Festival Bernard DIMEY 2016, Mazo fait son grand cirque (© Domi Decker)

Mazo fait son grand cirque (© Domi Decker)

4 mai 2016 – Mazo, Mac Abbé et le Zombi orchestra

avec Julien Regnault (chant, contre­basse), Quen­tin Dela­place (cla­viers, chœurs), Clé­ment Vincent (gui­tare, chœurs), Alexandre Vincent (bat­te­rie, chœurs), Louis Paris (trom­bone), Xavier Bou­tin (saxo­phones), Sébas­tien Mino­dier (son) et Julien Bador (lumières)

Centre culturel Robert Henry à Nogent (Haute-Marne)

Ils sont six en scène, un sex­tet com­plè­te­ment zom­bi, du moins, cos­tumes, ges­tuelles, et sur­tout maquillages veulent-ils nous faire croire à ce monde fan­tas­tique auquel bien enten­du on n’accorde pas le moindre cré­dit. On joue volon­tiers à se faire peur et l’on sou­rit sou­vent de tous ces fal­ba­las de Foire du Trône, côtés mai­sons han­tées et trains fan­tômes. Le fond de scène ne dépa­re­rait pas dans un remake du Por­trait de Dorian Gray.

Voi­là donc une for­ma­tion, autour de l’auteur — chan­teur — contre­bas­siste qui a tout pour séduire les plus jeunes qui semblent avoir actuel­le­ment un goût pro­non­cé pour ces figures d’Halloween et leurs dégui­se­ments dia­bo­liques et mor­bides. Peau blan­chie, yeux sou­li­gnés de char­bon noir, bouches fen­dues ou san­glantes… Tout y est.

Louis Paris et Xavier Bou­tin aux cuivres accom­plissent d’ailleurs un fas­ci­nant duo. Sans jamais relâ­cher leur ges­tuelle entre folie et han­di­cap. Ils par­viennent ain­si à jouer de leur ins­tru­ment dans les posi­tions les plus invrai­sem­blables. On se sent hap­pé par leur prestation.

Toutes les chan­sons sont inter­pré­tées avec la même éner­gie, au rythme puis­sant d’une bat­te­rie omni­pré­sente, sans répit, sans décé­lé­ra­tion au point, peut-être, de las­ser ou fati­guer le spec­ta­teur. Ou tout sim­ple­ment de prendre le risque de perdre l’effet recherché.

Avouons, on passe un joyeux moment, empor­té dans le tour­billon du Zom­bi orches­tra et dans les lumières qui l’accompagnent. Côté textes, on com­prend assez vite qu’ils reposent sur le prin­cipe du contre-pied de tous les bons prin­cipes, des valeurs, qui régissent notre vie en société.

Gare pour­tant ! Tout n’est sans doute pas un jeu ! Depuis que je vends, par exemple, vous donne le filon pour ne plus être pauvre… vente d’armes ou de drogues, vous avez le choix ! Alcool est un hymne à ce breu­vage d’une effi­ca­ci­té redou­table pour vaincre vos maux, et La fabrique des monstres, le plus sûr pré­cepte édu­ca­tif. Un stage d’été peut suf­fire pour votre pro­gé­ni­ture mal élevée !

Et que dire de L’Amour ? « C’est un truc de pédé », alors mieux vaut s’en tenir éloi­gné, n’est ce pas ?

Ce groupe ne manque pas de créa­ti­vi­té, comme le démontre le livre disque qu’ils vendent à la sor­tie du concert. En scène il joue avec tous les effets pour peu qu’elle soit assez grande pour accueillir leur grand Cir­cus, un spec­tacle total comme la chan­son sait par­fois s’en offrir.

Diable (!!) il n’est pas encore né celui qui sau­ra don­ner la défi­ni­tion de cet art poly­morphe qu’est la Chan­son. Démons­tra­tion faite ce soir à Nogent.