Barjac m’en Chante 2018 – Au rendez-vous des bons copains (© Claude Fèvre)
du 28 juillet au 2 août 2018 – Barjac m’en Chante
Au rendez-vous des bons copains
Avec
Les bons copains… et les copines !
Espace Jean Ferrat (cour du château), Salles du château, Salle Trintignant, Chapiteau du Pradet, Le jardin des papotages – Barjac (Gard)
Cette Chanson dite « de Caractère » à Barjac, celle que l’on voudrait tous mieux défendue, mieux reconnue par les instances culturelles, réunit ici et là, au gré de ces festivals qui en portent haut les couleurs, les mêmes spectateurs. Fervents, fidèles. On finit par se sentir de la famille, peu ou prou. Des copains, des frangins, parfois même des amis. Venir à Barjac c’est se donner rendez-vous pour partager bien au-delà des concerts.
Cette famille a pour caractéristique forte de rassembler non seulement des spectateurs qui se reconnaissent à travers ce même goût pour la création toujours vivante de chansons francophones, mais aussi des chanteurs et des chanteuses qui se soutiennent, échangent leurs adresses, leurs bons plans, s’invitent en scène… Bien entendu si ces chanteurs accédaient à la notoriété, au succès populaire, à la reconnaissance d’un public beaucoup plus large, cette famille pourrait bien alors voir s’éloigner ces enfants là. On sait tout ce que le succès populaire, quelque fois tant convoité, peut entraîner d’excès, de démesure… mais aussi de contraintes quand se substitue à la création la « tyrannie du chiffre ». Il est vrai que l’exemple récent de Gauvain Sers, porté au succès par Renaud, dément cette crainte car il apporte jusqu’ici la preuve qu’il reste fidèle à ce microcosme qui l’a vu émerger et l’a soutenu. Et c’est tant mieux.
D’ailleurs pour aller au-delà de ces propos convenus, le festival a prévu « Les rencontres de onze H moins onze »… Chaque jour des intervenants de qualité viennent nourrir les échanges, leur donner un peu de hauteur, en présence d’artistes programmés…
On vient à Barjac écouter des concerts, certes, mais aussi retrouver ceux que l’on croise au long de l’année, artistes, diffuseurs, patrons de salles ou de festivals, journalistes, collectionneurs, photographes, simples spectateurs passionnés. On vient prendre le temps…
Certains parmi tous ceux là sont devenus des institutions…
Pour les retrouver à Barjac il faut aller dans les salles du château. C’est là d’ailleurs que se déroulent la vente des billets, des tee-shirts (les fameux tee-shirts marqués d’une citation) les expositions. Dans ces salles on trouve Eric Nadot. Pour vous parler de lui citons Benoît Hopquin qui, dans son blog trace en 2012, un superbe portrait de celui qu’il nomme « Le compagnon de la chanson » … « D’un débit rapide comme des triples croches, Eric Nadot parle des artistes qu’il aime. Autant de trousseurs de rimes, de jongleurs de la langue, qui ne se demandent pas s’ils sont has been, comme on le dit, ou si c’est l’époque qui est devenue ringarde, incapable de reconnaître ses nouveaux Brassens. Ils s’en moquent, du moins font mine de. Ils sont hors du temps, affranchis des modes, comme l’est Eric Nadot avec sa tête d’éternel rêveur. « Ils n’ont pas choisi la facilité », dit-il. Lui non plus. » S’il est un fou de chansons c’est bien lui avec ses supports audiovisuels de « Tranches de scènes » et son site quichantecesoir.com.
A ses côtés c’est Jean-Yves Coissard, collectionneur de vinyles surtout, de CD, de livres… Une figure, lui aussi, dans ce monde de la Chanson.
Voilà donc un premier espace de rencontres à Barjac. Cette année, la programmation y a même prévu une « causerie conférencée ». Une quarantaine de privilégiés ont ainsi pu écouter Bernard Vasseur, écrivain, directeur de la Maison Aragon- Triolet évoquer Aragon et la Chanson.
Bien entendu l’autre grand moment de rencontre c’est celui d’après minuit, au chapiteau du Pradet où se déroule « la scène ouverte », dont la Manufacture Chanson assure l’animation cette année. On s’y presse, croyez-moi, de minuit à 2 h ! A l’extérieur, ce temps là de partage n’a pas de limites… Autour de la buvette, on discute par groupes, on rit, on chante… Un soir, deux cercles se sont formés, l’un autour de Gérard Pierron, celui qui nous fit découvrir Les Mangeux d’Terre de Gaston Couté (souvenir inoubliable des années 70), l’autre autour de Garance à qui se joignirent Valentin Vander, Hervé Lapalud, Jonathan Mathis … et Martial Robillard que l’on trouve toujours prêt à pousser sa chanson ! Sous les petites ampoules de ginguette, ce moment là avait un charme fou.
L’édition 2018 nous réservait enfin une surprise avec son « jardin des papotages », autre invitation aux échanges, aux partages dans un cadre propice. Des expositions décalées nous y attendaient, photographies, sculptures… et – surprise ! – « Les mots mis sur planche » de Jean-Claude Barens (eh oui, le renommé directeur artistique du festival !) et son complice Jean-Pierre Bertomère. Une savoureuse façon de jouer avec les mots, de les prendre au pied de la lettre sans se prendre au sérieux !! Exemple ? Un petit personnage en lego descend le long d’une échelle fichée dans une bonne bouteille de Château des Graves. Sur sa planche, il illustre l’expression : « descendre dans les graves »…
Vous l’aurez compris l’association Chant libre, ses bénévoles, son équipe de professionnels nous avaient concocté une bien belle édition qui confirme, s’il en était besoin, que Barjac est un haut lieu de la Chanson. Copains, copines ont pu se retrouver, échanger leurs regards, se donner des forces pour défendre demain ce bien précieux, cette chanson, dit Jean-Claude Barens dans son édito, « qui vient reboutonner les mémoires les plus écorchées, nous soulever un peu du sol, faire bouillir quelques gros grumeaux de nostalgie, nous surprendre, toujours en équilibre sur ce fil de la vie tendu entre hier et aujourd’hui. »