[Extrait]
Certes, le duo Soham nous conte des histoires, je dirais plutôt qu’il nous transporte dans des atmosphères, des images, des paysages. Sur le tapis volant de la voix de Dalila, rompue aux improvisations, au jazz, le voyage immobile est garanti. Mais sa voix et ses volutes qui transportent au-delà du réel ne sauraient suffire pour vous dire la magie de l’instant. Il faudrait vous peindre sa silhouette fine, légère, féline, surmontée d’une chevelure brune dont Baudelaire eût fait un sonnet, sa sensualité, ses gestes, sa main gauche, celle qui n’a pas le poing serré, dessinant des arabesques autour du micro. Il va de soi que l’album (le dernier Absoluble) ne saurait restituer la beauté et la force de cette présence. La voix de Dalila, entre Bïa et Joan Baez, y paraît presque emprisonnée. J’avoue pourtant avoir eu un faible en l’écoutant, pour L’Amic Jordi en catalan, et Dame Brune, évoquant La Lune, de Léo Ferré.