Orlando, King kong Power (© Guy Térache)

Orlan­do, King kong Power (© Guy Térache)

22 jan­vier 2015 – Orlan­do, King Kong Power

Sor­tie de l’album

Avec Aïda San­chez (chant, pia­no), Chris­telle Boi­zan­té (chant, cla­vier, per­cus­sions), Fré­dé­ric Mar­chand (chant, accor­déon, pia­no, yukulélé).

Avec la par­ti­ci­pa­tion de Lina Lamont (contre­basse) et Didier Dulieux (accor­déon)


Le Bijou (Tou­louse)

Fou, oui, c’est fou ! Déran­geant, inso­lite, irréel, inclas­sable ! Voi­là qui est dit et pour­tant c’est bien cette chan­son non iden­ti­fiable, « trans­genre », qui, l’année pas­sée, s’est offert deux prix et pas des moindres : le 1er prix du trem­plin fran­co­phone du Mans Cité Chan­son, puis le prix du public et celui de la meilleure musique au Pic d’Or à Tarbes.

C’est fou ce trio, qui serait plu­tôt la confron­ta­tion créa­tive de trois uni­vers sin­gu­liers ! Tous trois écrivent, com­posent et cha­cun leur tour ils nous emportent dans leur monde, tan­tôt fée­rique et tendre, tan­tôt révol­té, tan­tôt déjan­té et bur­lesque… Ils brouillent les pistes, s’échangent les ins­tru­ments, pia­no, accor­déon, cla­vier, uku­lé­lé, petites per­cus­sions, et ce soir tout par­ti­cu­liè­re­ment sont invi­tés contre­basse et un deuxième accordéon !

Par­fois même tout se fond, se confond. On rit fort, très fort des pitre­ries d’Aïda, clown pathé­tique et gla­çant, mais on le sait depuis long­temps, c’est le rire qui nous sauve de la déses­pé­rance. On fris­sonne devant la sil­houette rouge et tour­billon­nante de sen­sua­li­té de Chris­telle. On s’émeut de la sil­houette fine, de la voix entre humour, lyrisme et colère de Fré­dé­ric deve­nu Pierre, humain débu­tant avec ses faux airs de Laurent Viel, funam­bule entre fémi­nin et masculin.

C’est fou ce spec­tacle plus caba­ret que concert dont les per­son­nages sont habillés de rouge car­min et de vio­let, cou­leurs de la pas­sion, du pou­voir… et du théâtre !

Ils paradent, pro­voquent, dans des tenues sty­li­sées qu’ils trans­forment et dont ils jouent pour nous empor­ter dans leur uni­vers fan­tas­ma­go­rique où la musique tour­billonne aus­si. Le long man­teau qui cache au début la trou­blante robe rouge de Chris­telle nous ferait pen­ser à celui du Petit Prince cro­qué par son auteur… On ne sait pas « com­ment la soi­rée va se ter­mi­ner » comme le dit la deuxième chan­son, « on est aspi­ré par la porte »… et der­rière la porte, tout un monde fan­tas­tique qui nous arrache au monde gla­çant d’inhumanité qui ouvre le spectacle.

Même pas peur ! Même pas peur de « l’ogre, du croque-mitaine des petits et des grands » cro­qués par Aïda qui se coiffe d’une cou­ronne royale de paco­tille ! Car la beau­té est là aus­si, le miel de l’amour, et cet appel à ce « nou­veau ren­dez-vous, à ce bon­heur qui ruis­selle », à cette « pluie de plai­sirs. » On ne résiste pas, on est bien prêt de s’y sou­mettre sur­tout lorsque Chris­telle nous invite dans sa danse ou lorsqu’elle des­sine cet ins­tant de rêve : « Dans mon lit de plume y a du soleil qui zèbre mon corps au réveil… » Hâtons nous de jouir de ces gour­man­dises-là (émou­vante décla­ra­tion d’amantes et bai­ser d’amour en point d’orgue !) car la mort est à nos trousses : « Com­ment mou­rir sur cette terre /​Encore un luxe sup­plé­men­taire » chante Aïda.

C’est fou, cette vie-là ! Hâtons-nous d’en rire comme dans cette reprise lou­foque qui se joue du dis­co avec brio et qui nous enjoint : Reste vivant !

Pas si fou que ça finalement !

Article initialement publié sur le site Nos Enchanteurs :
Lien vers l'article sur le site Nos Enchanteurs