Quatre-40 : Alain Sourigues, Mamac, Alexandra et Guillo (© Patrice Mariolan)

Quatre-40 : Alain Sou­rigues, Mamac, Alexan­dra et Guillo (© Patrice Mariolan)

14 février 2015 – Sp’­Hinx, Quatre-40

Spec­tacle de fin de résidence

Avec Alexan­dra Her­nan­dez, Guillo, Alain Sou­rigues et Mamac


Espace Culture et Loi­sirs – Hinx (Landes)

Échap­per à la soli­tude, au repli sécu­ri­taire, à la peur de l’autre, échap­per à la pluie qui s’invite ce soir-là en Cha­losse, à 10 km de Dax, échap­per aux images de la vio­lence des hommes qui mettent déci­dé­ment un achar­ne­ment sin­gu­lier à abî­mer nos vœux de l’an neuf. Venir là, dans ce centre cultu­rel plein à cra­quer de l’envie du par­tage, venir voir éclore un désir de créa­tion : assem­bler, croi­ser en un tis­sage sub­til quatre uni­vers Chan­son sur une même scène.

Au lever du rideau rouge, c’est un décor intime, fai­ble­ment éclai­ré de tons chauds qui nous accueille et nous met en condi­tions. Un fau­teuil confor­table à jar­din, un petit bar à cour et au centre une table où attendent les verres, une bou­teille de rouge et une carafe d’eau.

Venez donc boire un coup ! Écou­tez quelques chan­sons au son des gui­tares et de la contre­basse pour don­ner le tem­po. Une petite flûte à bec et le saxo­phone d’Alexandra font le reste !

On croit la chan­son en perte d’élan, en per­di­tion aux dires de cer­tains et voi­là ! Il suf­fit de quatre artistes du ter­roir, de l’invitation d’une asso­cia­tion cultu­relle et hop ! Quatre jours de rési­dence et on vous fait même de l’inédit !

Quatre-40 - Guillo, chaud, doux, léger et mélancolique (© Patrice Mariolan)C’est chaud, c’est doux, léger et mélan­co­lique avec Guillo, comme avec cette der­nière fleur sur­vi­vante d’on ne sait quel cata­clysme, ou cette vieille dame sans mémoire qui en appelle à la danse. C’est Alexan­dra, avec Guillo (l’auteur !) à la gui­tare et Mamac à l’harmonica qui lui donne un sup­plé­ment de vie. C’est per­cu­tant aus­si comme ce « chien de la fille Bou­le­vard des Maré­chaux ». De son siège pas­sa­ger il pour­rait don­ner des leçons aux « pauvres humains ». C’est pro­fond comme l’est Mamac avec ses airs bon enfant et ses textes de poé­sie pure, où l’on devine l’engagement d’une vie pour la beau­té, pour le « par­fum des roses ». C’est trou­blant, sou­vent quand, Alexan­dra pleine de malice, réunit ses trois hommes autour du bar pour la petite chan­son d’une enfant gran­die trop vite, ou lorsque seule à la contre­basse elle dit, chante un texte qui, de la dou­ceur, bas­cule dans la souf­france. Une vie de mal aimée en somme. Elles sont légion, nous le savons, hélas. Mais c’est fran­che­ment joyeux aus­si quand Sou­rigues, fidèle à lui-même, vient mettre sa touche fan­tai­siste, jongle avec les mots qui bon­dissent, rebon­dissent : « Sans pré­avis de rêves, réveillons en nous l’oiseau ! »

Quatre-40 - Alexandra et Mamac (© Patrice Mariolan)On chante en chœur sur la chan­son de l’autre, on mêle, on échange. C’est peut-être fleur bleue, chante Alexan­dra, « mais c’est beau et je bois le chant des oiseaux ».

On vient s’asseoir en bord de scène tous les quatre pour mieux se rap­pro­cher des regards et des cœurs bat­tants. On entonne pour finir un bon vieux Joe Das­sin, Salut les amou­reux, que tout le monde peut fredonner :

« On s’est aimé comme on se quitte /​Tout sim­ple­ment sans pen­ser à demain /​À demain qui vient tou­jours un peu trop vite… »

C’est du bon­heur simple, et vrai d’entendre ces quatre-là nous offrir comme un arrêt sur image, un cli­ché huma­niste de la géné­reuse chan­son d’aujourd’hui.

Puissent les pro­gram­ma­teurs, patrons de salles, s’intéresser à cette créa­tion-là qui peut conci­lier, récon­ci­lier tous les publics. Est-ce si fréquent ?

Article initialement publié sur le site Nos Enchanteurs :
Lien vers l'article sur le site Nos Enchanteurs