[Extrait]
Jeanne entre dans sa petite robe courte et légère, toujours aussi détendue, semble-t-il, que dans l’après-midi pendant les balances. Pieds nus, plusieurs paires de chaussures dans les bras, elle aborde le public avec malice, cherchant sa complicité en affichant un goût pour les moustachus… Elle tardera à venir, avouons-le, ce soir-là cette complicité et de ma place je regrette déjà d’avoir affirmé combien le public de notre festival était simple et chaleureux… Pardon Jeanne ! Si tu le veux bien, c’est à toi que je m’adresse. Avec tes airs de fausse ingénue, Jeanne, comme tu t’amuses en scène. Tu mutines, tu cajoles, tu bouscules, amarrée à ton piano, sans jamais oublier ce public pour qui tu chantes. Tu te penches vers lui, tu guettes ses regards, tu l’attends. C’est un réel bonheur d’être témoin de cette scène de séduction dont tout artiste du spectacle vivant connaît le terrible enjeu.