Détours de Chant 2015, Tous debout pour Manu et ses galuriens ! (Ⓒ Claude Fèvre)

Manu Galure (Ⓒ Claude Fèvre)

28 jan­vier 2015 – 14e Détours de Chant

Manu Galure en quartet


Le Biki­ni (Tou­louse)

On ne vou­drait sur­tout pas vous faire attendre ! On sait votre impa­tience à lire dans votre quo­ti­dien ce que nous avons vécu hier soir au deuxième jour du fes­ti­val tou­lou­sain de la Chan­son. Du moins, c’est tel­le­ment plai­sant d’y croire !

Manu Galure qui sort un nou­vel album, qui en appelle aux sons les plus déglin­gués comme tou­jours, qui affronte le public debout, lui qui nous avait ravis, empor­tés dans sa danse du diable au Bijou. Sou­ve­nez-vous, il l’avait au préa­lable mis cul par-des­sus-tête…enfin presque !

Tous les fidèles tou­lou­sains sont là, certes, mais aus­si une par­tie du public de Bar­cel­la. Alors évi­dem­ment, le public « chan­son » perd un peu ses marques et du coup il rajeu­nit. D’un seul coup, d’un seul ! Tiens, bizarre, on se sent des four­mis dans les pieds. On est prêt à entrer dans la danse, danse du diable, s’entend, comme vous pou­vez le devi­ner déjà dans la chro­nique de son album.

Alors n’en déplaise à ceux qui gar­de­ront tou­jours la nos­tal­gie de l’homme à la contre­basse du temps de son duo des P’tits t’Hommes, ou de l’homme au pia­no auquel il fait subir les plus impro­bables trans­for­ma­tions ! Avouons, nous l’aimons tant ce Manu-là !

Mais avec ses trois « galu­riens » ain­si qu’il les nomme (le « pla­ti­niste » Bas­tien, aux sound sys­tems, tout comme Guillaume à la basse, Hugo à la bat­te­rie, aux tôles aus­si… !) ce Manu-là a de quoi rem­por­ter la mise.

Oui, que la Chan­son aille à la conquête du public debout, à la conquête des « musiques actuelles » avec cette éner­gie-là, cette qua­li­té de textes et de sons là, pour­quoi ne pas y croire ? Qu’elle sorte ain­si de son ghet­to géné­ra­tion­nel, qu’elle s’en aille flir­ter avec la tech­no, l’électro, qu’elle brouille les pistes, en gar­dant la main mise sur des textes qui bous­culent, qui trans­portent l’imaginaire des poètes d’aujourd’hui.

Ce Manu ébou­rif­fé, autant dans sa che­ve­lure que sous son crâne, là, pieds nus, vêtu de son jean à bre­telles sur son tee-shirt dépe­naillé, ce Manu qui vou­drait nous faire peur avec ses « chan­sons d’horreur », où les contes pour enfants tournent mal, parce que « le monde est un épou­van­tail et que nos jours sont comp­tés », n’arrête pas de ten­dre­ment nous émou­voir comme dans cette nou­velle chan­son, « Ne me lâche pas la main /​J’ai peur de dis­pa­raître un jour de pluie /​De fondre un matin /​Comme un bis­cuit » qui fait curieu­se­ment écho à Ramène moi à ma mai­son (la plus belle de l’album ?) sur laquelle s’achève ce concert. Une première !

Nous y étions et nous sommes déjà curieux de voir où vont s’en aller les galu­riens, leurs sons, leurs lumières en fais­ceaux, leurs mots dont nous n’avons per­du aucune miette ce soir (il faut sou­li­gner la superbe acous­tique du lieu et le tra­vail des sonorisateurs !)…

Barcella aux Détours de Chant 2015 (© droits réservés)

BARCELLA : LA JOIE POUR TOUT BAGAGE

Il est tou­jours là ce Mathieu, ce Babar qui fait swin­guer les rimes, ce Bab’z, dont nous vous par­lons sou­vent, avec ses 33 ans et son mètre 87. Tou­jours là avec ses quatre musi­ciens qu’il a l’élégance de pré­sen­ter à peine entré en scène (cla­viers, contre­basse, basse, trom­pette, bat­te­rie, gui­tare, trom­pette, machines…) avec la même envie du par­tage et la joie d’en découdre avec la scène. Oui, la joie ! En une dizaine d’années il s’est acquis le pri­vi­lège d’entendre le public reprendre en chœur ses chan­sons, venir pour d’emblée sau­ter, frap­per des mains avec lui. À la troi­sième chan­son, il est déjà au milieu de nous, avec sa géné­ro­si­té. On se dit qu’il fau­drait être aveugle et sourd pour résis­ter… ! Alors ne bou­dons pas notre plai­sir, notre joie com­mune. Frap­pons dans les mains, sau­tons, dan­sons pour dire non à la tra­gé­die du monde ! Lais­sons-nous empor­ter aus­si quand il nous emmène du côté de la nos­tal­gie de L’âge d’or, du côté du cha­grin de la mémoire qui s’fout le camp chez nos vieux, du côté de notre déses­pé­rance par­ta­gée, celle des jours où l’on n’en a plus la force… Mais c’est si bon de reve­nir ensuite au slam, au rap joyeux dont on perd sou­vent les mots, mais qui donnent une furieuse envie de vivre !

Article initialement publié sur le site Nos Enchanteurs :
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