12 décembre 2015, Chou en duo avec Simon Barbe (accor­déon) Fes­ti­val Comme ça nous chante, café Plum, Lau­trec (Tarn)

L’actualité de Simon Chouf que nous sui­vons pas à pas ou peu s’en faut, c’est l’enregistrement de son nou­vel album, Vola­tils. C’est l’accompagnement de Dimo­né sur ce pro­jet. Pour les ama­teurs de la chan­son rock, telle que l’avons enten­due ven­dre­di, c’est donc regain de curio­si­té et d’intérêt.

En atten­dant le début de l’année, où on rever­ra Chouf en for­ma­tion com­plète au Metro­num à Tou­louse pour le fes­ti­val Détours de Chant (pre­mière par­tie de Zaza Four­nier), le voi­ci dans son duo inti­miste accor­déon- gui­tares. Une courte intro­duc­tion ins­tru­men­tale ins­talle l’atmosphère. On le devine, la gui­tare élec­trique d’un côté et l’accordéon de l’autre per­met­tront de créer des accom­pa­gne­ments sub­tils et variés.

Ce soir Chouf garde encore les yeux sur son pupitre. Il l’annonce : il part au «« casse-pipe » – c’est lui qui le sou­ligne en pré­am­bule – avec ses nou­velles chan­sons pas encore vrai­ment rodées. Or c’est un pri­vi­lège pour le spec­ta­teur de pou­voir être témoin d’un tra­vail de créa­tion et pour l’artiste de s’offrir ce temps d’élaboration d’un spec­tacle dans de telles condi­tions. C’est l’occasion de sou­li­gner cette dimen­sion du pro­jet du café Plum, son sou­tien à l’émergence.

Le concert s’ouvre avec deux chan­sons per­cu­tantes aux­quels Chouf nous a accou­tu­més, entre réa­lisme et ima­gi­naire. C’est un tour­billon d’images inso­lites où se des­sine un monde violent qui vous plon­ge­rait dans les vignettes d’une BD d’Enki Bilal, sur fond de gui­tare élec­trique sau­vage. Et quand il nous plonge ensuite dans son pay­sage inté­rieur, c‘est pour tordre enfin le cou à une pho­bie – véri­fi­ca­tion faite, elle est auto­bio­gra­phique !- celle des pou­pées. Il ne manque pas d’en sou­rire au préa­lable avec nous… Car il pose légi­ti­me­ment la ques­tion du chan­teur de chan­sons noires. Ils sont nom­breux dans cette jeune géné­ra­tion, et cha­cun peut sans mal en trou­ver la rai­son. Disons que Chouf, sur ce point là, n’a peut-être pas encore vrai­ment trou­vé le moyen de s’adresser à nous.

On appré­cie­ra des moments du concert où accor­déon et gui­tare acous­tique adou­cissent l’atmosphère, celle qui convient par exemple à cette tra­ver­sée tendre et non moins dou­lou­reuse de Nuit de silence ou Fugi­tive. Dans Cime­tière des oiseaux, dédiés aux vic­times de l’exil, ou Êtres jetables, chan­son ins­pi­rée d’une ren­contre avec le rédac­teur en chef de la revue Fran­co­Fans, le monde et ses tra­gé­dies aux­quels il nous faut bien résis­ter nous reviennent de plein fouet. Alors bien sûr l’amour et sa quête inter­mi­nable res­tent en toile de fond pour sur­vivre. Chouf chante aus­si ce désir d’abandon, ce refuge.

Quand vient la fin du concert, sans applau­dis­se­ments ritua­li­sés, les spec­ta­teurs sont appe­lés à chan­ter, à fre­don­ner, en quit­tant la petite cave, un à un, lentement…

Encore un moment sus­pen­du d’émotion dans ce fes­ti­val qui déci­dé­ment nous ravit.