Marie Sigal, Cadalen, 2017 (© Claude Fèvre)
14 janvier 2017 – Ouverture saison 2017 de Chantons sous les toits – Concert de Marie Sigal en solo
avec les textes et les musiques de Marie Sigal (clavier, sampler, voix) et les textes de Nazim Hikmet, Raymond Queneau, Gaston Miron, Paul Eluard, Frédérique Martin
Ferme Articole – Cadalen (Tarn)
Suite à la dernière présentation des artistes à la Médiathèque d’Albi, 55 Chantons sous les toits ! sont programmés dans le Tarn et la Haute-Garonne, entre janvier et octobre 2017.
Alors, vous aussi entrez dans la ronde ! Soutenez cette aventure, source de moments riches en émotions partagées ! Allez à la rencontre de ces troubadours du 21ème siècle et de leurs accueillants généreux, qui ouvrent leur porte comme on ouvre son cœur, à l’autre, à vous. Allez plus loin encore : ouvrez votre porte ! Particuliers ou associations, vous aussi faites chanter une cigale sous votre toit !
A bientôt au bord des petites scènes ! Covoiturons ! Applaudissons ! L’oiseau lyre Compagnie
Alternative, prospective pour une Chanson partout où vous ne l’attendiez plus ! Voilà, c’est l’invitation de cette association, comme beaucoup d’autres en France, qui n’ont pas attendu que s’étiolent les soutiens pour une Culture singulièrement mise sous le boisseau si l’on en juge par les enjeux affichés pour notre pays au printemps. Et pourtant il se pourrait bien que ce soit là l’un des derniers bastions pour la sauvegarde de nos valeurs.
Alors réjouissons-nous aujourd’hui avec ceux qui, ardemment – et si efficacement – nous offrent de tels rendez-vous. Réjouissons-nous avec l’association du Domaine Articole de Cadalen qui nous accueille ce soir.
Disons-le c’est une ouverture de saison singulièrement émouvante. D’ailleurs le public ne s’y est pas trompé. Il est là, bien là, dans ce lieu dont nous avons déjà dit toute l’originalité et la générosité. Ouverture donc pour pas loin de soixante concerts à venir, en bibliothèques, dans des domaines viticoles ou patrimoniaux, en jardins. Sous les toits enfin !
Marie Sigal ouvre le bal… Jolie princesse qui n’a pas besoin de pantoufles de vair pour nous faire rêver. Ce soir elle est chaussée de bottines lacées, vêtue d’une robe de tricot beige qui conjugue simplicité et raffinement avec son bas fleuri, parsemé de petites pierreries et de dentelle noire… Une tenue de scène qui pourrait bien être comme la métaphore du voyage poétique qu’elle propose… Entre simplicité, générosité, et raffinement. Oui, raffinement dans le travail de la voix, dont elle tire des effets singuliers, dès son entrée en scène, dans les recherches sonores, notamment dans l’usage des « boucles », dans l’occupation de l’espace, dans l’alternance de textes lus et chantés, dans les plages instrumentales.
Si sa première chanson voudrait nous laisser croire qu’elle déambule sans savoir où elle va, nous n’en croyons rien. C’est là surtout une invitation à l’écoute, au « murmure des sons » derrière « le mur de sons ». Elle est seule en scène mais ce n’est qu’une façade car derrière elle – en elles – se profilent bien des silhouettes tutélaires à commencer par Claude Nougaro qu’elle remercie pour lui avoir donné le goût d’écrire ; même si c’est si difficile de lui emboiter le pas ! Elle fait rimer, en fille du Sud, Aude, son pays natal, avec Ode à Claude… « Pieds dans les étoiles /Tu tisses ta toile » dit-elle de lui… Viennent aussi Nazim Hikmet et son voyage, qu’elle accompagne de sons doux et délicats d’une harpe couchée, Raymond Queneau et son poème l’espèce humaine, le poète québécois, peu connu chez nous, Gaston Miron, mis en musique par Babx dans La marche à l’amour… Superbe texte dont on retient l’espérance : « J’affirme que tu existes /Je finirai bien par te trouver … Tu es d’une frêle beauté soleilleuse contre l’ombre »… On est personnellement touché d’entendre L’arbre, poème de Frédérique Martin, auteure aussi de romans et de nouvelles à découvrir absolument. Marie Sigal, funambule, se prête à l’improvisation avec une page choisie par un spectateur dans Capitale de la Douleur de Paul Eluard. Moment où se marient la voix, des silences et le rythme offert par une boucle.
Quand Marie Sigal alterne ses propres textes, émergent alors sans discordance avec cette poésie « majeure » et tutélaire, des sensations intimes, parfois troublantes comme dans la chambre rouge, l’envie de danser, le goût de la séduction, « Le ciel anthracite joue le mambo » …le sentiment d’une insignifiance « Je ne suis pas une amazone, rien qu’une petite conne dans l’aquarium… ». Un petit refrain – d’importance ! – choisi pour l’exilé, contre l’oubli.
En fin de concert elle offre, ouverture au reste du monde, un moment de rare beauté et de douceur, La tarde, du compositeur cubain Sindo Garay . En clôture, elle revient à Eluard « Rideau il n’y a pas de rideau /Mais quelques marches à monter /Quelques marches à construire… »
Et cette conclusion d’engagement : Cher camarade à toi d’être premier/Dernier au monde en un monde premier