Depuis 2008, Gérard Morel est président du Centre De La Chanson, une association qui conseille et accompagne les jeunes chanteurs dans leur aventures professionnelles http://(http://www.centredelachanson.com/)
23 décembre 2015, Gérard Morel & la guitare qui l’accompagne Cave Poésie René Gouzenne, Toulouse
Gérard Morel n’est pas homme à cultiver sa solitude, enfin, du moins, on le devine à regarder son parcours. Homme de théâtre d’abord, c’est en termes de troupe, de clique, d’équipe, c’est d’abord au pluriel qu’il envisage son rapport à la scène. Alors le voir seul avec sa guitare, en acoustique, c’est en soi déjà un moment à savourer.
A dire vrai, c’est un sacré privilège, à vingt quatre heures de Noël, dans un lieu comme celui où il s’est installé pour quatre soirs. La pierre rouge de la cave, ses cinquante fauteuils en gradin, lui offrent un écrin protégé des rumeurs de la ville, une bonbonnière serait le mot juste – pour offrir à son public la dégustation de ses chansons sucrées.
Pour mieux encore saluer son goût raffiné du théâtre on notera d’abord le soin apporté aux détails. A sa droite petite table basse recouverte d’une nappe rouge où l’on apprécie le verre et sa bouteille teintés du même bleu – vert, à sa gauche le pupitre du même rouge. Rouges les chaussures et rouge aussi la chemise d’une texture légèrement soyeuse. Le tabouret dont il s’amuse est, comme de bien entendu, rouge lui aussi. Détails me direz-vous ? Oh que nenni ! En scène tout est langage et l’artiste averti nous le signifie, de même que ses mimiques, ses sourires, ses yeux qui pétillent de malice, ses courtes anecdotes qui ponctuent son concert. Ah, celle du mari de sa sœur qui « s’en va faire le tour de la terre (en tracteur !) pour vérifier si elle tourne bien rond ».On n’a surtout pas envie d’aller vérifier s’il existe vraiment ce poète de la vie !
Mais le comédien écrit des chansons et quelles chansons ! C’est en rappel, dans une chanson toute neuve, qu’il en donne le ton, en glissant le nom de son complice pour la musique, Stéphane Méjean. Petite chanson à la con, « celle qu’on chante sans façon »…mais « ça ne se fait pas à la papa » ! On veut bien le croire, Gérard !! Pas si simple qu’elles pourraient en avoir l’air, ses chansons où il voudrait nous faire croire qu’il suffit d’assembler les mots et leurs sonorités comme on enfile des perles. Son goût de la rime dont il use et abuse à l’envi c’est un art, du grand art car sous ces oripeaux de jeux de mots, en vérité, c’est de l’émotion qu’il tisse. De chanson tranquille, en chanson rapide, philosophique ou gastronomique, c’est avant tout un hymne à l’amour. Quinze chansons pour rendre hommage à cet être que gourmand il butine, lutine aussi, affamé de tendresse et de caresses, à moins que ce ne soit l’inverse, de caresses et de tendresse… Car c’est en épicurien qu’il écrit ses chansons. Les portraits de femmes défilent et leurs corps sont autant de mets offerts à savourer délicatement, des yeux bien sûr mais du reste aussi. Et s’il nous fallait garder une seule chanson ce serait à coup sûr Le nu te va si bien. « Craquante comme tout » !
Gérard Morel n’égratigne pas ou si rarement. Il préfère le détour de l’humour et du verbe joyeux. Avant de se quitter, à la veille de Noël, on entonne de bon cœur/choeur son hymne épicurien : Cantique en toque.