Afrique[S] Printemps des Poètes, Lavelanet 2017 (© Daphné Mayer)
4 au 19 mars 2017 – 19ème Printemps des poètes –Afrique[S]
avec Davy Kilembé (guitares voix), Hervé Lapalud (Guitares, Kora, Sanzas) et Claude Fèvre (lecture)
Salle Georges Méliès, Lavelanet (Ariège) et Café Plùm, Lautrec (Tarn)
Le 9ème prix Andrée Chedid été remis à Elise Mélinand. Elle a composé sa chanson à partir du poème J’écrirai de Salah al Hamdani (in Badgad Mon amour, Editions Le Temps des Cerises). Elle recevra une dotation de 1500 euros lors d’une remise de Prix aux prochaines Francofolies de la Rochelle, en présence de membres du jury et aura la chance de s’y produire en concert.
Le jury 2017 : Matthieu Chedid, président d’honneur – Christian Olivier, président du jury, auteur compositeur interprète – Anaïs Babou, coordinatrice de la programmation des Francofolies de la Rochelle - Alain Borer, poète et président du Printemps des Poètes – Camélia Jordana, auteure, compositrice, interprète – Emily Loizeau, auteur, compositrice, interprète - Marc Maret, directeur adjoint à la musique de FIP – Jean-Pierre Siméon, directeur artistique du Printemps des Poètes – Arthur Teboul, auteur, compositeur, interprète de Feu ! Chatterton
Ce 19 ème Printemps des Poètes vient de prendre fin, passant le témoin à la Semaine de la langue française et de la Francophonie. Comment la Chanson qui s’obstine à colporter notre goût des mots peut-elle être attentive à ces évènements, ces célébrations ? Le prix Andrée Chedid répond à sa façon et c’est à l’occasion des prochaines Francofolies de La Rochelle qu’il trouvera son aboutissement, ce qui ne manque pas de panache, avouons ! Les évènements se sont multipliés un peu partout dans l’hexagone si l’on veut bien y prêter attention. Mais bien entendu c’est à Paris, au musée du quai Branly, en présence d’auteurs en résidence que la célébration trouvait sa juste place hier, lors d’une soirée de clôture animée par Soro Solo, animateur de l’émission de France Inter, l’Afrique en solo, promu pour l’occasion parrain de l’édition.
Afrique[S], c’était un thème particulièrement inspirant. Nous n’allions pas passer outre ! Oh que non ! Au fil des siècles, des échanges, des colonisations, la musique des Afriques, mais au-delà, des Antilles, de la Guyane, de Madagascar à Mayotte… n’ont pas manqué de se mêler aux musiques d’Europe. La poésie de ces terres ancestrales, berceau de notre humanité, est caractérisée par l’oralité, la tradition des conteurs, des griots et l’on n’est pas étonné qu’elle ait nourri la création de chansons
Chaque année, depuis sept ans, nous avons l’opportunité de mettre notre pierre à l’édifice en célébrant la poésie et la chanson, quelque part en Pays d’Olmes, tout près des terres cathare. Grâce à la fidélité et la confiance du service culturel de la ville de Lavelanet en Ariège, une carte blanche nous est offerte et nous laisse imaginer une rencontre originale entre poésie et chanson. C’est dix mois avant que l’évènement se met en place. C’est donc à Nogent en Haute-Marne, au Festival Bernard Dimey, que l’idée nous est venue en mai 2016 de réunir deux complices de la troupe des Didoudingues : Hervé Lapalud et Davy Kilembé liés à l’Afrique. Davy Kilembe par sa naissance et son ascendance paternelle, Hervé Lapalud par le voyage et la longue fréquentation d’une Afrique devenue source de son inspiration et de sa musique instrumentale. Et voilà…Le rêve était en route ! Bonheur supplémentaire : très vite, le café Plùm s’associait à l’aventure, prolongeant cette création habituellement éphémère.
C’est autour de la poésie que s’est construit le spectacle et particulièrement autour de Souffles de Birago Diop, qui rappelle que les morts ne sont pas morts, qu’il suffit de prêter attention au feu, au vent, aux herbes, à l’enfant, à l’eau pour entendre « le souffle des ancêtres ». Ainsi les chansons sont venues presque naturellement se glisser entre les strophes : Requiem du romarin, Je vends de l’eau, On a marché sur la lune, Nu cœur d’Hervé Lapalud, Souleymane, En cascade en murmure, Marcher sur le béton, Mon pays, Tout droit de Davy Kilembé. Le spectacle s’est ouvert sur un goût d’enfance, avec la parole du petit nègre qui voudrait écouter les histoires qui ne sont pas dans les livres, qui supplie de ne plus aller à l’école « trop triste/ Triste comme ces messieurs de la ville /Ces messieurs comme il faut /Qui ne savent plus danser le soir au clair de lune »… Une prière de Guy Tirolien à laquelle est venue faire écho la chanson de Dick Annegarn, Bébé éléphant. D’autres reprises viendront, Bidonville de Claude Nougaro, puis en rappel, pour sa douceur et sa fantaisie malicieuse, la célèbre Salade de fruits de Bourvil. Enfin, on ne pouvait bien sûr passer outre la parole d’Aimé Césaire, celle de l’auteur du Cahier d’un retour au pays natal, célébration incontournable de « ceux qui n’ont rien inventé…dompté…exploré », mais sont « véritablement les fils aînés du monde ». Eïa !
Cette évocation ne dit rien du partage en scène, de la joie de cette connivence qui s’exprime en musique, en chant, des guitares que les deux chanteurs s’échangent, de la kora, des sanzas, des petites percussions qui créent d’emblée l’évasion, des rires, des jeux de scène, des refrains en malgache ou en swahili repris par le public… Ah ! Le souvenir d’enfance de Davy Kilembé, sa marche cadencée de scout, frappant en rythme sur ses cuisses…
Dans quelques semaines, si l’évènement national perdure, nous connaîtrons le thème du 20ème Printemps des Poètes. Nous sommes déjà à l’affût pour aller ensuite à la recherche des futurs complices, invités mystères dont les noms vous seront révélés au printemps 2018. Amis musiciens – chanteurs, êtes vous prêts ?