Éric Lareine et Pascal Maupeu, Mop da Queen (© Ida Jakobs)
23 septembre 2015 – Éric Lareine et Pascal Maupeu, Mop da Queen
Le Bijou (Toulouse)
On sait Éric Lareine aventurier avant tout. Cette fois-ci il s’invente un rendez-vous d’importance, en début de saison, et nous invite quatre soirs au Bijou. C’est prendre le risque d’une dispersion du public. Tant pis ! Ce soir c’est pire que tout : match de foot ET coupe du monde de rugby se sont coalisés contre lui. À Toulouse ! Imaginez un peu ! Est-ce suffisant pour vous dire que les petites rues autour du bistro-resto-salle de concerts ne laissent plus l’espoir de se garer et que certains spectateurs seront contraints de renoncer. « C’est toute ma vie » dira Éric. On devine… On sait ce que tracer sa route d’auteur chanteur signifie. Ce soir, il pourra serrer la main de chaque spectateur en remerciement.
Mais il va de soi qu’il mouille sa chemise tout autant que devant une salle comble et Pascal Maupeu, son duettiste, n’est pas de reste. Commençons par lui, ce guitariste qui peut tout exprimer, tout suggérer. La plupart du temps courbé sur son instrument, tête baissée, en totale osmose avec le texte que dévide Éric assis à ses côtés, il laisse à sa guitare tout l’espace. Elle gémit, pleure, crie, murmure. Elle hurle aussi. Personnage à part entière de ce spectacle au nom improbable, Mop da Queen, ses longs riffs nous ramènent aux sources. Sources du rock, du blues, de la country bien entendu, sources de la pop des années cinquante-soixante. C’est pour mieux nous escorter dans les chansons bien d’aujourd’hui d’Éric Lareine. Découvrez ce maillage entre passé et présent dans la conduite du concert qu’Éric a tracée à notre intention de son écriture appliquée.
Dans ses textes émergent des visions, des images, une sensation de vivre un « road movie » dont on connaît trop bien le tragique dénouement. Main tendue aux superbes textes anglais de Léonard Cohen, Bob Dylan, John Lennon… Nous avions déjà eu l’occasion de commenter ce travail d’écriture qui ce soir trouve sa justification dans trois moments de lecture, celle d’extraits signés Nick Cohn. Nous sommes touchés au cœur par le talent de ce chroniqueur qui retrace l’épopée du rock, « geste héroïque de la musique populaire », son âge d’or dans un ouvrage titré – Allez on se lance ! – « Wop Bop a lulla a lop bam boom »… oui, oui, le fameux Tutti Frutti !
Hâtez-vous d’aller écouter (ou de programmer !) Éric Lareine et Pascal Maupeu dans Mop da Queen agrémenté de ces respirations-là.
Lecteur aussi talentueux que rocker déchaîné, il faut avoir entendu l’histoire de Billy Fury ou bien l’évocation épique d’une horde de filles poursuivant la limousine des Stones et cette conclusion que pourraient s’approprier Éric et d’autres avec lui (on pense au duo Frédéric Bobin/Pierre Delorme entendu cet été) :
« La pop en soi, son bourdonnement qu’on entendait partout… Elle a régi ma vie. Elle a créé mes mythes ».