Hélène Piris, à la croisée des routes (© Claude Fèvre)

Hélène Piris (© Claude Fèvre)

20 octobre 2015 – Hélène Piris, Chan­sons à cordes tendres

Apé­ro spectacle

Avec Hélène Piris (vio­lon­celle, voix), Oriol Mar­ti­nez Codi­nachs (gui­tares)


Théâtre du Grand Rond (Tou­louse)

Venir cinq soirs, à l’heure de l’apéro au théâtre du Grand Rond, à quelques enjam­bées de la Halle aux Grains, voi­là qui ne manque pas de panache pour une artiste qui a fré­quen­té assi­dû­ment les hauts lieux de la musique lyon­naise, non ?

Hélène Piris est déjà venue là, il y a deux ans, avec vio­lon et alto. Elle a lais­sé le sou­ve­nir d’une belle voix et d’une pré­sence déli­cieu­se­ment enca­naillée. D’ailleurs ce soir la petite salle du bar est comble. C’est un galop d’essai pour Hélène Piris et son nou­veau com­plice. Pour cette « pre­mière », Hélène n’a pas pris l’archet et s’est conten­tée de mar­quer le tem­po avec son vio­lon­celle lais­sant aux gui­tares le pre­mier rôle. Et quel rôle ! On se prend à aimer ces atmo­sphères-là. On s’en lais­se­rait même conter davan­tage sur leurs rivages lati­no ou jaz­zy. Pour­tant on ne vous cache­ra pas que l’on est légè­re­ment frus­tré de ne pas avoir enten­du la voix du vio­lon­celle à l’archet. Mais Hélène Piris a pro­mis d’y remé­dier dans les jours à venir… C’est une façon de dire que cette scène c’est avant tout l’opportunité de tes­ter ses chan­sons face à un public. Pro­fi­tons de l’occasion pour rap­pe­ler que ce lieu, à cette heure-là, offre la pré­cieuse oppor­tu­ni­té de s’essayer à des nou­veau­tés, de rôder un spec­tacle, de se rap­pe­ler au bon sou­ve­nir des spec­ta­teurs aussi…

Hélène Piris (© Claude Fèvre)

Hélène Piris est de ces jeunes artistes qui, forts de leur solide for­ma­tion ini­tiale ins­tru­men­tale et vocale, peuvent s’en aller à la ren­contre de quan­ti­té d’univers. Elle ne s’en prive d’ailleurs pas et par­ti­cipe à de nom­breux pro­jets qui sont autant d’aventures : TagadT­sing, qua­tuor vocal paro­dique, ou Sama­ra­ba­louf, swing et jazz manouche.

Côté chan­son elle se dit en période de tran­si­tion, en quête de ce qui vibre­ra à l’unisson de la femme qu’elle est deve­nue. On sent cette hési­ta­tion, plus exac­te­ment cette réflexion, dans son concert. Bien sûr elle donne tou­jours dans la fan­tai­sie, la gouaille – ce qui, notons-le, ravit le public – mais elle expé­ri­mente aus­si des ter­ri­toires plus intimes. Nous gar­de­rons le sou­ve­nir de quelques titres : déli­cat effleu­re­ment des mots, décla­ra­tion d’amour à la « femme ama­zone » ou bien l’hommage à sa terre ori­gi­nelle : « On ne connaît pas la Pro­vence /​Tant qu’on n’en est jamais par­ti ». Sans doute est-ce là l’intention pre­mière, mal­gré des retours à la gau­driole, puisque ce spec­tacle s’intitule : Chan­sons à cordes tendres. On attend qu’elle s’y engage vraiment.

On ose­ra dire enfin que la beau­té presque dia­phane de l’artiste, sa sil­houette gra­cile, sa voix dont elle peut tirer des effets, de la sen­sua­li­té à la colère, le choix du vio­lon­celle, excep­tion­nelle caisse de réso­nance de toutes nos émo­tions, la gui­tare aus­si, tout cela nous condui­rait à l’imaginer dans le sillage d’une Angé­lique Iona­tos… comme un écho de leurs deux noms trem­pés à l’encre bleu de la Grèce. On aime­ra suivre ce cheminement-là.

Article initialement publié sur le site Nos Enchanteurs :
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