15e édition du Festival Bernard Dimey (© droits réservés)
6 mai 2015 – 15e festival Bernard Dimey
Soirée d’ouverture du festival
Centre culturel Robert Henry – Nogent (Haute-Marne)
Il faut croire que les dieux se sont concertés sur l’Olympe ou ailleurs pour offrir à cette journée la douceur de l’air, le soleil et le vert qui éclabousse tout, tout autour. La pluie qui inonde les champs alentour a bien voulu aller voir ailleurs. Et pour être en harmonie, le président de l’association Bernard Dimey, Yves Amour, qui vous accueille, arbore l’une de ces chemises à fleurs dont il a le secret. Le hall de l’espace culturel bruisse de cette ambiance de retour, de retrouvailles, quand approche l’heure de l’inauguration. C’est une vraie joie que de revoir, chacun à son poste, l’équipe des bénévoles qui font vivre ce festival. On est loin, très loin des questions qui fâchent depuis quelques semaines quand on parle de festivals en péril.
Ici, à Nogent, sur la terre natale de l’un des auteurs les plus féconds que la poésie et la chanson aient portés, pas d’inquiétude. Le moral est au beau ! Pour l’exprimer cet optimisme, ce sont d’abord les mots du Président qui soulignent les partenariats en évolution constante. Le hall en témoigne : superbe étalage de librairie, expositions photographiques (ah ! l’excellente idée de Dominique Decker qui capte tous ces instants hors scène, les imprime et les expose dans la foulée, Festival sur le fil !), photos de scène aussi d’un amateur, Jean-Paul Guyot, fidèle de Barjac, diaporama de Chantal Bou-Hanna diffusé en continu dans le petit salon bleu, bien sûr aussi l’exposition incontournable évoquant la vie de Bernard Dimey, sans oublier la présence du pôle technologique de ce pays de la Haute Marne avec sa tradition de la coutellerie et de la cisellerie.
Sans doute est-ce la clé de cette sérénité affichée que cette insertion d’un évènement culturel dans la vie d’un territoire fécond ?
Anne-Marie Nédélec, souriante maire et conseillère départementale, dit sa confiance dans l’association et ses bénévoles et son impatience à découvrir les artistes programmés. À l’attendre, on ne doute pas une seconde du franc soutien de la municipalité. Et les propos de Jean-Claude Daniel, chargé de mission culturel auprès de la Région, parlent d’un « festival au long cours », qui fidélise son public par son respect d’une tradition de la Chanson à laquelle appartient Bernard Dimey et son souci constant d’aller vers demain, de défricher, d’offrir de l’inattendu.
Dès ce soir le choc des univers que l’on rassemble sous le vocable « Chanson », s’affiche. Pour mieux tordre le cou aux discours réducteurs, passéistes ou pessimistes, la programmation fait le grand écart entre une chanson jeune, portée par son enthousiasme et ses fragilités aussi (voir notre encadré sur Casius Belli) et l’art confirmé de la scène d’une soprano, comédienne et danseuse qui vous entraîne dans un tourbillon inclassable : Anne Baquet. La traditionnelle troisième mi-temps qui prolonge la soirée, se met en place, tâtonne un peu du côté des réglages, mais les fidèles à ce temps de partage sont toujours prêts à chanter en chœur, dès que l’on entonne des paroles de Dimey. Ici la poésie n’est ni poussiéreuse, ni dépassée, ni compassée, elle est dans le cœur de chacun et se chante chaque soir.
CASIUS BELLI, SALUT À L’ÉMERGENCE LOCALE
Certes on ne peut que souligner la pertinence du choix. Casius Belli ce sont cinq jeunes musiciens (clarinette, violon, guitare, contrebasse, basse, batterie) quatre Haut-Marnais autour de Yannick François, auteur compositeur (il le répétera un peu trop). Ils ont participé à l’album Dimey Pluriel. Leur interprétation du texte Le français y sonne juste. Mais si leur engagement dans ce projet les honore grandement, leur concert sur la scène du festival affiche un net besoin d’accompagnement tant musicalement que dans l’écriture des textes qui gagneraient à prendre un peu de consistance.
On ne peut qu’espérer pour eux que ce repérage offert par l’album collectif leur en offrira l’opportunité. C’est aussi là le rôle de ce festival.