Pause Guitare 2016, Tremplin (© Claude Fèvre)
9 juillet 2016 – 20ème Festival Pause Guitare – Tremplin Découvertes chanson
avec Léon, ZoB, Simon Daniel, Sages comme des Sauvages, Emilie Marsh
L’Athanor (Albi)
Elton John, John Baez, Francis Cabrel, Mika, Dionysos, The Avener, Michel Fugain, Dionysos, Louane.… Ils seront plus de 70 artistes en 2016 à venir à Pause Guitare pour plus de 80 concerts, répartis sur les 7 scènes de l’événement (dont 4 gratuites). Avec 4 artistes par soir sur la grande scène, la programmation se veut éclectique et pointue, proposant tantôt des artistes ayant marqué l’Histoire de la musique, tantôt de jeunes pousses prometteuses. Le festival, c’est du rock, de la pop… mais aussi de la chanson, car Pause Guitare, c’est aussi des scènes découvertes avec des artistes internationaux, où le Canada francophone tient la dragée haute ! Accélérateur de talents, le festival albigeois travaille activement à l’émergence et à l’accompagnement de nouveaux artistes. Enfin, avec ses 4 scènes gratuites, dont 1 soirée dans les bars d’Albi, Pause Guitare se veut être un événement populaire et accessible, avec une programmation néanmoins hypra-qualitative !
C’est terrasses sous canicule à Albi. Le soleil boudeur de ce début d’été a bien voulu s’inviter pour Pause Guitare et ses quatre vingt concerts. On y retrouve assez vite, à peine cachés derrière leurs lunettes noires, tous ceux que le monde de la Chanson compte d’acteurs, professionnels et amateurs – difficile de faire la distinction ! Aujourd’hui la scène de l’après-midi réunit un jury d’au moins vingt cinq « professionnels » pour décerner des prix qui pourront donner un élan supplémentaire, une accélération à une carrière, pour le moins une meilleure visibilité (Prix Découverte Pause Guitare décerné par le jury et Prix du public, prix La Dépêche du Midi, prix La poste). La rencontre a lieu à L’Athanor, place de l’Amitié ‑entre-les peuples (ô le joli nom !) belle salle de 221 places, nichée au plein cœur d’Albi. La veille elle accueillait les Québécofolies, autre scène découverte. Pause guitare s’inscrit en effet définitivement dans cette dimension francophone avec aussi sa Scène Expérience Acadie. On pense, émus, aux Déferlantes Francophones de Capbreton, à son emblématique directeur, Maurice Segall, pareillement disparus… Qu’il est bon de voir que d’autres acteurs maintiennent solide la passerelle entre nos continents !
Venons-en aux candidats du jour qui ont vingt cinq minutes chacun pour convaincre. Le premier c’est Léon, petit bonhomme vert, fantaisiste, qui interpelle le public « à la bonne franquette », un côté fête foraine, pour se lancer dans des chansons, plutôt pop – rock. Suffisamment d’atouts pour rajeunir le public Chanson, une voix aux accents de Chedid (le fils) avec batterie et guitares. Quant aux textes on ne vous en dira pas grand-chose – faute d’en avoir compris le sens – sauf peut-être qu’il était beaucoup question de lui…
Simon Daniel lui succède. Venu du Nouveau-Brunswick, c’est précisément par là qu’il nous touche. Son accent, son côté blues, son goût des mélopées, sa guitare qui dialogue avec le clavier subtile du musicien qui l’accompagne nous invitent au voyage. Une belle signature qui donne envie de le revoir et d’aller plus loin dans le dépaysement.
Nous retrouvons ZoB (pseudonyme qui ne le sert pas forcément…) découvert au dernier festival des Voix de Moissac dans une relation au public débridée que nous avions regrettée. Aujourd’hui, il bénéficie de la présence du contrebassiste qui lui offre un complément d’atmosphère. Il se joint au percussionniste – beat boxer capable de faire son de tout, un look entre joueur de cornemuse – rapport au kilt – et première ligne de rugby… Lui, ZoB, à coup de chansons, slam, hip- hop, se démène comme un beau diable pour dérouler le flux de ses mots qui méritent le détour. … Le premier texte qui nous questionne sur ce qu’est au juste un homme donne le ton. On le suit volontiers. Le public aimera beaucoup ! Il lui décernera son prix.
Sages comme des Sauvages sur qui nous avons déjà écrit plusieurs fois, arrivent plus emplumés que jamais. Où vont-ils s’arrêter ? Est-ce bien nécessaire ? On se laisse emporter par ce duo, efficace dans son originalité instrumentale, entre Chanson et musique du monde… ce monde qu’ils traversent en nous rapportant leurs mots et leurs musiques. On se demande seulement ce qui justifie encore leur place aujourd’hui dans ce tremplin.
Enfin arrive Emilie Marsh qui à chaque prestation – nous avons aussi beaucoup écrit sur elle – semble aller davantage vers son univers de rockeuse, forte et fragile à la fois. Ses textes gardent son empreinte singulière où elle martèle sa farouche énergie de tout dire. La voix est belle, au premier plan, toujours. Dira-ton assez le bonheur de saisir le sens des chansons ? Ses hommes, ceux qui l’accompagnent, ne ménagent pourtant pas leur peine, aux claviers et à la batterie… Preuve que l’on peut tout garder : l’énergie et le sens ! En tout cas le jury semble lui accorder encore une marge de progression en lui offrant le prix Découverte 2016. Et nous, nous avons aimé sa frange et sa coupe mi-longue qui lui donnaient un faux air de Colette à la trentaine : Colette, l’effrontée, Colette la scandaleuse, Colette sans entrave.