en lamé noir. On aime sa chan­son émou­vante déjà évo­quée, et la fan­tai­sie de Madame Eif­fel… Liz Van Deuq, elle, ravit le public, offre un joyeux moment de détente en s’imaginant fan de foot, puis, chan­geant de registre – c’est là sa force ! – nous donne à réen­tendre son vœu d’une vieillesse heu­reuse… Effi­cace ! Quant à L’affaire Capu­cine, on regret­te­ra que le choix des chan­sons ne nous fasse pas revivre le petit miracle de la pre­mière audi­tion… C’est si fra­gile le spec­tacle vivant ! Suf­fit d’un rien. Mais on aime leur pré­sence en scène, les chœurs, le vio­lon­celle et la guitare…

Le duo des jumeaux Yepa, n’a pas démé­ri­té avec sa com­pli­ci­té et son flow, pas plus que Mak­ja qui tend vers le tra­gique, le pathé­tique… Peut-être trop ? Quant à Caru­so, on ne retrouve pas le charme de la pre­mière fois. Bien sûr, on devine qu’il connaît bien les « ficelles », dont il use et abuse auprès du public. Mais les chan­sons d’amour – c’est son pro­pos – ne laissent pas d’empreinte. Aus­si on sera assez décon­cer­té par son Pic d’argent.

Com­ment admettre en effet que Liz Van Deuq, L’affaire Capu­cine, Sarah Mikovs­ki repartent sans une seule récom­pense ? N’y a‑t-il pas une mal­adresse à les concen­trer sur Bar­ba­ra Wel­dens – sans qu’il y ait contes­ta­tion pos­sible, bien sûr, sur son Pic d’Or et sur celui du public ? C’est une très grande artiste, que ce soit dit !

Et pour comble de bon­heur c’est Émi­lie Marsh, Pic d’or 201,5 qui clôt la soi­rée ! Habillée de sa gui­tare élec­trique dont elle joue avec jubi­la­tion, offrant un mou­ve­ment aérien avec elle, une longue étreinte. On savoure une fois encore sa voix, ses mots qui pour­raient être résu­més dans sa chan­son Vie sau­vage.

Déci­dé­ment cette nou­velle édi­tion du Pic d’Or a fait la part belle aux femmes ! Que tous ceux qui y ont eu leur part, en soient remerciés.

Quelques liens -

Le site du Pic d’Or, c’est ici.
Mes autres articles et chro­niques sur les dif­fé­rentes édi­tions du Pic d’Or sont là !