Anne Sila dans The Voice (© droits réservés)

Anne Sila dans The Voice (© droits réservés)

Aucune pré­ten­tion dans ces pro­pos, juste ne pas igno­rer ce qui se déroule loin de nos petites salles et de fes­ti­vals mili­tants que nous affec­tion­nons et sou­te­nons de notre plume. Pré­ci­sé­ment là où nos enchan­teurs, nom­breux pour­tant, sont ignorés.

Bien sûr le plus sou­vent on dresse un mur, une bar­ri­cade par­fois – sans grand effet il faut le dire – entre deux uni­vers, celui de la Chan­son (s’entend, la vraie, la bonne) et celui des chas­seurs de têtes à pro­fits illi­mi­tés, où l’on pré­fère l’anglais pour embras­ser un plus vaste poten­tiel de déve­lop­pe­ment (sic). Et l’on res­sasse, répète les mêmes antiennes en pour­fen­dant ce monde impi­toyable des « grands médias » et leurs pro­duc­tions qui font les same­dis soir de la télé­vi­sion à grand spec­tacle. Bon, le mot même de télé­vi­sion perd aujourd’hui de son sens, vu qu’on la regarde de plus en plus sur son ordi­na­teur, en différé.

Voi­là, cha­cun est retran­ché dans son camp et rien ne se passe, pas même une escarmouche.

Vrai­ment ? Pas si sûr !

Pre­nez le temps de vision­ner le débat orches­tré par Edgar (alias Chris­tophe Robillard) assis­té de Sté­pha­nie Ber­re­bi (Fran­co­Fans). Il confronte des points de vue diver­gents – enfin, pas tant qu’il y paraît de prime abord : celui de Guil­hem Valayé (3 minutes sur mer, récom­pen­sé par le prix Mous­ta­ki du public en 2014) et par­ti­ci­pant à cette qua­trième édi­tion de The Voice, à celui d’un artiste reven­di­quant son indé­pen­dance, Tomi­slav.

Pour ceux qui ne regardent et ne regar­de­ront JAMAIS cette émis­sion, sachez que Guil­hem Valayé n’est pas allé en finale, et n’a donc pas été élu « plus belle voix de l’année » mais par­ti­ci­pe­ra à la tour­née des Zéniths (The Voice Tour 2015 pour être exact) au mois de juin.

Gageons, quoi qu’on en dise, que le groupe 3 Minutes sur mer ne sera pas per­dant car ce Guil­hem Valayé n’a pas ven­du son âme au diable. Il est très clair dans sa démarche, dans ses choix. Pas plus que le duo Fer­ges­sen éli­mi­né plus tôt, ni même Anne Sila, artiste s’il en est (du bagage, elle en a à revendre !… pia­no, vio­lon­celle, jazz…) objet d’une polé­mique sté­rile. Elle a per­du en effet der­rière le très jeune Lilian, émou­vant en diable, débar­qué de son Haut-Doubs, avec une humi­li­té, une gen­tillesse qui ne peuvent pas lais­ser le spec­ta­teur indif­fé­rent. Il a fait rêver dans les chau­mières, et pas seule­ment les minettes. On a pu lire sur lui des com­men­taires mépri­sants et c’est tout à fait regrettable.

On peut seule­ment se deman­der ce qui peut adve­nir d’un si jeune homme, sans for­ma­tion musi­cale d’aucune sorte, incon­tes­ta­ble­ment désar­mé devant cette impi­toyable machinerie.

Quant à Anne Sila, aucun sou­ci pour elle, elle a d’ores et déjà signé cher Dec­ca, filiale d’Universal !

Alors, que pen­ser de cette brèche ouverte entre deux mondes qui s’ignorent ou s’ignoraient ? N’y a‑t-il pas une ouver­ture pos­sible vers la jeu­nesse, jusqu’ici igno­rante de la richesse de la Chan­son d’aujourd’hui, grâce aux échanges sur les réseaux sociaux dont elle est consom­ma­trice ? Nous vous lais­sons en débattre.

Article initialement publié sur le site Nos Enchanteurs :
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