DDC2016 Didier Super(@ Droits Réservés)

DDC 2016, Didier Super  (© Droits Réservés)

27 janvier 2016 – Didier Super, Ta vie sera plus moche que la mienne

avec Didier Super (Oli­vier Hau­de­gond), nou­veau spec­tacle solo

Le Bijou (Toulouse)

Bien sûr, vous ne vous y trom­pe­rez pas, ama­teurs émé­rites de chan­sons. Vous recon­naî­trez la chan­son de Pierre Vas­si­liu… « Qu’est-ce qu’il fait, qu’est-ce qu’il a, qui c’est celui-là ? /​Com­plè­te­ment toqué, ce mec-là, com­plè­te­ment gaga /​Il a une drôle de tête ce type-là /Qu’est-ce qu’il fait, qu’est-ce qu’il a ? »

Les pre­mières années 2000 de la Chan­son auront été mar­quées par l’arrivée d’un étrange oli­brius qui de reprises punk de chan­sons fran­çaises, en cas­cades de rue en BMX avec un com­parse, en bande des­si­née pour mieux pour­fendre le monde impi­toyable et faux de l’industrie du disque, ose tout, même – et sur­tout ! – le pire. Son spec­tacle peut pro­vo­quer le même effet que les cou­ver­tures d’Hara-Kiri offertes autre­fois à nos regards adolescents.

Alors quand on vient voir Didier Super, mieux vaut être aver­ti. Autre sou­ve­nir : le vinyle de Georges Bras­sens estam­pillé « Pour toutes les oreilles ». Peut-être – sans rire – une annonce de concert devrait-elle com­por­ter un aver­tis­se­ment ? On a bel et bien vu une jeune spec­ta­trice perdre son sou­rire au fil des scènes et car­ré­ment prise de nausée.

Ceux qui n’auraient pas encore vu Didier Super en scène doivent s’attacher à com­prendre d’abord où est la cible. En quelques mots il s‘agit de s’en prendre avec féro­ci­té, sans l’ombre appa­rente d’une finesse, dans des jeux de scène outrés, dans des chan­sons, mal bâties, mal accom­pa­gnées, mal chan­tées à tous ceux /​tout ce qui déglingue notre monde depuis la nuit des temps…Avec quelques inno­va­tions, tou­te­fois (l’imagination de être humain ne sau­rait avoir de limites dans ce domaine !) comme ces der­nières chan­sons que l’on est pas près d’oublier pour évo­quer les récents atten­tats : « Quand notre corps fait boum »… ou bien Pierre Alexandre qui part pour le djihad.

Ta vie sera plus moche que la mienne met en scène un clown – très mau­vais clown – der­rière son cas­te­let très laid – un tis­su bleu nuit par­se­mé d’étoiles – sur fond de petite ritour­nelle entê­tante (celle pré­ci­sé­ment que vous avez tous fait écou­ter à vos enfants !) dif­fu­sée par une vieille boîte à musique qu’il remonte inlas­sa­ble­ment. Les bulles de savon ne font pas oublier un monde de l’enfance qui dérape dès les pre­mières minutes avec le per­son­nage de Ludo­vic, bête à man­ger du foin et sa bonne fée /​pou­pée gon­flable qui lui fera acqué­rir une énorme somme d’argent ! La pre­mière chan­son n’est autre qu’un appel au suicide.

Et c’est par­ti pour une heure trente de délire où les reli­gions – toutes les reli­gions ! – sont par­ti­cu­liè­re­ment tour­nées en déri­sion, mais aus­si bien d’autres abo­mi­na­tions, vio­lences de toutes sortes – les femmes et les enfants vic­times de ses sar­casmes, en pre­mière ligne, comme ils le sont, hélas, sur cette terre.

Didier Super n’épargne rien ni per­sonne, pas même le public, sa cible favo­rite, et sur­tout pas lui-même.

Quand le spec­tacle s’achève, la scène n’est plus qu’un amas d’immondices où il a pris le temps de s’assoir et de nous par­ler avant de quit­ter défi­ni­ti­ve­ment le pla­teau comme pour nous ras­su­rer… Didier Super – Ludo­vic n’est pas si bête ni si méchant quand Oli­vier Hau­de­gond ôte son nez rouge.

Fin limier du spec­tacle vivant peut-être avait-il croi­sé quelques regards affo­lés mal­gré les rires et les applau­dis­se­ments nour­ris d’une salle comble qui choi­sit de rire pour trou­ver des rai­sons de résister.