François Gaillard – théâtre du Grand Rond, 2017 (© Claude Fèvre)
du 2 au 6 mai 2017 – Apéro-concert de François Gaillard
Un avant-goût du futur concert dessiné avec Marie Bobin, Tracer la route
Avec François Gaillard (chant, accordéon)
Théâtre du Grand Rond (Toulouse)
François Gaillard est un nomade, un vrai. Un authentique amoureux de la route, et son vieux camion, un « sans-grade » qui « n’a pas froid aux pneus » n’est pas seulement dans ses chansons.
Alors il en a fait le sujet de son actuel projet qui verra authentiquement le jour le 15 juillet sur la place publique d’un petit village de cinq cents âmes, à Saou dans la Drôme, entre Alpes et Provence… Ce jour-là c’est la fête du village, la fête du Picodon ! On ne sait jamais, s’il nous prenait l’envie d’aller faire un tour par là pendant nos vacances et de nous y arrêter ! Sincèrement, la halte vaudra la peine avec ce concert dessiné. Imaginons un peu… des dessins réalisés par Marie Bobin en direct pendant les chansons !
Pour l’heure, François Gaillard est au théâtre du Grand Rond à Toulouse. Après avoir hésité un peu – il lui était facile de nous offrir son solo bien rodé depuis 2002 – il choisit de prendre quelques risques et de chanter ses chansons toutes neuves, celles du futur spectacle autour de l’idée d’itinérance, de voyage, de bourlingue…
Il est joyeux, François ! Il évoque irrésistiblement ce que furent sûrement les chanteurs des rues avec leur accordéon… On savoure son répertoire drôlement bien troussé. De la vraie chanson popu, fraîche, savoureuse, imagée… Cette chanson-là, fleure bon l’amour de la vie malgré les embûches, les coups de sang, les coups de griffe mais les coups d’amour aussi…
Histoire de faire écho à notre contexte électoral – mais avec humour et fantaisie ! – il ouvre son concert avec une chanson ancienne qui nous projette dans un avenir où l’on aurait affublé de nouveaux noms nos rues, nos écoles, nos stations de métro… Drucker, DSK, Murielle Robin ou… Marion Le Pen… !! Et quand il le clôturera, cinquante minutes plus tard, ce sera avec une autre de ses anciennes chansons, celle qui scande « J’ai pas d’âge, j’ai entre 12 et 102 ans », un refus de vieillir, de rester immobile… Une soif de vivre !
Quant aux chansons de la bourlingue, ce sont autant de métaphores de la vie, de son voyage au long cours, « à la grande voile de [son] soufflet… Hisse et ho… on s’ra marins juste pour de rire » ! Il est urgent de s’arracher au quotidien, aux faux-semblants, aux « fausses comètes qui brillent », de « partir vers [son] Pérou ».
Chacun le sien, chacun sa route !
Alors c’est la traversée, un long plan séquence, un travelling et ses zooms sur quelques détails qui n’en sont pas et qui font des chansons. Ces petites phrases, chargées de poésie, qui naissent dans la nuit sur les murs des villes. Ces mille détails des tout petits matins urbains « juste avant le concert des rêves en furie ». Ce brin d’herbe minuscule qui s’arrache au béton coûte que coûte, « Où tu trouves la terre, mon p’tit bonhomme ? ». Ce camping-car douze étoiles, bêtement rutilant, car « le camion fait le larron ». Ce coucher de soleil, « J’ai posé le soleil sur ma main, J’ai voulu l’arrêter, il s’est couché quand même ». Cette quête impossible du « p’tit coin pénard » le soir venu. Et même ce monologue du hérisson et sa colère vengeresse…
Au long du voyage, François Gaillard, en « sociologue de comptoir » exerce son œil tendrement satirique, ne se prend jamais au sérieux mais affirme que la route c’est l’assurance de « [reprendre] des forces et des envies »… Et tant que le vent souffle, on est vivant même si nos « fantômes ont la vie dure »…
Il y a tant de routes à prendre !
On the road again…