Lucas Rocher, Restons couchés - vol. 1 (© droits réservés)

Lucas Rocher, Res­tons cou­chés - vol. 1 (© droits réservés)

Lucas Rocher – Res­tons cou­chés (vol. 1)

Sor­tie de l’EP, en mai 2015 (le vol. 2 est pré­vu en automne 2015)

Avec Lucas Rocher (paroles et musique), aidé pour les arran­ge­ments par Axel Dachet (vio­lon) et Damien Tar­ta­mel­la (har­mo­ni­cas)


Avouons que ces chan­sons-là, on aime­rait les voir tout de suite incar­nées par les musi­ciens, l’habituel trio (Rocher, Dachet, Tar­ta­mel­la). On sait déjà, par les pho­tos, les enre­gis­tre­ments vidéo, qu’avec eux la scène c’est avant tout une fête. « Alors on danse » !

D’ailleurs, à l’écoute de ces six titres on se sent des four­mille­ments dans les pieds qui nous feraient oublier que ces chan­sons-là ne sont pas qu’espiègleries. Car dans la fou­lée de grands frères aus­si far­ceurs – on cite fré­quem­ment les Wriggles, Olde­laf, Gas­pard Proust – on com­prend vite que, pour sur­vivre à tous les vices de nos vies, il faut d’abord en rire.

Com­men­çons pas se réjouir du bel objet qui nous est offert. L’album car­ton­né s’ouvre en trois volets, illus­trés par les pho­to­gra­phies de Boris Gasio­rows­ki, mises en scène par le gra­phiste Igo­ro­vitch : sur fond de ciel bleu où nage le mou­ton­ne­ment blanc d’innocents nuages, des niches où appa­raissent les com­plices, le quin­tet, avec en cou­ver­ture l’auteur de toutes ces facé­ties, connec­té à tous ses outils high-tech. Sédui­sant à sou­hait, Lucas Rocher, avec ses faux airs de gars bien sous tous rapports.

C’est d’ailleurs dans ce déca­lage entre le fond et la forme que se niche l’efficacité de ses chan­sons. On com­mence par une invi­ta­tion iro­nique : « Traque et flique tes potes ». La musique, vio­lon, har­mo­ni­ca, gui­tare, veut vous faire croire qu’après tout ce n’est pas si grave… À voir tout de même car « Flique tes toques » est l’invitation finale ! S’enchaînent alors une autre invi­ta­tion, celle d’un voyant renom­mé, « un vrai Paco Rabanne », puis, dans un rythme net­te­ment plus lent, des jeux pho­niques qui cliquent et qui claquent pour expri­mer la menace d’un amour cha­vi­ré. L’amour appa­raît aus­si dans Cha­peau, échange épis­to­laire – ana­chro­nique ?- « Elle idéa­lise /​Tu tombes de haut – quand tu réa­lises ».

Deux autres chan­sons cour­tisent l’Art, les ques­tions de la créa­tion. Excu­sez du peu ! La der­nière, Hal­le­lu­jah, chan­son baroque où la mise en scène de la crèche tourne au délire. Le met­teur en scène, c’est le « blé­rot qui joue les rois mages » et « l’âne et le bœuf sont en stage » ! Puis on retien­dra « la toile, à moi­tié peintequi va déchaî­ner les cris et les plaintes ». Quelques savou­reux dia­logues d’interprétation.

Voyez dans le désordre :

Quand tu penches un peu la tête, c’est le prophète ? 
Tu vois pas que c’est un bord de mer ? 
Alors, après la marée noire !

Alors que « rien n’est plus uni­ver­sel qu’un délire inache­vé. »

Article initialement publié sur le site Nos Enchanteurs :
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