Geneviève Morissette, la v’là qui shoote son cri (Ⓒ droits réservés)

Gene­viève Moris­sette et Émi­lie Marsh au Bijou (© droits réservés)

26 février 2016 – Concert

Gene­viève Moris­sette (pia­no, voix) accom­pa­gnée à la gui­tare élec­trique et aux chœurs par Émi­lie Marsh

Le Bijou (Toulouse)

Août 2015, Télé­ra­ma salue la sor­tie de Me v’là (EPM/​Balandras édi­tions) – Sor­tie qué­bé­coise pré­vue pour le 1er avril 2016 chez Musicor.

« Elle a débar­qué à Paris en début d’année pen­sant res­ter deux semaines, pour ne fina­le­ment jamais en repar­tir. Avec Me v’là, la jeune chan­teuse qué­bé­coise secoue le pay­sage de la chan­son fran­co­phone en y allant de son franc-par­ler et de son sacré coffre. Ses chan­sons à texte, avec pia­no, ou sous forme de tour­billons rock endia­blés, nous sai­sissent d’émotion quand elles ne nous emportent pas par le piquant de leur fougue. De l’énergie « en veux-tu, en v’là » pour un pre­mier disque qui porte bien son nom. Ceux qui aiment Robert Char­le­bois autant que nous seraient bien ins­pi­rés de jeter une oreille par ici. »

Marie-Cathe­rine Mar­di, Télérama

C’est un vrai phé­no­mène cette fille-là que l’on nomme déjà « la Moris­sette » ! Il serait incon­gru de pas­ser à côté de cette nou­velle figure de la chan­son qué­bé­coise qui semble vou­loir s’incruster dans notre pay­sage hexa­go­nal. Bien enten­du on sou­ligne ici et là, depuis des mois, sa filia­tion avec ses célèbres aînés. Et c’est vrai qu’il y a du Diane Dufresne dans la voix, la folie, l’excentricité ves­ti­men­taire aus­si, du Char­le­bois dans le pia­no et l’énergie ins­tru­men­tale très rock, du Lyn­da Lemay bien sûr pour l’inspiration. C’est elle, sa bonne fée, qui l’invite à l’Olympia en 2014 et la pro­pulse au-devant de la scène. Le concours du Fes­ti­val de Gran­by qui lui offre un séjour à Astaf­fort – Voix du Sud fera le reste. Elle y ren­contre Olde­laf, par­rain de l’édition, qui enre­gistre en duo avec elle leur « toune » Comme dans un film. Pour en finir avec la chance, c’est aus­si là qu’elle croise Émi­lie Marsh qui met en sour­dine ses propres com­po­si­tions le temps de l’accompagner en scène.

Ce soir, elle déboule – c’est le mot ! – che­ve­lure rousse débri­dée, en four­reau noir, clin d’œil, dit-elle, à la céré­mo­nie des César qui a lieu ce soir. Elle entonne sa chan­son titre Me v’là. Quand elle s’installe au pia­no, on devine qu’elle cherche dans le noir de la salle les petites étoiles de nos regards. Juste un peu fra­gile la Moris­sette. Et l’on est prêt à parier que le texte, « la scène c’est toute ma vie » mais « J’ai peur » n’est pas une pos­ture lit­té­raire. Cette quête-là ne la quitte pas, on le voit bien, tout au long du concert.

Quand Émi­lie Marsh la rejoint elle lit une lettre d’amour à Tou­louse qu’elle a écrite dans la jour­née. Elle salue alors son métro bilingue et ses annonces en fran­çais… et occi­tan ! Cette ques­tion du bilin­guisme revient comme leit­mo­tiv dans son réper­toire. Elle aime écrire et chan­ter des lettres d’amour, Moris­sette, c’est sûr et par­ti­cu­liè­re­ment pour ce pays, la France, « sorte de mère patrie » « une belle pro­mise » loin­taine, inac­ces­sible. Elle va même jusqu’à écrire une chan­son dédiée à Michel Dru­cker, per­çu là-bas, de l’autre côté de l’atlantique, comme celui qui sur son cana­pé rouge donne sa chance aux Qué­bé­cois. Celle qu’elle dédie à Paris au len­de­main de la tra­gé­die du 13 novembre, « Ce soir c’est toi qu’es fra­gile » et qu’elle chante en fin de soi­rée nous atta­che­rait défi­ni­ti­ve­ment à elle.

Pour le reste, Gene­viève Moris­sette nous bous­cule avec sa pro­pen­sion à crier, même pour rien, pour seule­ment se sen­tir exis­ter (Explo­ser). On sent sur­tout un furieux besoin de femme dans « le monde bien en place, en plas-tique », à reven­di­quer son iden­ti­té. À ne plus accep­ter les masques, les faux-sem­blants, les jeux de rôle de femme « trop gen­tille » docile et sou­mise, de la Femme en beige. On com­prend qu’elle reprenne en ver­sion rock — très réus­sie — La pari­sienne de Marie-Paule Belle ! Ce que nous aimons c’est qu’elle ose bri­ser les tabous des mots impro­non­çables en allant jusque dans nos entrailles. Chères lec­trices, com­ment ne pas entendre ce cri de la femme qui subit le sexe de l’homme ? Chers spec­ta­teurs mâles, mer­ci d’avoir si fort ova­tion­né cette Moris­sette-là qui « gueule sa vie », qui chante ça veut pu !

Au note à note de son pia­no, avouons, on la suit, avec « sa grande voix popu­laire », quand elle chante, ici, en fran­çais inter­na­tio­nal : « Entre nous j’suis belle et puis c’est tout » !