Concert organisé pour Les Enfants du Toit du monde (© Claude Fèvre)
4 septembre 2015 – Soirée de soutien à la création d’un orphelinat au Népal
Organisée par l’association « Les Enfants du Toit du Monde »
Avec le groupe Jazzelas, le duo Soham, Catherine Mayoly, Jules Nectar et Paamath.
Hall de Paris – Moissac (Tarn)
« Connais-tu l’armée des airs, plus belle armée de cette terre /Pas une goutte de sang versée, juste des notes à la volée ? »
Ces mots en exergue sont de Julien Malherbe, autrement dit Lucien la Movaiz Graine, dont le solo est l’objet de notre dernière publication. Délicieuse coïncidence qui nous offre de citer un auteur militant de la Chanson !
Le monde va, de tremblements de terre en famines, de guerres fratricides en tornades, semant son cortège de désolations. Spectateurs, témoins involontaires, nous sommes ainsi livrés quotidiennement à des images d’une tragédie sans fin.
Les tremblements de terre du Népal au printemps sont déjà loin. Ils appartiennent au passé, remplacés par d’autres horreurs.
C’est la raison pour laquelle, sans doute, la mobilisation n’a pas été à la hauteur des efforts déployés par les bénévoles engagés dans cette opération. Mais on peut tout aussitôt ajouter que le manque endémique d’appétit du spectateur pour la Chanson – encore moins pour des artistes qui lui sont inconnus – a sûrement fait le reste.
N’empêche ! La soirée a eu un tel effet sur nous tous présents, quel que soit notre lien avec l’association organisatrice, qu’il serait injuste de ne pas en parler.
La salle est vaste et belle, mise à disposition pour l’occasion et c’est déjà une chance. Antoine Carriat, dit Toto, technicien confirmé à la sonorisation (bénévole comme il se doit en pareille situation !) et le tour est joué !
Rendons justice à la municipalité de Moissac. Rappelons qu’elle accueille chaque année au mois de juin le Festival de la voix. Hé bien, très loin des « têtes d’affiche » auxquels les programmateurs s’astreignent, (ou sont astreints ?) cette soirée en était digne. Indéniablement.
À commencer par le duo Soham, qui, pour l’occasion, recevait l’appui du violoncelle d’une enfant du pays. Dalila Azouz est décidément une « grande », comme on aime à le dire des plus belles voix du répertoire. Son interprétation de La main gauche de Danielle Messia fait frissonner… pour longtemps. Catherine Mayoly et son pianiste suivaient avec des airs italiens. Acteurs culturels locaux, comme le groupe Jazzelas qui accueillit le public, ils ont donné dans une bonne humeur communicative, un aperçu de leur goût de chanter les airs d’opérette.
Quand Jules Nectar et Clément Foisseau sont arrivés, on pouvait craindre un décalage de ton, de style pour le public. Mais c’était sans compter sur leur connivence en scène et celle de leurs guitares, la qualité des mots d’aujourd’hui de Jules. En bord de scène, avec une chanson toute neuve, interprétée en acoustique, ils gagnent définitivement le public. La soirée s’achève avec Paamath, et sa guitare douze cordes et surtout, surtout, sa généreuse présence. Sa voix, son souffle, ses mots, ses appels au partage, sont des envols à l’assaut de notre part profonde d’humanité. Et disons-le tout net, on se sent meilleur à l’écouter.
Tous ces artistes ont répondu présents pour la cause des enfants. Artistes aux univers différents, voire divergents, ils se sont réunis pour clore la soirée autour de Paamath. Alors nous en avons eu le souffle coupé. Soudain, nous retrouvions foi en notre capacité à changer le destin de quelques êtres éprouvés.
Ce ne sont pas là seulement des mots car dès la fin de la soirée nous apprenions qu’un spectateur se proposait pour parrainer un enfant. Nous savons aussi que grâce à cette soirée, les bénévoles éprouvés par la réalité du terrain, ont retrouvé espoir. Comme si les notes envolées ce soir-là avaient eu un pouvoir de germination, nous venons d’appendre que l’orphelinat va ouvrir, prêt à accueillir les premiers enfants.
Peut-être même verrons-nous l’an prochain une nouvelle édition de Népal en-Chanteur[S] pour que se diffuse durablement cette énergie.
Connais-tu l’armée des airs, plus belle armée de cette terre /Sculpteurs, jongleurs, magiciens qui font pleurer leurs adversaires /Ils se déguisent en citoyen, sans le savoir t’en es p’t’être un /Ils te tendent leurs grands chapeaux, que tu les aides contre le fléau (J.M)
ASSOCIATION « LES ENFANTS DU TOIT DU MONDE »
Isabelle Huc, présidente de l’association
Chemin des Abeilles, 82200 Moissac
etm.moissac@hotmail.fr