Thomas Demaere (© droits réservés)
Thomas Demaere – Les stations balnéaires
EP 6 titres, sortie le 4 septembre 2015
L’image est séduisante : ce duo mère-enfant sur une grande plage déserte, ce noir et blanc nostalgique et au verso ces cabanes en planches des ostréiculteurs du Bassin d’Arcachon… Tout au moins notre mémoire pense les identifier.
L’album cartonné, là dans nos mains, est muet sur les musiciens responsables de cet environnement pop-rock qu’il nous prépare. Et le site web n’est pas plus éloquent. Alors, tant pis, on écoute et c’est tout !
Au fond c’est plutôt intéressant cet exercice sans planche de salut !
La chanson éponyme, la première, Les stations balnéaires, présente le curieux mélange d’un texte franchement désespéré, Ici tout a disparu, y a plus rien à y faire et d’une musique entraînante sur laquelle on aimerait danser. C’est un cri, une alerte avec une voix qui flâne du côté de Renaud pour interpeller celui qui croit encore à la beauté virginale des bords de mer. Cette chanson a magnifiquement trouvé son expression plastique avec le dessinateur de BD, Alfred, récemment couronné par le Festival d’Angoulême. Excusez du peu ! Au passage, que notre ami Yannick Delneste, journaliste et auteur du blog Chanson de Sud-Ouest soit remercié pour ces précieux renseignements.
C’est dans la même veine – on aimerait la croire irréelle – que l’imagination de Thomas Demaere puise pour Jour de récolte. La batterie martèle obstinément l’absurdité d’un monde et les voix du chœur sont comme chant de sirènes : « A la dérive au bord du monde /J’ai perdu la trace de nos pas /Il nous reste qu’une lumière blonde à suivre /Quand le vent soufflera. » Quand il s’agit de l’amour, ce n’est guère mieux et ce sentiment de défaite « après la guerre d’hier » s’abandonne aux guitares lancinantes. Le vouvoiement délicat de Danser où l’auteur dévoile sa carte du tendre, n’offre guère plus d’espoir : « J’ai fait le tour de vos atouts /Et j’en reviens le souffle court ». En fait on croit comprendre que cette vie-là c’est définitivement un combat dont nous resterons, hélas, de bien piètres héros (Nos couleurs à la guerre).
Si l’on devait élire une chanson ce serait sans doute la dernière, Le Ballet, où l’auteur échappe enfin à l’énonciation à la première personne pour évoquer « Anna, une danseuse qui vit dans une boule de cristal. » Un symbole émouvant de la vie des artistes comme Anna qui « rêve des stars américaines », et que « sa passion dévore. »