Détours de Chant - Délinquante – Seule - 2018 (©Nadia Wicker)

Détours de Chant – Délin­quante – Seule - 2018 (©Nadia Wicker)

26 janvier 2018 – Nouveau concert de Délinquante 

Femme

Avec

Délin­quante, Claire Ber­nar­dot & Céline Ribault, accor­déons, cla­vier, voix

Guillaume Far­ley (gui­tare, voix) Lever de rideau


Espace Bon­ne­foy (Tou­louse)

Depuis dix ans Céline et Claire appar­tiennent à notre pay­sage musi­cal et chan­son­nier. Nous aimons les retrou­ver avec leur malice, leur conni­vence de bonnes copines et leur talent d’accordéonistes. Un duo qui, au fil des ans et des scènes, nous pro­curent des moments de détente, de joie. Il faut vous dire d’abord qu’elles ont cha­cune leur per­son­nage. L’une, la petite, Claire c’est la bout en train, la bavarde, la coquine. Celle qui dit tout haut ce qu’elle pense. Elle arbore aujourd’hui un short sur de col­lants où se pro­mènent des points noirs qui iront drô­le­ment bien avec son inter­pré­ta­tion déso­pi­lante des insectes en rut. L’autre, la grande, c’est Céline la rai­son­nable – enfin, pas trop ! – avec un côté « belle plante » à faire rêver. Pour elle c’est bas résilles et jupette très courte… A tour de rôle elles posent leur accor­déon pour chan­ter en milieu de scène ou bien s’en vont jouer au cla­vier. Le spec­tacle tourne rond dans une mise en scène bien rodée où dominent leurs regards com­plices, leurs larges sou­rires. Les dia­logues fusent joyeux entre les chan­sons, Claire cher­chant en per­ma­nence à glis­ser ses bonnes blagues au grand dam de Céline…

Voi­là donc notre duo qui ce soir a béné­fi­cié d’un lever de rideau dont il faut dire quelques mots. Cette année le fes­ti­val a invi­té Guillaume Far­ley, véri­table show man qui se prête au jeu du « fil rouge ». Nous le décou­vrons, accom­pa­gné de sa gui­tare élec­trique, dans l’interprétation de cinq titres qui en disent long sur son talent d’interprète et de musi­cien. Il jongle avec les sons, avec l’humour et la ten­dresse, aus­si à l’aise avec Renaud qu’avec Nico­las Jules et nous sur­prend vrai­ment avec l’excellence et l’originalité de son inter­pré­ta­tion de Ces gens là de Jacques Brel.

Une entrée à matière qui nous a mis en joie. Claire et Céline peuvent main­te­nant venir nous titiller sur des thèmes très fémi­nins – fémi­nistes. Sans jamais une once d’amertume ou de méchan­ce­té. Pré­ci­sion d’importance !

Un nou­veau spec­tacle inti­tu­lé Femme – au sin­gu­lier, comme un géné­rique en somme- on demande à voir. La plu­part des chan­sons nous sont déjà fami­lières mais on ne boude pas le plai­sir de les recon­naître et même de les fre­don­ner. Elles entrent en scène dans un mélange de sons métal­liques, portes qui grincent, qui claquent… Claire d’abord, Céline ensuite sous les applau­dis­se­ments. Les regards échan­gés immé­dia­te­ment en disent long pen­dant qu’elles nous offrent un long ins­tru­men­tal. On va bien s‘amuser !

Et ce n’est pas fausse pro­messe. Elles com­mencent avec un por­trait, celui qui garde tout « On ne sait jamais », n’est- ce ‑pas ? On connait tous cet homme là… Comme on connaît aus­si les copines. Un défi­lé de spé­ci­mens fémi­nins, agré­men­té de cris de volailles. Elles évoquent par­fois même des tra­vers, des défauts qui pour­raient ne pas faire rire du tout… Mais d’une pirouette elles en font l’occasion de rire comme dans l’interprétation façon « métal » des pho­bies. Bien enten­du on n’évitera pas le sujet de la sexua­li­té. On vous recom­mande d’emblée d’aller les voir – Claire sur­tout ! – nous faire la des­crip­tion du « bor­del du jar­din » où copule à tout va le peuple de l’herbe. Viennent ensuite les reven­di­ca­tions fémi­nines, qu’assume sur­tout Céline, « du trouble, de l’ardent, du pro­hi­bé » avant qu’elles ne chantent toutes les deux au cla­vier leur chan­son émou­vante, « Je ne peux pas vivre si t’es pas à mes côtés ». Cet aveu ouvre sur l’évocation d’une scène qui res­pire l’authenticité, le vécu, celle du spec­ta­teur indé­li­cat, qui « fouine », les « saoule » en les ques­tion­nant sur leur lien. On devine en effet que leurs chan­sons sont autant d’arrêts sur image sur des ins­tants de leur his­toire. On en est convain­cus en enten­dant Le p’tit Robert, scène sati­rique d’un monde super­fi­ciel et pédant, ou l’invitation à « prendre la poudre d’escampette », à « voler du bon temps », à se faire la pro­messe d’être tou­jours là pour l’autre, quoi qu’il arrive. Quand on s’achemine vers la fin du concert, c’est le moment « mexi­cain » – il s‘agit alors d’évoquer les recettes pour arrê­ter de fumer – auquel le public est invi­té à par­ti­ci­per. Il peut ensuite se déchaî­ner sur le rythme dis­co, devant le duo sou­dai­ne­ment las­cif et sen­suel, sur le thème du sextoy.

« Ca vit, ça chante, ça crie, ça danse, ça rit, ça souffre, ça exulte, ça donne, ça ne lâche rien » dit le pro­gramme de Détours de Chant. On peut le confir­mer et se pro­mettre de suivre encore Délin­quante au moment où, en rap­pel, elles font entendre une toute nou­velle chan­son qui ouvre sur un nou­vel uni­vers, net­te­ment plus mélan­co­lique. Chan­ge­ment de ton ?