13 novembre 2015 – Concert de Valérian Renault
Le Bijou (Toulouse)
Valérian, un prénom qui sonne comme un défi, comme une gageure : survivre, « se bien porter »… Vraiment ? Est-ce possible dans cette vie-là ? Dans ce monde-ci qui ce soir encore fait éclater sa violence la plus immonde ? On en reste hébété à la sortie du concert. L’artiste vient à peine d’achever de se débattre en scène comme un beau diable. À coups d’humour entre ses chansons, à coups de bavardages légers, il tente de s’arracher, de nous arracher à son mal de vivre, son mal d’aimer. Le nôtre assurément.
« Mon beau navire ô ma mémoire /Avons-nous assez navigué /Dans une onde mauvaise à boire /Avons-nous assez divagué /De la belle aube au triste soir », Guillaume Apollinaire.
Il frappe fort, Valérian Renault. À peine entré en scène, il vous assène des coups au cœur, avec ses portraits acides d’hommes infâmes. Uppercut ! Il sera difficile de s’en relever. Et même si souvent il siffle d’un air léger, même s’il va jusqu’à nous la jouer « tonton flingueur » pour A la montalbanaise, même si l’on rit volontiers de sa tentative de chanson rigolote, un tube « bien rond, bien lisse, bien creux. » Pour faire court, « La vie est moche quand on l’approche d’un peu trop près. »
On n’ira pas beaucoup plus loin dans l’approche des textes, pour ne pas plagier ce que l’on a déjà dit, dans l’analyse de l’album.
On vous y renvoie avec d’autant plus de détermination que c’est s’offrir là deux approches, deux lectures, des mêmes chansons. Dans l’album la sublimation à grands coups de cordes et de cuivres. C’est puissant et c’est beau.
Là, dans ce solo minimaliste, c’est une confidence d’homme au cœur pourfendu, un tête à tête avec vous spectateur, son ami, son frère en déraison. Les textes sont murmurés à votre oreille, subtilement soulignés par la guitare électrique que l’on oublierait presque. D’ailleurs quand il dit simplement un poème, c’est un moment de poésie pure que l’on entendrait volontiers plus souvent… On y cherche trace : Apollinaire, Verlaine, Rimbaud ? On aime cette voix singulière, celle d’un homme qui vous dit en rappel, dans une pure élégie d’amour : « Par amour du feu, on accepte les cendres. » On aime cet artiste qui se bat avec sa désespérance de mal aimé, mal aimant. Et ce n’est pas là une posture. C’est bien ce qui nous émeut tellement.