Concèze, Clio (© Claude Fèvre)

Concèze, Clio (© Claude Fèvre )

19 août 2016 ‑Concèze, Clio avec L’Ensemble DécOUVRIR

avec Clio /​Clio Tour­neux, chant, Paul Roman, Gui­tares. Etienne Cham­pol­lion, pia­no, cla­vier & l’Ensemble DécOUVRIR.– Mat­thias Vin­ce­not & l’ensemble DécOUVRIR , extraits de l’album, Hors Cadre - Michel Leclerc & Baya Kas­mi – Bri­gitte Fos­sey & Pierre Fes­quet accom­pa­gnés par Etienne Cham­pol­lion au pia­no A la recherche de Vic­tor Hugo 

Salle du Foyer rural – Concèze (Corrèze)

Pour don­ner un titre à cette sep­tième et der­nière soi­rée on emprunte à Clio, à sa chan­son Prin­temps, au risque de la dis­cor­dance. En plein mois d’août qui ose même prendre aujourd’hui des airs d’automne. Les chan­sons de Clio sont assu­ré­ment « Un coup d’éponge sur les jours sombres »… Au risque de nous répé­ter- nous l’avions déjà écrit il n’y a pas si long­temps pour saluer son album – Clio c’est un zéphyr qui souffle sur la Chan­son et sur cette ultime soi­rée. Un vent doux, tiède, léger et par­fu­mé. Son écri­ture aérienne peint des tableaux qui lui res­semblent. Elle appa­raît en scène, « fra­gile, sus­pen­due à son micro comme au fil d’un bal­lon de bau­druche qui sur­vo­le­rait une fête foraine, des manèges pour tout-petits s’entendent, à moins que ce ne soit plu­tôt une cour d’école mater­nelle. » C’est ain­si qu’elle nous l’avions vue sur la scène du Théâtre des Nou­veau­tés à Tarbes pour le Pic d’Or et c’est ain­si que nous la retrou­vons qui nous chante Prin­temps, Chamalow’s song, Des équi­li­bristes, Plein les doigts… Nous aimons aus­si cette pose faus­se­ment enfan­tine, naïve, pour énon­cer sa liber­té de femme amou­reuse… « Je tombe amou­reuse de temps en temps… Qu’est ce que je deviens si je n’ai plus de cha­grin »… C’est exac­te­ment la même « inno­cence » lorsque pour annon­cer sa chan­son Eric Roh­mer est mort elle dit au public sans nom­mer le réa­li­sa­teur : « Il est né pas très loin d’ici, à Tulle… et ensuite il est mort ». On note­ra que Clio bavarde peu en scène, ne ges­ti­cule pas. Son inter­pré­ta­tion mini­ma­liste, ses textes nous suf­fisent sur­tout ce soir où l’accompagnement d’Etienne Cham­pol­lion et Paul Roman ses habi­tuels com­plices est enri­chi des cordes, de la cla­ri­nette et du bas­son de l’ensemble DécOUVRIR… Encore un de ces cadeaux de ce festival.

On ne quit­te­ra guère cette atmo­sphère de poé­sie déli­ca­te­ment posée, sans effets osten­ta­toires, en écou­tant Mat­thias Vin­ce­not dont les mots s’enroulent volup­tueu­se­ment aux mélo­dies de l’ensemble. Nous avions salué leur ren­contre dans l’album Hors Cadre en ces termes : « La musique de cet ensemble escorte avec déli­ca­tesse, pudeur et vir­tuo­si­té. Elle sublime le texte[…]Elle nous trans­porte le plus sou­vent dans des atmo­sphères roman­tiques proches d’Edvard Grieg, ou post — roman­tiques comme Camille Saint-Saëns, Gabriel Fau­ré, Ravel… mais on entend aus­si des petites valses proches de celles de Yann Tiersen… »

On n’en dira pas autant sur l’harmonie de la soi­rée avec le duo qui vient ensuite, celui de Michel Leclerc et Baya Kas­mi. A vrai dire on s’étonne encore de cet humour dont la finesse nous a tota­le­ment échap­pé. Presque un choc après ce que nous venions d’entendre. Peut-être ne nous était-il seule­ment pas pos­sible d’accueillir ce décalage ?

Quant à Bri­gitte Fos­sey et Pierre Fes­quet que nous atten­dions avec une légi­time impa­tience dans leur Recherche de Vic­tor Hugo, ose­rons-nous écrire notre décep­tion : un jeu pour nous par trop exces­sif, une emphase, une inter­pré­ta­tion confi­nant à la pan­to­mime, une décla­ma­tion qui n’auraient certes pas été ana­chro­niques du temps de Vic­tor Hugo. Un manque notable de sim­pli­ci­té, de dépouille­ment mal­gré, bien sûr, le talent des interprètes.

Pour jus­ti­fier notre impres­sion on dira seule­ment que l’écriture roman­tique de Vic­tor Hugo, en elle-même char­gée d’effets, d’emphase, d’hyperboles ne néces­site peut-être pas que l’on en rajoute… Et quand le poète aborde l’intime de la souf­france, celle de la perte de sa fille, on aime­rait beau­coup de dou­ceur, de déli­ca­tesse, une forme de recueille­ment pour nous rap­pe­ler ce poème qui ne perd rien de son effet : « Demain, dès l’aube, à l’heure où blan­chit la cam­pagne /​Je par­ti­rai… »  On a beau­coup aimé le choix de textes emprun­tant à tous les genres dans lequel Vic­tor Hugo s’est illus­tré et qui font curieu­se­ment écho à notre époque. Dou­lou­reu­se­ment écho… Et sur­tout, sur­tout, le voyage musi­cal offert par Etienne Cham­pol­lion : Bee­tho­ven, Liszt, César Franck, Doni­zet­ti, Fau­ré… Déci­dé­ment ce fes­ti­val DécOU­VRIR ne serait pas ce qu’il est sans cet artiste, mul­ti ins­tru­men­tiste, com­po­si­teur, arran­geur et son ensemble…