François Puyalto, La vérité (© droits réservés)

Fran­çois Puyal­to, La véri­té (© droits réservés)

Fran­çois Puyal­to – La véri­té

EP, Igna­tub 2015

Avec Fran­çois Puyal­to (chant, basse), Tarik Chaouach (pia­no élec­trique), Rafaël Koer­ner (bat­te­rie)


Pour­quoi se pri­ve­rait-on de citer in exten­so Emi­ly Loi­zeau à qui ce bas­siste doit déjà ses irrup­tions impro­bables au-devant de la scène ? De quoi, sans aucun doute, lui don­ner l’audace et l’envie de s’adonner au plai­sir des mots. Alors voi­ci : « Chaque chan­son de ce gar­çon est un ovni jubi­la­toire et cise­lé. Cise­lé dans une toile où le jazz, le rock, le Moyen Âge et l’Afrique font une énorme chouille. Une chouille où on a tous les droits, où les mots planent au-des­sus de l’eau comme des oiseaux volant vers les pays chauds avec devant, comme figure de proue, ce drôle de pâtre excen­trique et calme qui vien­drait de se réveiller d’un long rêve éton­né… » C’est joli­ment écrit, il faut en conve­nir, mais c’est sur­tout un élé­gant pas­se­port vers une recon­nais­sance d’auteur. Le musi­cien, lui, ne manque pas de créa­ti­vi­té, de goût des autres sur­tout. Il par­tage quan­ti­té de pro­jets, accom­pagne nombre d’artistes et pas seule­ment Emi­ly Loizeau.

Les musi­ciens qui l’accompagnent sur cet EP, sur son pro­jet Chan­son, sont aus­si ceux qui créent avec lui des ciné-concerts : Tarik Chaouach au pia­no élec­trique, Rafaël Koer­ner à la bat­te­rie, quand lui est au chant et à la basse.

C’est un trio très élec­trique donc, où effec­ti­ve­ment la basse occupe une place de choix. Et c’est un vrai bon­heur pour qui aime être empor­té dans son tem­po pro­fond. La tona­li­té d’ensemble nous balade d’atmosphère jazz et rock, en échos loin­tains de rythmes afri­cains. La voix de Fran­çois Puyal­to aurait des affi­ni­tés avec celle d’un jeune Ber­nard Lavilliers croi­sant Claude Nou­ga­ro. Qu’il me par­donne ces rap­pro­che­ments mais ils disent assez que c’est une voix qui a toutes les rai­sons de se faire entendre !

Quant aux textes, bien sûr, on appré­cie­ra d’en écou­ter davan­tage mais on en aime déjà la varié­té et l’efficacité. Qu’il chante le temps qui galope et nous échappe, et l’urgence de pro­fi­ter d’être vivant, les grands écarts amou­reux, L’Algérie, La lune ou Des mots, on aime­ra sur­tout que cette plume aille plus avant vers des terres poé­tiques comme dans Goutte de vin : « J’en ai connu des matins blêmes /​Et des réveils en confet­tis /​La poudre d’or au coin des yeux /​Le cri du corps et pas qu’un peu /​Le cri du cœur et ses folies »…

La véri­té, c’est le titre de ce disque, de quelle véri­té s’agit-il ? La véri­té d’un qua­ran­te­naire, qui de scène en scène, a pro­me­né sa basse et ses com­po­si­tions, et a sen­ti dans sa gorge mon­ter les mots enfouis ? N’en demeure pas moins que cet EP fait la part belle – très belle – à la musique.

Article initialement publié sur le site Nos Enchanteurs :
Lien vers l'article sur le site Nos Enchanteurs