Hervé Suhubiette en quintet (© droits réservés)

Her­vé Suhu­biette en quin­tet (© droits réservés)

6 mars 2015 – Her­vé Suhu­biette en quintet 

Avec Her­vé Suhu­biette, Eugé­nie Ursch et Juliane Tré­mou­let (vio­lon­celles), Laurent Rochelle (cla­ri­nettes, sax sopra­no), Fré­dé­ric Caval­lin (bat­te­rie, per­cus­sions) et la par­ti­ci­pa­tion au chant de Lucas Lemauff.


Espace Croix-Bara­gnon, salle bleue (Tou­louse)

La petite scène est pleine comme un œuf, sans doute même un peu exi­guë pour le confort des musi­ciens mais, au fond, cette confi­gu­ra­tion témoigne si bien de l’envie de par­tage d’Her­vé Suhu­biette, sa furieuse envie de vivre et de chan­ter. Tou­jours prêt à l’envol, au décol­lage pour de nou­velles aven­tures. Suf­fit qu’il soit ques­tion de mots et de mélodies.

Aujourd’hui le spec­ta­teur est un pri­vi­lé­gié. On lui offre non seule­ment des chan­sons, celles d’Hervé, des anciennes et des nou­velles, des reprises, le tout dans une sai­sis­sante har­mo­nie de ton, mais encore des arran­ge­ments, des har­mo­nies comme on en savoure sur les enre­gis­tre­ments en stu­dio. Le dia­logue des deux vio­lon­celles, les cuivres, le pia­no et le cla­vier, la bat­te­rie, les per­cus­sions, nous pro­mènent tan­tôt dans l’intimité de la musique de chambre, tan­tôt dans le jazz, ou bien dans les musiques du monde ou dans une indé­fi­nis­sable synes­thé­sie à laquelle par­ti­cipent aus­si les voix d’Hervé, d’Eugénie et de Lucas, venu en renfort.

Voi­ci, pour rendre compte de ce voyage, une fic­tion où appa­raissent la ving­taine de titres de ce concert et quelques bouts de leurs textes :

À Her­vé Suhubiette,

Dans ce rêve bizarre… j’étais vieux, j’étais lent, je mar­chais dans la neige… C’était moi, je le sais… (1) Dans cet hôtel (2) du bout de la ville, où le corps des amants (3) laisse pla­ner son par­fum enivrant, ma chambre a la forme d’une cage. Ma soli­tude s’y réfu­gie chaque nuit de pleine lune, pour une tra­ver­sée qui me laisse son empreinte de feu.

Les pen­sées sau­vages (4) c’est mon ordi­naire, de vrais délices. À la visite (5) noc­turne et bleue de tout ce fatras, de ces paquets, ces car­tons de sou­ve­nirs, ces rêves par mil­liers, je n’y convoque que moi. Je n’y mets pas d’ordre, ah ça non ! Alors rien d’étonnant à ce qu’y appa­raissent des tor­dus, des bizarres, des toqués de tout poil.

À quoi ça tient le charme (6) ? Mais à la dérai­son, à la déme­sure, à la folie, pour sûr !

Voyez Bri­gitte et les étoiles et les cochons (7), Simone, l’orgiaque foraine (8) et son enfance conquise, la tra­pé­ziste endor­mie dans les bras de l’ours (9), l’oiseau, (10) ce puceau sexa­gé­naire – juste une vie qui n’a pas vu le jour – le grand Lus­tu­cru (11), monstre de l’enfance, Janine (12) – Janine est folle, c’est dit, écrit, chan­té – maman, oui maman qui n’est pas si bien que ça (13) et c’est chouette, Cen­drillon en révolte (14)…

– Ren­dez-moi ma citrouille ! Appe­lez la Cara­bosse, et dites-lui qu’elle se grouille !

– Je ne peux pas, la manette est coin­cée ! (15)

Alors, il me reste, à moi, le sal­tim­banque, le trou­ba­dour, le fai­seur de rêves impé­ni­tent, il me reste le souffle d’air (16), celui que je garde pré­cieu­se­ment pour la der­nière (17) dans une petite boîte en fer sur l’étagère. Il me reste mes images, mes car­tons de sou­ve­nirs entas­sés autour du pia­no de grand-mère (18). Il me reste mon pin­ceau qui jubile, chaque nuit de pleine lune. Il me reste mes cou­leurs, mes aqua­relles (19).

Il me reste le vent. Le vent qui souffle loin devant.

Oui, je veux le vent (20).

HERVÉ SUHUBIETTE QUINTET

1. J’étais vieux (Presque Oui) ; 2. Hôtel (G. Apol­li­naire /​Her­vé) ; 3. Le corps des amants (S. Emma­rine /​Her­vé) ; 4. Les pen­sées sau­vages (Her­vé) ; 5. La visite (Her­vé) ; 6. Le charme (Her­vé) ; 7. Les étoiles et les cochons (B. Fon­taine /​A. Bel­ka­cem) ; 8. L’orgiaque foraine (Her­vé) ; 9. Dans les bras de l’ours (C. Nou­ga­ro /​Pul­ci­nel­la – Her­vé) ) ; 10. L’oiseau (C. Vanis­cotte /​Her­vé) ; 11. Le grand Lus­tu­cru (J.M Kol­tès /​Kurt Weill) ; 12. Janine est folle (Y. Régis /​Her­vé) ; 13. Maman elle est pas si bien que ça (A. Syl­vestre) ; 14. Ren­dez-moi ma citrouille (Her­vé) ; 15. L’année de la comète (Nino Fer­rer /​Nino Fer­rer – D. Ver­ret) ; 16. Le souffle d’air (Y. Régis /​Her­vé) ; 17. La der­nière (Her­vé) ; 18. Le pia­no de grand-mère (Her­vé) ; 19. Aqua­relles (Y. Régis /​Her­vé) ; 20. Je veux le vent (Y. Régis /​Her­vé).

Article initialement publié sur le site Nos Enchanteurs :
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