Pochette de l'EP de Jules Nectar (© droits réservés)

Pochette de l’EP de Jules Nec­tar (© droits réservés)

10 juin 2015 – Pré­sen­ta­tion de l’EP de Jules Nectar

Avec Jules Nec­tar (gui­tare, chant, har­mo­ni­ca, valise, sam­pler), Clé­ment Fois­seau (gui­tare élec­trique), Michael Natale (contre­basse, chœurs)


Le Bijou (Tou­louse)

Mais oui, ça fait boum… et sur­tout n‘allez pas croire que c’est un titre com­plai­sant, ou un écho pares­seux à celui de La Dépêche du Midi du jour qui nous pro­met une chan­son qui « sonne années 50 »… Jules lui-même aurait-il pro­non­cé ces mots-là ? J’avoue, ce serait décon­cer­tant. Lais­sons de côté cette ques­tion jour­na­lis­tique (ah, l’appel du titre ! tout un art…) pour dire sans aucune rete­nue que Jules a fait fort, très fort.

La salle du Bijou affiche com­plet avec un public fami­lier, conquis certes mais aus­si à conqué­rir. Le tout donne une ambiance du ton­nerre ! Alors por­té par cet enthou­siasme, par le jeu de gui­tare élec­trique de Clé­ment Fois­seau, qui nous offre au pas­sage quelques riffs savou­reux, et la gaî­té bon enfant de Mickaël Natale à la contre­basse, Jules débride, débou­tonne car­ré­ment ses chan­sons. D’ailleurs on note­ra qu’il a lais­sé son look de gendre idéal, sa che­mise fraî­che­ment repas­sée et sa cra­vate orange pour une sil­houette tee-shirt jean, fran­che­ment plus décon­trac­tée. Ses chan­sons donc s’en vont flir­ter sans ver­gogne avec un pop-rock du meilleur effet ryth­mique et si l’on devait évo­quer des réfé­rences, on son­ge­rait à nos chères seven­ties, à Renaud, Cabrel, Gold­man, Simon et j’en passe… Est-ce assez pour dire que cette chan­son-là, loin de nous rame­ner au charme dis­cret de nos nos­tal­gies, a de l’avenir devant elle car elle a ce petit quelque chose qui parle à toutes les générations ?

Et que nous disent-elles ces chan­sons-là ? Le ton n’est pas aus­si léger que pour­rait le lais­ser sup­po­ser ce qui pré­cède. Jules écrit avec sa vie d’homme d’aujourd’hui et même si son concert s’ouvre sur J’aime, un véri­table cre­do, un hymne à la vie, il tem­père vite cette joie-là avec les doutes, la mélan­co­lie, Je m’attends au pire, Seul et petit, Recol­ler et cette toute nou­velle chan­son qu’il étrenne ce soir : « Je suis à côté, je les regarde jouer »… Dans ce monde, il faut bien l’avouer, on entend sou­vent gron­der l’orage et tom­ber la pluie « il pleut sou­vent entre deux abri­bus » Bien sûr, on s’y attend, Jules nous parle d’amour aus­si et le fait plu­tôt bien, avec une per­cep­tion déli­cate et tendre de la femme, celle que l’on aime, celle que l’on espère encore ou même seule­ment celle que l’on entend venir der­rière soi et dont on ima­gine la sil­houette : « J’aime, madame, der­rière moi /​le bruit de tes pas /​Sur le maca­dam, Madame… » On s’arrêtera avec émo­tion sur une chan­son ins­pi­rée du film Rêves d’or, de Die­go Que­ma­da Diez (2013), une chan­son qui colle étran­ge­ment à la dure réa­li­té des migrants. Cette chan­son-là, très réus­sie, pour­rait en ins­pi­rer d’autres, et don­ner ain­si un nou­vel élan, une autre ampleur aux sources d’inspiration sou­vent très inti­mistes du jeune auteur.

En somme, Jules a confir­mé ce soir avec brio le choix du jury de Vive la reprise, à l’automne der­nier. Il peut, confiant, regar­der venir les dates de l’été, à com­men­cer par Chan­sons de parole à Bar­jac. Espé­rons qu’à cette occa­sion-là, il recueille, comme ce soir, beau­coup de bons de sous­crip­tion pour son futur album, autant de preuves de son suc­cès méri­té, tant il demeure évident que c’est sur scène et avec la scène que se gagne une réputation.

Article initialement publié sur le site Nos Enchanteurs :
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