Laurent Viel et Thierry Garcia (© droits réservés)
Le temps galope et me voilà déjà revenue de toute cette magie du festival Bernard Dimey, devenu, cette année particulièrement, le festival des amis, des frangins, des copains, des poteaux. Un festival organisé par une association de bénévoles uniquement, sous la houlette de son président, prof de maths : Yves Amour (ça ne s’invente pas !) Je vous en ai déjà parlé ici même… Uniquement des bénévoles et ce n’est peut-être pas sans lien avec cette chaleur, et toute cette joie des retrouvailles. Au moment où commencent les festivals Alors Chante à Montauban et Paroles et Musiques à Saint-Etienne s’achèvent donc les cinq jours d’un rendez-vous de la chanson dont France Inter ne parlera pas, pas plus que Télérama, et c’est une notable différence…
Tout comme on a si mal, si peu reconnu le talent du grand Leprest, on a bien peu considéré l’œuvre de Bernard Dimey né et enterré dans ce pays nogentais, en Champagne, à l’âge de cinquante ans, en 1981 (tiens, la même année que Brassens, de dix ans son aîné…). Qui sait encore qu’il est l’auteur de Syracuse, de Mon truc en plumespour ne citer que les chansons les plus connues ? Qui peut dire qu’il a été courtisé par Mouloudji, Reggiani, Greco, Henri Salvador, les Frères Jacques, Francesca Solleville, Aznavour… liste à laquelle aujourd’hui il convient d’ajouter pour exemples Mon côté Punk et surtout Jehan. Des artistes lui consacrent encore des spectacles entiers, comme on a pu le voir cette année avec le trio rennais Topel Théâtre. Alors, s’en souvenir un peu, quelques jours durant c’est une si modeste réparation à laquelle il est bon de mettre tout son cœur. Du cœur il y en a, croyez-moi, dans tous ces moments qui créent le partage ailleurs que dans la belle salle de spectacle mise à disposition par la municipalité : dans d’autres villages, dans les maisons de retraite, aux rendez-vous d’après spectacles…
Il est important à mes yeux que la programmation fasse comme un écho, fût-il lointain, à ce que furent non seulement les poèmes de Dimey, mais aussi sa vie de bohème à Montmartre, sa vie d’homme déchiré, obsédé par la mort, consolé par l’alcool. Comment l’oublier quand l’évènement porte le nom d’un tel poète ? Pour l’association organisatrice, au moment de choisir ses invités, il s’agit donc, à chaque édition, de garder en tête le visage de Dimey, celui qui leur sert d’effigie, sa barbe hirsute, ses petites lunettes rondes, sa gestuelle soulignant la faconde de celui qui fait figure de génie protecteur de la chanson. Chacun dira si cette 12e édition a rempli son contrat. Pouvait-on contester la présence de Frasiak, généreux, authentique artiste, du jeune Govrache, vrai titi parisien un tantinet provocateur qui aurait pu boire des coups à la table de Dimey, de Laurent Viel et de son guitariste Thierry Garcia, duo bouleversant dans son défi de chanter Brel autrement, de Lili Cros, tendre rockeuse donnant la réplique à Thierry Chazelle dans un récital populaire, tendre et joyeux, de Gilbert Laffaille et Nathalie Fortin au piano, d’Evelyne Gallet, d’Alice Dézailes délicieuse interprète de Leprest, Rémo Gary, Romain Didier (excusez du peu !) ou encore de Gilles et Auguste, et de leur univers onirique… ?