Lizzie, Navigante (© droits réservés)

Liz­zie, Navi­gante (© droits réservés)

Liz­zie – Navi­gante

Sor­tie de l’al­bum les 17 et 18 avril à 20h30 et le dimanche 19 avril à 17h
Théâtre des Vents à Avignon

Avec Liz­zie Levée accom­pa­gnée de Filipe de Sou­sa (gui­tare por­tu­gaise) et Pierre-Fran­çois Mau­rin (contre­basse)


S’il est un pre­mier album dési­ré, atten­du, rêvé c’est bien celui-ci. Au moins sept bonnes années, pour ce que nous savons d’elle… Peut-être davan­tage ? Par­fois au bord de l’abandon, de la déses­pé­rance, Liz­zie a pour­tant tenu bon et ce que nous écou­tons ici, main­te­nant, lui donne rai­son. Elle est allée au bout de ce désir légi­time de voir ses chan­sons enjo­li­vées des musiques qui l‘habitent, la pos­sèdent, elle, depuis son enfance appli­quée, les doigts posés sur les touches du piano.

Cer­tains diront que c’est un entê­te­ment. Nous pré­fé­re­rons pen­ser que c’est l’aboutissement d’une quête qui n’a pas d’autre objet que d’être par­ta­gée. Sinon, à quoi bon ?

Écou­ter cet album c’est d’abord se délec­ter de musiques du monde, tan­tôt aux accents por­tu­gais, tan­tôt aux accents folk amé­ri­cains. Car Liz­zie s’incline devant ceux qui l’ont nour­rie, ins­pi­rée… poètes et poé­tesses por­tu­gais, mais aus­si Hank Williams dont elle reprend Ramblin’man. Chaque plage de l’album est un nou­veau pay­sage, entre gui­tares (dont une gui­tare por­tu­gaise), man­do­line, cla­ri­nette, vio­lon, contre­basse, basse et bat­te­rie, per­cus­sions. Vous l’avez com­pris, Liz­zie a su s’entourer.

Écou­ter cet album, c’est un voyage comme le dit le titre de l’album Navi­gante et comme l’exprime sur la pochette aus­si la jolie goé­lette dans les mains de la jeune sil­houette, au milieu des blés mûrs. La voix d’abord est un pas­se­port pour l‘évasion. Elle est toute vibrante d’accents, de volutes qui la rap­prochent de celle des chan­teuses de fado. Par­fois, on la croi­rait prête à se bri­ser et c’est à l’unisson des textes empreints de mélan­co­lie douce, comme cette pre­mière chan­son, sur un texte de la poé­tesse Flor­be­la Espan­ca « Sou aque­la que pas­sa e nin­guém vé /​Sou a que cha­mam triste sem o ser /​Sou a que cho­ra sem saber por­qué… Je suis celle qui passe et que per­sonne ne voit /​Je suis celle que l’on appelle triste et qui ne l’est pas /​Je suis celle qui pleure sans savoir pour­quoi ».

Liz­zie a choi­si de décli­ner ce thème de la navi­ga­tion pour dire son che­min de vie – le nôtre ? « Mais qui souf­fle­ra dans mes voiles et y aura-t-il quelqu’un sur le quai, sur la rive ? Je navigue au-des­sus du vide… » (Je navigue). C’est là le risque, le « risque de vivre… Je n’ai pas d’ailes mais de l’écume /​Sur ma robe de ciel à perte de vue (Perle fine). Bien sûr les dan­gers, les remous manquent de faire cha­vi­rer l’embarcation qui pour­rait s’enliser par­fois dans les Sables mou­vants. Mais cha­cun sait qu’il est gui­dé par une soif, une envie de trou­ver enfin son « île » (Sur mon visage) et tant pis si par­fois c’est un peu comme un saut dans le vide (La falaise). On s’accroche à son rêve comme à une bouée, et l’on aper­çoit au loin [son] amour qui tangue. Une cer­ti­tude pour­tant : ce que ce voyage veut fuir, quoi qu’il en coûte. Ne pas être cet « Acteur du néant /​Pas­sif et pré­ten­tieux… (Être ou paraître)

Au fond cet album s’écoute comme on feuillette les pages d’un conte habi­té de songes, de sirènes, d’écume et de soleils couchants.

Article initialement publié sur le site Nos Enchanteurs :
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