Albin de La Simone – L’un de nous, 2017 (© Franck Loriou)
7 novembre 2017 – Albin de la Simone en concert : Tournée L’un de nous
Première partie : Jules Nectar
Avec
Jules Nectar (guitare, voix), Clément Foisseau (guitare), Milu Milpop (voix, percussions)
Albin de La Simone (piano électrique, voix), Maëva Le Berre (violoncelle), Anne Gouverneur (violon), François Lasserre (guitare, percussions)
Salle Nougaro (Toulouse)
C’est donc Jules Nectar qui a la délicate mission d’ouvrir la soirée. Joli défi pour ce trio qui s’adonne volontiers à des sons électro, électriques et qui, ce soir, opte pour une première en totale acoustique. On les découvre tout proches l’un de l’autre sur l’avancée de la scène. Habillés de noir, élégants, leurs silhouettes se dessinent en clair obscur dans la lumière de quelques ampoules nues. On note la touche de grâce féminine offerte par Milu Milpop : chevelure parsemée de touches blondes, bouche rouge et longue robe noire, très sobre. Trente minutes de vrai plaisir à entendre à nouveau les textes de Jules Nectar, portés cette fois par la douceur des sons des guitares qui dialoguent, la délicatesse des voix, le masculin et le féminin en harmonie, sans parler de la franche et simple gaîté du chanteur. C’est l’occasion de réveiller l’envie d’aller écouter l’album Nos rêves tout fraîchement arrivé. On y retrouvera, c’est sûr, ces émotions que la vie qui passe en nous, autour de nous, fait naître et cet appel à l’essentiel : « On pourrait cesser de s’enfuir /On pourrait essayer d’y croire /Juste pour éviter le pire /Ne pas faire bégayer l’histoire. »
Voilà une première partie singulièrement juste et belle – on pourrait même croire qu’ils se sont entretenus au préalable avec Albin de La Simone pour être à ce point en osmose : tempo, couleurs, mots et mélodies…
L’artiste attendu, Albin de La Simone arrive dans son costume bleu ciel, chaussé de chaussures noires aux lacets et à semelle rouges… Petits détails ? Insignifiance ? Pas sûr…
Il est entouré de ses trois musiciens élégamment et sobrement vêtues de noir. Tous les quatre nous font face, nous saluent. Albin de La Simone nous les présente, annonce le concept du concert tout en acoustique – « un son bio, équitable » plaisante-t-il – sauf sa voix amplifiée au micro et la guitare électrique. Puis ils rejoignent leur espace : lui, au centre derrière son piano électrique. Côté jardin, sur un praticable, le guitariste et ses petites percussions, en vis-à-vis, côté cour, les deux musiciennes à cordes.
L’éclairage est feutré, très doux et le plan lumières viendra tout au long des chansons dessiner délicatement aussi son histoire. Nous sommes très vite plongés dans une atmosphère familière, intime. Le chanteur qui attendit longtemps avant de se présenter ainsi sur le devant de la scène, lesté de toute son histoire d’accompagnateur, arrangeur pour d’illustres noms, déroule sans ostentation, sans hausser le ton, la voix, ses chansons parsemées d’images poétiques, parfois étranges… Comme un reste d’enfance collé au cœur… Ses petites sensations, ses émotions, ses histoires d’homme confronté aux accidents amoureux, des hauts et des bas, des départs, des illusions, des lâchetés, du mensonge, de l’égoïsme – l’amour c’est quoi ? – La vie « longue, vaine et lente », le « temps perdu à boutonner lundi avec le mercredi », la peur de ne pas être à la hauteur, « J’espère que tout ça va tenir sur mes épaules pas bien carrées », celle de vieillir – nous avons droit au récit de sa confrontation à la presbytie, premier signe de la « grande dégringolade » qui donne lieu à sa chanson La Fleur de l’âge. Mais tout cela s’accompagne de sourires, de dérision, d’humour, d’une tendresse infinie. Et les arrangements musicaux, les chœurs, les cordes, les sons percussifs, sont les messagers dociles de cette délicate traversée d’une vie d’homme. Comme s’il ne fallait rien renverser, bousculer trop fort de peur de rompre le charme qui nous enveloppe et qui nous reste longtemps après.
Cette fois on sait peut-être pourquoi l’homme marche sur des semelles rouges et porte un costume bleu ciel : « Il y a du bleu dedans » …