La Reine des aveugles, Monsieur Pierre, Suzanne, Little BalOuf, Prisca au Théâtre des Mazades (© droits réservés)

La Reine des aveugles, Mon­sieur Pierre, Suzanne, Lit­tle BalOuf, Pris­ca au Théâtre des Mazades (© droits réservés)

20 mars 2015 – Concert Lit­tle Balouf & Prisca

Pre­mière par­tie : Suzanne – Mon­sieur Pierre – La Reine des aveugles

Avec la par­ti­ci­pa­tion de Serge Lopez


Théâtre des Mazades (Tou­louse)

Bien sûr, il ne vous échappe pas que nous sommes le jour des élec­tions dépar­te­men­tales qui en font trem­bler plus d’un. C’est qu’on aurait par­fois la nau­sée à voir se répandre les idées qui donnent des haut-le-cœur. Alors se rendre au centre cultu­rel des Mazades, sur l’invitation d’Aqua­rius Prod, dans le nord de Tou­louse, tien­drait presque d’un ren­dez-vous poli­tique (faut-il pré­ci­ser : au sens noble du mot), d’un mee­ting. Mais sans candidats.

À grand ren­fort de poé­sie et de musique on va leur tordre le cou à ces idées brunes !!

Dans cette longue (trop longue ?) soi­rée éclec­tique, l’ouverture de La Reine des aveugles, en trois chan­sons seule­ment – et c’est bien dom­mage – claque comme une gifle. Ah ! cette Émi­lie Per­rin, elle vous secoue, sachez-le ! Cette scène bien moins intime (plus de 500 places) que celles qu’elle fré­quente habi­tuel­le­ment, lui va plu­tôt bien !

Elle pré­cé­dait la jeune Suzanne (Belaubre) qui nous avait tou­chés à l’occasion de l’obtention de son prix d’écriture Claude Nou­ga­ro en 2012. Les textes, le pia­no avaient lais­sé l’envie de la voir gran­dir. Faut l’avouer, ce fut une décep­tion : textes abs­cons (mais pour­quoi si peu d’humilité ?), voix… Elle nous lasse très vite. Et l’accompagnement de Mon­sieur Pierre et de ses musi­ciens, la pro­jec­tion d’images aux tons déli­cieu­se­ment pas­tel ne suf­fisent pas à convaincre.

On aime­ra bien davan­tage entendre Mon­sieur Pierre, artiste citoyen (dans les 18e et 20e arron­dis­se­ments pari­siens) comme on les aime. Ses chan­sons sont des voyages, mais… pas pour tou­ristes (Ave­nue Simon-Boli­var, Golfe d’Aden) !

En déca­lage total (soi­rée éclec­tique, on vous l’a dit !) l’étonnant trio Lit­tle Balouf – comme un retour aux années 70 – avec son lea­der gui­ta­riste déchaî­né, Fran­çois Petit (une vague res­sem­blance avec Cabu le rend sym­pa­thique d’emblée), et ses deux com­plices femmes, au jeu tout aus­si effré­né à la basse et aux per­cus­sions et bat­te­rie, impose sa joie comme cre­do ! Irré­sis­tible éner­gie, il faut le dire, par­ti­cu­liè­re­ment quand il invite une « batu­ca­da » ou Serge Lopez et sa gui­tare flamenca !

Enfin, la soi­rée s’achève avec Pris­ca, un groupe tou­lou­sain de la famille des Ogres de Bar­back, des Têtes Raides et autres for­ma­tions aux musiques métis­sées. C’est le lan­ce­ment de leur nou­velle tour­née (sor­tie du 4e album, Tas de fer­railles). Mah­foud Bet­tayeb, au chant, est un vrai bate­leur qui porte haut les cou­leurs de ses chan­sons. Il est magis­tra­le­ment accom­pa­gné, par un duo cla­ri­nette (Sébas­tien Porte est un dan­seur, un rocker, c’est un bon­heur de le voir « habi­ter la scène » !) et accor­déon (Guen­na­di Kopei­ka), Pierre Ber­trand aux gui­tares et man­dole, Vir­gile Groetz­ner à la contre­basse, et Franck Zura­no, à la bat­te­rie. Au fil des chan­sons on apprend qu’il a col­la­bo­ré avec Fabien Bœuf, Lény Escu­dé­ro ou Serge Lopez (encore lui !). Si l’écriture est inégale, on est fran­che­ment convain­cu par cer­taines chan­sons, entre ten­dresse d’une comp­tine (la chan­son titre de l’album), chan­son d’amour ou de poing levé, comme dans sa reprise de Potem­kine, ou cette chan­son à la gloire des ratés, des tordus…

On pense alors que la Chan­son est, à cer­tains moments de notre histoire/​Histoire (?), entre­prise de salut public.

Article initialement publié sur le site Nos Enchanteurs :
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