Émilie Marsh, qui se pique d’or à Tarbes (© Claude Fèvre)

Émi­lie Marsh, qui se pique d’or à Tarbes (© Claude Fèvre)

24 mai 2015 – 30e Pic d’Or

Finale puis concert avec Radio Elvis (Pic d’Or 2014)

Avec, par ordre de pas­sage, les finalistes :

Jéré­my, Jane for tea, Eske­li­na, Bas­tien Lucas, Ti-Mano, Cyprès, Liz de Lux, les Akou­phènes, Émi­lie Marsh


Théâtre Les Nou­veau­tés – Tarbes (Hautes-Pyré­nées)

Aujourd’hui der­nier round pour les can­di­dats de la 30e édi­tion qui auront à démon­trer une ultime fois, avec deux titres, leur envie d’en découdre, du moins d’ajouter un petit quelque chose pour ache­ver de convaincre. Ils sont neuf pour six prix.

Par exemple, pour le duo 100 % fémi­nin des Akou­phènes, c’est Mis­pad qui laisse son cajon et ses petites cym­bales dont elle joue avec maes­tria, pour rejoindre au chant et à la bat­te­rie élec­tro­nique Malo­ry dans un tic-tac déli­rant de maî­trise sonore et vocale ! Une contre­bas­siste et cho­riste rejoint Eske­li­na qui confirme qu’avec elle le temps n’aurait plus prise, tant l’interprétation de ses chan­sons folk nous enve­loppe de dou­ceur. Cyprès séduit le public avec une gui­tare qui devient espa­gnole quand il évoque l’accordéoniste du temps de sa gloire. Le très jeune Jéré­my s’empare de l’histoire poi­gnante d’Anne Franck…

Pour finir, le résul­tat de cette com­pé­ti­tion contient néces­sai­re­ment sa part de regret, de doute et de ques­tion­ne­ments aus­si, notam­ment celle de la place de la chan­son fan­tai­siste. Quand lui accor­de­ra-t-on une place dans les palmarès ?

Public et pro­fes­sion­nels se sont donc rejoints pour plé­bis­ci­ter Émi­lie Marsh, qui obtient ain­si le Pic d’or 2015 et le Prix du jury. On ne sau­rait contes­ter ce coup double lar­ge­ment mérité.

Suite et fin du pal­ma­rès : Pic d’argent, Bas­tien Lucas ; Prix du texte, Ti-Mano (récom­pense sym­bo­lique d’une chan­son qui s’incline devant le hip-hop) ; Prix de la musique, Eske­li­na, qui en tem­père aus­si­tôt la por­tée en saluant son com­po­si­teur, Chris­tophe Bas­tien (elle aurait pu tout aus­si bien ajou­ter que ses textes sont de Florent Vin­tri­gner). Et Cyprès, Prix d’interprétation.

Nous savons que les membres du jury ont ces infor­ma­tions. À l’avenir, dans un concours qui récom­pense des auteurs com­po­si­teurs inter­prètes, il serait per­ti­nent de regar­der cette ques­tion-là de plus près… En une seule ou plu­sieurs personnes ?

Que nous dit ce résul­tat, ce nou­veau Pic d’Or ? Que la Chan­son, faut que ça bouge ! Et vite !

Enfin, enten­dons-nous bien, il faut qu’elle par­vienne à tou­cher les plus jeunes géné­ra­tions. Ques­tion de vie ou de mort à plus ou moins long terme. C’est une for­mule abrupte, certes, mais elle a la ver­tu d’être sans ambi­guï­té. Alors, après Radio Elvis en 2014, Émi­lie Marsh en appelle à une ouver­ture de la Chan­son. De la même veine que Buri­dane, elle a réso­lu­ment pris la ten­dance chan­son rock avec une effi­ca­ci­té redou­table, avec la conni­vence de ses musi­ciens (ah, le jeu de son pia­niste… un spec­tacle à lui tout seul !) et des textes per­cu­tants de jeune femme libre et qui entend le rester.

On s’en réjouit fran­che­ment comme on se réjouit de voir en scène ce soir Radio Elvis, son jeune chan­teur Pierre Gué­nard, au look trou­blant d’Harry Pot­ter qui aurait tro­qué sa baguette magique contre une gui­tare élec­trique, à moins qu’on lui pré­fère la tête ébou­rif­fée de Rim­baud, celle de ses 17 ans. En un an, Radio Elvis n’a ces­sé de mar­quer des points. Son prix du jury iNOUïs 2015 au Prin­temps de Bourges et son coup de cœur au Prix Charles Cros grâce à son EP Juste avant la ruée, n’en sont qu’une illus­tra­tion. La pré­sence en scène, qui enflamme à juste titre la jeu­nesse, le trio effi­cace gui­tare, basse (Manu Ralam­bo) bat­te­rie (Colin Rus­seil), les textes qui emportent, trans­portent dans un ailleurs légen­daire au souffle épique, où émerge le goût des images d’un jeune auteur ques­tion­nant avec force sa condi­tion humaine, tout cela nous indique qu’il se passe quelque chose du côté de la Chanson.

À nous d’aller voir de plus près mais qu’on nous laisse nous en appro­cher, que diable ! Que le volume sonore, la balance voix-ins­tru­ments nous per­mettent de pro­fi­ter plei­ne­ment des textes dont on a per­du, hélas, une large part ce soir dans ce concert de clô­ture. Notons qu’à rebours, nous n’avons pas per­du une seule miette des textes d’Émilie. Alors ?

Article initialement publié sur le site Nos Enchanteurs :
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