Philippe Lefait et Pia Moustaki – Prix Georges Moustaki 2018 (© Vincent Capraro)
1er mars 2018 – 8e Prix Georges Moustaki
Finale et REMISE du prix Georges MOUSTAKI de l’artiste indépendant et /ou autoproduit sous la présidence de Joyce Jonathan et le parrainage de Gauvain Sers
Avec, par ordre de passage
Alysce, FTH (For The Harckers), Gatica, Gervaise, Denis K, Mehdi Krüger, Carole Masseport
Coordination Amélie Dumas de l’Association Poésie et chanson Sorbonne
Présentation Philippe Lefait
Centre Universitaire Malhesherbes – Université Paris IV Sorbonne
Que ce soit dit, cette finale fut une bien belle soirée parisienne, pleine de ces moments qui émeuvent, divertissent, agacent aussi – pourquoi le cacher ? Une soirée vivante simplement où se retrouvait du joli monde de la Chanson. Rendez-vous compte, une quarantaine de membres de jury où se côtoient les acteurs de terrain, souvent méconnus, et médias nationaux, de Télérama à La Croix en passant par France Inter, RFI, Europe 1 de quoi faire rêver tous les organisateurs de concours. L’instant de croire que la Chanson revient au devant de la scène musicale. C’est là l’incroyable défi, chaque année relevé, du duo Matthias Vincenot et Thierry Cadet, les créateurs de ce prix au nom prestigieux.
Oui, nous avons pris un vif plaisir à découvrir l’éclectisme de la sélection, des personnalités artistiques affirmées, au style si différent tout en nous interrogeant sur ce que ce prix entend véritablement récompenser, quand il sollicite le vote de la salle, ou des internautes en amont : un artiste, un projet, un album – encore faut-il avoir pu s’y pencher – deux chansons interprétées devant nous, autant dire une prestation scénique fugitive ? Mais peu importe au fond, le résultat d’un concours restera toujours contestable.
Ce que l’on ne saurait contester par contre c’est la qualité du travail accompli par tous ceux qui concourent à cette soirée gratuite, généreuse et authentique : organisateurs, partenaires, jury, bénévoles de l’association Poésie et Chanson Sorbonne.
A eux seuls les sept finalistes pouvaient illustrer – s’il en est encore besoin – la richesse inventive de la chanson d’aujourd’hui. Pour tout dire nous avons particulièrement apprécié que la présence d’un présentateur de la qualité de Philippe Lefait hisse symboliquement la Chanson aux questions des Mots de Minuit. La force et le poids des mots. L’animateur, élégant dans son propos, respectueux des jeunes artistes, a permis quelques moments savoureux même si l’exercice de l’interview après chaque passage s’avère long et répétitif. Revoir la pétillante lauréate 2017, Léopoldine HH, offrit quelques minutes très réjouissantes tout comme aussi les échanges avec Alexandra Gatica ou Gervaise qui s’avèreront être les deux nouvelles titulaires du prix. On se laisse aller volontiers à dire que ce soir là les filles s’offrent la part belle… Leur parole libérée, franche et joyeuse nous est précieuse.
Mais on retiendra aussi l’interview de Denis Collinot du Festival de Marne, la force son propos sur la disparition de la contestation militante en Chanson. On apprécie ce qu’il dit de la nécessité de dépasser la sphère intime pour exercer sa responsabilité d’artiste citoyen. Ses mots ont fait écho à ceux de Pia Moustaki, fille de l’artiste, venue présenter la soirée hommage du 2 mai au New Morning de Paris. Une soirée qui associe Georges Moustaki et…Mai 68 ! Tout est dit.
Être porte –parole, pas seulement de soi-même. N’est ce pas la dimension du projet de Mehdi Krüger justement ? On redira volontiers avec force combien nous aimons à la fois cette écriture et cette prestation scénique. Les mots dits avec une diction exemplaire, le souffle épique qui s’en dégage, les mains généreuses qui dansent, le corps qui chaloupe et la guitare électrique qui exalte un flot d’images. Ce que ne démentiront pas les deux textes entendus ce soir entre cette « seconde avant l’impact » et cette clandestinée douloureuse. Alors on remercie vivement Florence Cortès, nouvelle venue dans le jury, son activité d’écrivain public et d’éditrice, son association, organisatrice d’évènements dans le Sud-Ouest dont les prochaines Estivades Poétiques en Ariège, qui feront que quelques textes de Medhi Krüger seront prochainement édités. On ne pouvait imaginer plus belle récompense pour lui : hisser ses textes à la dimension littéraire, poétique qu’ils méritent.
Pour nous ce sera donc la victoire de cette édition 2018 du Prix Georges Moustaki, des mots qui nous resteront bien après l’instant éphémère du spectacle. Des mots bien après minuit… Ceux de Medhi Krüger.