Semaine de la goguette, 2018 (©Elsa F. Huguette )

Semaine de la goguette, 2018  (©Elsa F. Huguette )

20 au 28 sep­tembre 2018, les « goguet­tiers » tou­lou­sains (ou pas !) présentent

La semaine de la goguette 

Avec

Patrice Mer­cier Jour­nal d’opinion publique, accom­pa­gné au pia­no par Rémi Laurent, Clé­mence Mon­nier, Auré­lien Merle et Valen­tin Van­der,  Les goguettes en trio(Voix gui­tare, pia­no) et autres joyeu­se­tés (ate­lier d’écriture, scène ouverte…)


La cave poé­sie, La lou­piote, le Bijou (Tou­louse)

Que l’on nous par­donne, nous n’au­rons pas tout vu de cette semaine de la goguette à Tou­louse… Nous n’au­rons pas tout enten­du de ces Agi­tés de la Goguette ! Mais ren­dons hom­mage à cette renais­sance d’une vieille tra­di­tion chansonnière.

Oui, le GAG existe, figu­rez-vous… Enten­dez par là le Groupe des Agi­tés de la Goguette… Son nom dit assez bien qu’il faut s’attendre à débri­der les corps sages, à débou­ton­ner les ves­tons et, par ces temps de ren­trée qui nous abreuvent de tous les tra­cas pos­sibles, réjouissons-nous !

Oui, rions sans entraves, sans temps mort, de tout ce monde qui s’agite autour de nous, de toute cette mas­ca­rade, de tout ce car­na­val ! Quel cirque en effet… Mais empres­sons-nous d’ajouter : Rien de bien nou­veau sous le soleil ! Il y a belle lurette que les chan­son­niers, les trous­seurs de chan­sons, se réunissent dans un esprit fes­tif et pour­fendent les mœurs, les pou­voirs en place. Au début du siècle der­nier on trouve des cen­taines de « socié­tés » à Paris et des mil­liers dans toute la France. On y crée des chan­sons à par­tir de mots don­nés, on dit des poèmes, on écrit sur des airs connus…On boit, on mange… On ne vit pas de ces chan­sons là, pré­ci­sons-le… On ne pense même pas, la plu­part du temps, à les imprimer…

Durant une semaine donc, des petits lieux tou­lou­sains, ces petits lieux qui nous donnent le meilleur de la chan­son tout au long de l’année, ont répon­du à l’envie des « goguet­tiers » menés par les fidèles de Ta mère la goguette. On vous recom­mande une petite visite sur leur site qui publie le « Car­net de goguettes » écrites les troi­sièmes mer­cre­dis du mois.

Quand on assiste à une soi­rée de goguettes le plai­sir est double. On savoure d’abord un air connu, fami­lier, une ren­gaine, un vieux tube de nos jeunes années… Et ça, c’est car­ré­ment jubi­la­toire ! Ensuite on découvre un texte qui détourne la chan­son ini­tiale, lui fait un clin d’œil peu ou prou, en nous plon­geant dans l’une de nos réa­li­tés socié­tales, poli­tiques… Du moins c’est ain­si que nous appa­raît la goguette d’aujourd’hui. Elle est même pré­texte à une dra­ma­tur­gie comme le font les talen­tueux musi­ciens du groupe Les goguettes en trio… mais à quatre (mais cette fois ils sont vrai­ment trois !… Vous sui­vez ? ) : Choix de cos­tumes, par­tage des voix savam­ment orches­tré, accom­pa­gne­ment ins­tru­men­tal, jeux de scène…

Ce spec­tacle est un pur régal, nous l’avons déjà dit. Sur un rythme effré­né, sans temps mort, s’enchaînent des chan­sons plus déso­pi­lantes les unes que les autres. Elles bro­cardent, raillent, cari­ca­turent. Tout le monde y passe. Jeu de mas­sacre. Ils savent viser, les bougres ! Les têtes tombent : Macron, Mélen­chon, Zem­mour, Benal­la, Col­lomb, Péni­caud… Autant de noms qu’il fau­dra bien­tôt rem­pla­cer par d’autres, ça va de soi ! Ce défi­lé car­na­va­lesque n’ayant pas de fin, nous le savons bien. On avoue­ra per­son­nel­le­ment une légère pré­fé­rence cette fois pour la démis­sion de Nico­las Hulot évo­quée sur l’air de Je ne sais pas dire et la ren­contre entre le jeune hor­ti­cul­teur et Macron sur celui de Dis, quand revien­dras-tu… Deux chan­sons de Barbara !

Vous vou­lez oublier vos sou­cis le temps d’un concert ? Ne les man­quez sur­tout pas !

Nous avons aus­si revu Patrice Mer­cier qui pos­sède l’art d’occuper la scène avec un humour, un sens de la répar­ti, de l’à pro­pos qui lui semblent com­plè­te­ment innés. D’ailleurs, chaque fois que lui est confiée la mis­sion d’animer, de pré­sen­ter une soi­rée, on peut être cer­tain qu’elle sera réus­sie, quels que soient les artistes invi­tés. Soyons pour­tant bien convain­cus que ce n’est pas sans tra­vail préalable.

Accom­pa­gné cette fois par son ami tou­lou­sain, le pia­niste Rémi Laurent, nous l’avons enten­du reprendre ses plus célèbres goguettes, celles par exemple qui s’en prennent à des thèmes pour le moins déli­cats, l’euthanasie, les vio­lences faites aux femmes, ou plus léger mal­gré tout, l’écologie… Et qui nous font dire que ce goguet­tier a un véri­table talent d’écriture. Mais nous l’attendions sur des pon­cifs d’aujourd’hui comme le véga­nisme ou des évè­ne­ments récents, comme la démis­sion de Nico­las Hulot ou le conseil de notre pré­sident de la répu­blique à un chô­meur. Nous n’avons pas été déçus ! Et nous avons tous beau­coup, beau­coup ri !

Et pour­tant nous avoue­rons une émo­tion jusqu’aux larmes en écou­tant à nou­veau, sur l’air des Pas­santes de Georges Bras­sens, une strophe comme celle-ci :

« Je veux dédier ma goguette

A toutes les femmes qu’on jette

D’un pont, en enfer, au tapis…

A celles qu’on voit disparaître

Der­rière un volet, un’ voilette,

Ou sous les coups de son “ami”... »

Que Patrice Mer­cier soit remer­cié pour cette chan­son – là, goguette ou pas.

Cette semaine qui mérite vrai­ment d’être péren­ni­sée, s’achèvera avec une scène ouverte où fami­liers de la goguette, et novices vien­dront « pous­ser leur cri », comme on le disait au XIXième siècle. Il y a fort à parier que l’on va bien s’amuser ce soir là au Bijou !