Festival Bernard DIMEY 2016, avec Katrin Waldteufel le bonheur existe (© droits réservés)

Avec Katrin Wald­teu­fel le bon­heur existe (© Domi Decker)

6 mai 2016 – Cello Woman Plugged

Katrin Wald­teu­fel (vio­lon­celle, chant), Bas­tien Lucas (gui­tare, cla­vier, loo­per, chœurs), Chris­tophe Mosch­ko­vitch (créa­tion lumière et son)

Centre culturel Robert Henry à Nogent (Haute-Marne)

« Cello Woman et Mr Cello sont com­plé­men­taires : elle lui chante des mots, il lui joue des notes. Mr Cel­lo, qui se pro­nonce « tchél­lo » (il est très sen­sible à la pro­non­cia­tion) c’est son violoncelle !!!

Comme son nom (ne) l’indique (pas) Cel­lo Woman chante en français !

Cel­lo Woman est chan­teuse-vio­lon­cel­liste comme cer­tains sont plom­biers-chauf­fa­gistes… Dans son uni­vers elle débauche les bai­gnoires et console les chau­dières en panne…

Elle est tom­bée dans la musique très jeune car l’un de ses aïeux, Émile, fut grand com­po­si­teur de valse, tan­dis que l’oncle de celui-ci était pro­fes­seur de vio­lon­celle à Strasbourg.

Katrin’ alias Cel­lo Woman s’entoure aus­si de vrais gens comme Gilles Rou­caute et Zed van Trau­mat pour la co-écri­ture des textes, Johanne Matha­ly pour l’apprentissage des arran­ge­ments, Bas­tien Lucas pré­sent sur scène dans le nou­veau spec­tacle Cel­lo Woman Plug­ged.

Comme des chan­sons conti­nuent de naître et pour leur per­mettre de s’épanouir Cel­lo Woman a eu envie d’intégrer une fra­ter­ni­té-chan­sons comme Les frères de la côte. »

Les Frères de la Côte

Sur la scène trône un vio­lon­celle en majes­té. Il suf­fit à créer le désir, l’appétence… Écou­ter cet ins­tru­ment qui pos­sède tant de talent pour char­mer, ensor­ce­ler… Alors quand on vous annonce une « femme vio­lon­celle », votre ima­gi­na­tion vous des­sine déjà des îles où dépo­ser vos rêves…

Le concert com­mence par la décla­ma­tion en cou­lisses du texte superbe de Ber­nard Dimey Les enfants de Louxor, déli­ca­te­ment accom­pa­gné d’une gui­tare élec­trique qui s’est faite pudique devant la beau­té des mots. On s’installe confor­ta­ble­ment dans son fau­teuil. Ça y est, on est prêt pour l’envol.

Katrin Wald­teu­fel entre en scène, petite femme menue, sobre­ment vêtue de noir, avec juste ce qu’il faut de fan­tai­sie pour cap­ter votre atten­tion : chan­teuse aux pieds nus, un petit plu­met sur la tête, ou plu­tôt une mèche de che­veux qu’elle a dres­sée sur son front et une grosse fleur rouge au-des­sus de l’oreille. C’est joli. Bas­tien Lucas l’escorte, à la gui­tare élec­trique, ou au cla­vier, se pose à dis­tance res­pec­tueuse du duo femme-vio­lon­celle. Car c’est bien de cela qu’il s’agit.

Le plus sou­vent Katrin joue du vio­lon­celle debout. Ce n’est pas un détail. Elle s’impose ain­si à notre regard comme amar­rée à son ins­tru­ment, son com­pa­gnon, son maître… Lequel des deux dicte à l’autre ? Allez savoir.

On pense inévi­ta­ble­ment à une femme-pia­no et à ses « délires inter­pla­né­taires », à Bar­ba­ra… C’est une his­toire sin­gu­liè­re­ment intri­gante que cette rela­tion à l’instrument. Alors, oui, il se joue là, l’histoire d’une femme et de son vio­lon­celle… On pense même qu’il devrait avoir droit, au cours du voyage, à un moment rien que pour lui, quelque chose comme une suite de Bach.

Dans ses chan­sons Katrin s’impose d’abord comme celle qui sait dire non, et dira oui, peut-être à la fin… mais par amour seule­ment ! Il est ques­tion aus­si de sépa­ra­tion, d’attente, de clics et de clacs, de mer qui a man­gé la plage, d’une grand-mère qui laisse tout faire – à condi­tion de ne pas tou­cher la pho­to de papi ! – du ver­nis qui craque sur la peau des gar­çons, d’un mar­chand de sou­ve­nirs, d’un père absent où le vio­lon­celle dit sa colère, d’un reg­gae pour te dire, mon petit, Quoique tu dises /​Quoi que tu fasses /​Per­sonne ne vivra à ta place… d’un aveu tendre « je ne veux pas te perdre »…Et pour finir d’un mer­ci géné­reux au public. C’est frais, c’est léger. On aime cette chan­son-là qui a des airs d’enfance, des allures de comp­tines à fre­don­ner en partant.

Quand Katrin revient en rap­pel pour chan­ter L’affiche rouge, assise cette fois, le vio­lon­celle contre son buste, on devine qu’elle peut aus­si – en oubliant les jeux offerts par les boucles du sam­pler – ponc­tuer son spec­tacle d’instants plus sobres et plus profonds.

Très loin du titre anglais du spec­tacle – un peu dis­so­nant, avouons – on emporte le sou­ve­nir char­mant d’une femme – vio­lon­celle qui nous a offert une bien jolie part de bonheur.