Zaza Fournier, Détours de Chant 2016, Metronum, Toulouse (Ⓒ Claude Fèvre)

Zaza Four­nier au Metro­num, Tou­louse (© Claude Fèvre)

5 février 2016 – Détours de Chant 2016

Zaza Four­nier (accor­déon voix) et Maji­ker (alias Mat­thew Ker, cla­vier, body per­cus­sions, beat box…)

Metronum (Toulouse)

On va tout vous avouer : nous avons hési­té… À l’ombre des filles en fleurs ou bien Au pays de Can­dy ? Proust ou le des­sin ani­mé de nos filles en enfance, cou­leurs pas­tel et sucre… candi ?

À vrai dire, au début du concert on n’est pas bien sûr de soi et de son res­sen­ti au milieu d’un public gen­ti­ment conquis, qui reprend des refrains – voix fémi­nines sur­tout, enfan­tines même. Lorsque Zaza Four­nier des­cend dans le public au rap­pel, que les spec­ta­teurs s’assoient autour d’elle, on obtient une par­tie de la réponse. Des petites filles la dévorent des yeux, des étoiles dans les yeux… leur maman aus­si… Leur papa ? Sans doute aus­si… mais pour d’autres rai­sons qu’on pas­se­ra pudi­que­ment sous silence. C’est émou­vant mais c’est trou­blant aus­si. À qui s’adresse-t-elle Zaza Four­nier ? On ne peut pas dire que le réper­toire soit pour le jeune public, même si l’agencement des textes, la sim­pli­ci­té de la struc­ture en font des chan­sons à l’apparence légère, fri­vole même. À y regar­der de près, ce n’est pour­tant pas aus­si évident.

Ce qui paraît une évi­dence par contre c’est que tout est fait dans ce concert pour nous offrir du léger, du pétillant. Sur la scène dégou­linent des fleurs et du feuillage en cas­cade où émerge la cou­leur rose. Ah ! Par­lons-en de ce rose pour les petites filles d’aujourd’hui ! La robe noire de la chan­teuse, très courte, agré­men­tée aux épaules d’un fouillis de fleurs… roses… les che­veux blonds rele­vés en chi­gnon, la frange sur le front, lui donnent une sil­houette de bal­le­rine. Cette bal­le­rine n’est pour­tant pas aus­si sage qu’il y paraît. Elle tutoie le public, enjô­leuse, et déploie des tré­sors d’astuces dans sa ges­tuelle, dans sa voix, même dans son jeu à l’accordéon pour séduire. Et c’est effi­cace ! Il est beau­coup ques­tion de cette grande affaire qu’est la rela­tion amou­reuse. Il est ques­tion de départ, de fuite, de voyage, d’attente, de mal-être dans son appar­te­nance sexuelle… Mais aus­si de cette envie de ne s’endormir jamais…

Mais ce qui res­te­ra pour nous de ce concert c’est le sou­ve­nir d’un musi­cien incroya­ble­ment doué. Car par­ler de Zaza Four­nier aujourd’hui c’est aus­si par­ler du musi­cien anglais qui l’accompagne comme il a accom­pa­gné jadis Camille du temps du FilMaJi­Ker, volon­tiers comé­dien, apporte au spec­tacle toute une varié­té de sons (cla­vier, per­cus­sions cor­po­relles, brui­tages avec la bouche…) qui offrent un bien agréable voyage.

Alors on conclu­ra volon­tiers en disant que certes on se sent aux anti­podes des uni­vers fémi­nins que nous aimons, K ! la Reine des Aveugles, ou même Lady Ray­monde pré­sentes dans cette pro­gram­ma­tion, mais on ne fera pas la fine bouche devant la fraî­cheur d’un spec­tacle très abouti.

« Faire comme si un soir
C’était beau­coup et danse
Dès main­te­nant comme ça
Tu seras prêt pour nous
Tu seras dans l’élan
Moi aus­si je le fais
Regarde moi Toulouse
Je danse déjà pour toi
Je danse l’air 
de rien
Tout bas
Jusqu’à demain »

Extrait de la page Face­book de l’artiste