Détours de Chant 2018 –Coups de pousses ! – Baptiste Braman (©Droits Réservés)
27 janvier 2018 – Détours de Chant – Coups de pousses
Découverte de cinq artistes présentés par le Réseau Chanson Occitanie
Avec, par ordre de passage
Les autres, Emmanuel Demonsant (chant) & Timour Tokarev (piano) – Clara Sanchez (accordéon, voix) – L’affaire Sirven, Jean- Christophe Sirven (piano, voix), Vanessa Liautey (voix) et Sega Seck (batterie – chœurs) – Laura Wild (ukulélé, voix) – Baptiste Braman (guitare, voix), Thomas Cogny (guitare), Thomas Labarbe (basse), Olivier Pelfigues (Batterie)
Le Bijou (Toulouse)
Présent dans les 13 départements de la Région ce réseau regroupe aujourd’hui plus de 30 structures de divers types : une grande partie de diffuseurs (festivals, et lieux de diffusion), des producteurs d’artistes, et d’autres professionnels spécialisés.
Ce réseau a pour objectifs : Le repérage d’artistes de la chanson du territoire régional, le développement comme le soutien de leurs diffusions, l’accompagnement vers les professionnels, et la coopération, l’échange, d’informations entre membres du réseau.
Dans les faits cela se traduit par
- La mise en place par des membres adhérents de plateaux de repérages d’artistes,
- L’organisation de « scènes découvertes » issues des repérages.
- L’accompagnement sur un an, sur la création et/ou la diffusion de deux ou trois artistes sélectionnés, suivant leurs besoins.
- L’organisation de réunions professionnelles thématiques d’intérêt général.
Le Réseau est financé dans le cadre de la convention Drac/Région/CNV.
Ce moment là, nous sommes nombreux à l’attendre : « Les coups de Pousses » du festival Détours de Chant.
Moment de découvertes, certes, mais aussi de rencontres, de partages, d’échanges autour des membres du Réseau Chanson Occitanie dont le siège est précisément au Bijou. Pour les curieux sachez que ce réseau a choisi de soutenir Archibald, Les Idiots, Alice Bénar, Charly Astié, en 2017. Chouf, Davy Kilembé et Jules Nectar en 2018.
L’ambiance est bon enfant, chaleureuse. On en profite, nous spectateurs, pour refaire à notre goût le monde de la Chanson. La difficulté, on vous l’avoue, c’est que nous sommes rarement d’accord et que ce n’est pas demain la veille qu’on le soit ! Soyez tranquilles. Aucun risque qu’il ne devienne un jour, morne, monocorde, monotone si l’on en juge par les artistes sélectionnés aujourd’hui…
Les premiers en scène se nomment Les autres, un duo piano voix. Un grand gars planté derrière son micro nous regarde d’abord longuement sans un mot… Assez vite, on entend quelques rires fuser d’autant plus que le pianiste, avec ses petites lunettes rondes, se prête à quelques facéties… On croit alors à un projet plutôt fantaisiste. Que nenni ! Si effectivement entre les chansons, on nous amuse, les titres eux ne prêtent guère à la détente. L’interprétation est grandiloquente, les gestes appuyés, la voix forcée… On pourrait croire à une parodie de Jacques Brel. Les quarante minutes s’achèvent sans que l’on ait bien compris où l’on nous emmenait…
A l’opposé quand arrive la jeune et frêle Clara Sanchez, on se trouve en terre connue. On aime ce petit bout de femme qui nous transporte avec sa voix bien posée, son accordéon, au coin d’un bar, dans une rue, dans un bordel, dans les bistrots d’un monde en noir et blanc. On aime qu’elle s’empare des mots des hommes, de leurs désirs, de leurs chagrins. On aime qu’elle nous chante Piaf. Elle le fait superbement bien. Sans tenter de l’imiter. Un brin anarchistes les chansons, entre valse et java, font de l’œil aux chanteurs des rues… Et nous, on aime ça… Bien entendu on peut s’empresser de mettre une croix sur cette chanson là – si typiquement française – de la mettre au rayon des brocantes, comme on voulait déjà le faire du temps des yé-yés… Aujourd’hui l’accordéon a de nouveau ses lettres de noblesse dans la chanson. Alors pourquoi Clara Sanchez ne serait-elle pas « femme –accordéon », comme d’autres furent « femmes piano » ?
Le troisième projet, d’une certaine façon aux antipodes du précédent, est celui de Jean-Christophe Sirven. Projet ambitieux d’un pianiste hors-pair, d’un passionné de mots, de sons… Il est accompagné de Vanessa Liautey, comédienne, chanteuse qui lui donne la réplique, en mots dits, chantés. Pour la rythmique, c’est Sega Seck à la batterie. Le trio offre un moment de poésie plus que de chanson où se mêlent des passages en anglais. Un partage élégant, une déambulation sur les rives du sentiment amoureux. On se prend, on se quitte, on se cherche inlassablement… Une chanson de lutte, de combat, échappe à cet enfermement. Si l’on ne saurait contester le talent de chacun des artistes, on peut s’y sentir tenu à l’extérieur, tant la recherche est appuyée. Au risque de manquer de chair et d’authenticité. De simplicité en somme.
Or, la chanson reste pour nous un art « populaire », au sens où elle se doit d’aller au cœur sans passer par des détours, des contours. Sans la contrainte d’une culture préalable. C’est sa particularité, sa force et sa richesse.
On peut y penser également en voyant arriver Laura Wild qui présente un extrait de sa création solo, toute neuve, à peine née. Cette artiste vient du théâtre, des musiques du monde. Elle s’accompagne essentiellement d’un ukulélé mais nous fera aussi entendre un titre à l’accordéon diatonique. C’est encore l’amour qui est au centre. On avoue ne pas avoir tout perçu, compris, senti surtout. On voudrait de l’émotion, on voudrait « les mots tissant l’émotion », chers à Claude Nougaro. Quand, dans une dernière chanson, sa voix s’envole, c’est magnifique… Alors on espère la revoir prochainement pour mieux rendre compte de cet univers très personnel.
La soirée s’achève sur la formation pop-rock de Baptiste Braman. On respire un peu, avouons-le… Moment de détente, de légèreté avec des textes, certes, sans ambition littéraire, mais une musique dansante, joyeuse, parfaitement en place. On comprend aisément le choix des jeunes lycéens d’une première littéraire, option musique, investis du rôle de jury. Le groupe tarbais – dans la lignée de Boulevard des airs – sera donc accueilli sur une première partie lors de la prochaine édition du festival, comme l’est Archibald cette année, en première partie de Juliette.
Bien malin qui pourra dire ce que deviendront les projets des artistes « découverts » aujourd’hui. Iront-ils au cœur du public qui reste, quoi qu’on fasse, le seul juge ?