Chansons à la cheminée, Cave Poésie (© Claude Fèvre)
22 novembre 2016 – Chansons à la cheminée – Cave Poésie
Avec Ronan, Jules Nectar, Lise Martin, Piérick, Chouf et la participation impromptue de Benoît Paradis
La cave poésie René Gouzenne (Toulouse)
Pas de souci d’exhibition, pas de promotion d’un concert, d’un album… pas de sonorisation ni de lumières. Pas de tralala ni de fla-flas ! Un rendez-vous sans façon au coin d’une cheminée de briques rouges – du moins ce qu’il en reste – au bar de la Cave Poésie à Toulouse. On y vient pour se délecter d’un répertoire imprévisible.
Ce soir, c’est une deuxième édition et nous pouvons déjà parier que l’idée qui a germé dans la tête de Simon Chouf va faire son chemin. La Cave Poésie est un lieu qui ne cesse d’inventer des prétextes à s’émouvoir, à partager, à découvrir comme en témoignent déjà les Chantiers d’Art provisoire, les lectures des Rugissants, les scènes ouvertes des Nuits de la pleine lune. Voici donc pérennisées les soirées Chansons à la cheminée, tous les deux mois, le 3ème mardi du mois.
Ce soir la salle n’a aucun mal à se remplir. Les spectateurs s’installent autour des petites tables, au bar, façon cabaret et même sur la « vraie » scène quand elle n’est pas occupée comme aujourd’hui par l’installation du spectacle du lendemain. C’est avec La tendresse (Noël Roux / Hubert Giraud) immortalisée par Bourvil que le quintet – légèrement à l’étroit sur la petite scène improvisée- choisit de commencer. Cette chanson tendre sera immédiatement suivie d’un titre signé Lods /Val, défendu par Chanson Plus Bifluorée, Les femmes des copains, histoire de ne pas se méprendre sur le ton de la soirée. C’est Piérick et son humour décoiffant qui s’en charge. D’ailleurs il ne s’arrête pas là et enchaîne avec une chanson de son cru, écrite à l’occasion d’une animation d’atelier avec des parents d’enfants handicapés… On peut facilement lui reconnaître l’art de nous faire rire de tout, même et surtout du pire ! Ce soir il ne manque pas une occasion de s’amuser, de nous amuser, notamment avec quelques chansons courtes de Wally, avec la chanson sans calcium des Frères Jacques, au moment où vient de disparaître le dernier, Paul Tourenne … Mais il n’est pas le seul dans le groupe à nous amuser. Un autre, Ronan, auquel à priori on ne prêterait pas le rôle de fantaisiste, remplira aussi volontiers cette fonction.Il chante d’abord J’ai oublié d’être bête de Serge Gainsbourg « J’ai oublié d’être bête /Ça m’est sorti de la tête /Hélas, je ne sais comment /Me faire entendre à présent.. » puis la chanson irrésistible de Gérard Caillieux « Quitte-moi pendant la coupe du monde ». Enfin on s’amusera tous, musiciens et nous spectateurs, à reprendre L’Amérique de Joe Dassin, en pensant à Donald président ! Rire de tout même du pire !
Cette soirée sans prétention offrira finalement quelques tendres moments avec la voix superbe de Lise Martin qui choisit d’interpréter Je t’aime une chanson d’Anne Sylvestre empruntée au volume des Fabulettes, Les mots magiques, puis en duo avec Simon Chouf Les mots d’amour (Mayra Andrade), « Autant le dire et sans détour /Au bal, j’ai quelque peu de mal /Avec les mots d’amour »… On aimera aussi que Chouf ait choisi Quoi de Serge Gainsbourg, si délicate déclaration d’amour au moment même où il s’achève.
Enfin on retiendra de cette soirée l’hommage rendu par tous à l’incontournable Brassens avec Quand on est con et Quand les cons sont braves… Chanson d’une brûlante actualité : « Si le sieur X était un lampiste ordinaire /Il vivrait sans histoire avec ses congénères /Mais hélas ! Il est chef de parti, l’animal / Quand il débloque, ça fait mal ! »
Et plus encore l’hommage rendu à Léonard Cohen. Lise Martin chante Everybody knows, Jules Nectar, The Stranger Song (en Français ) et Chouf There was a girl.
Quand la vingtaine de chansons s’achève, quand le service au bar reprend ses droits, quand on se retrouve dans la rue, c’est pourtant à la chanson interprétée par Jules Nectar que l’on songe : « Il paraît que la blanche colombe a trois cent tonnes de plombs dans l’aile /Il paraît qu’il faut s’habituer à des printemps sans hirondelles … » On pense à L’envers, à l’endroit… Allez savoir pourquoi…