Finale du Pic d’Or 2017 – For The Hackers (© FTH)

Finale du Pic d’Or 2017 – For The Hackers (© FTH)

20 mai 2017 – Finale du Pic d’Or 2017

Finale + Bar­ba­ra Wel­dens, Pic d’or 2016

Avec, par ordre de passage :

For The Hackers, For The Hackers (FTH), Ninet­ta, Louis Arlette, Mar­tin Lumi­net, Dani Ter­reur, Fafa­punk, Mar­jo­laine Pié­mont, Cécile Her­cule, Wol­zo­vitch, Mante


Théâtre Muni­ci­pal des Nou­veau­tés – Tarbes (Hautes-Pyré­nées)

Com­men­çons par le palmarès :

Prix de la revue Fran­co­Fans : Mante

Prix Charles Cros de la créa­tion : Wol­zo­vitch

Prix d’interprétation : Ninet­ta

Prix de la musique : Louis Arlette

Prix du texte : Wol­zo­vitch

Pic d’argent : Dani Ter­reur

Prix du public : Fafa­punk

Pic d’Or : For The hackers

On enten­dra dire qu’il s’agit là d’un dépous­sié­rage, d’un rajeu­nis­se­ment bien­fai­sant. Pour­tant depuis long­temps déjà le Pic d’Or se dis­tingue par ses choix qui pri­vi­lé­gient les musiques ampli­fiées, les recherches sonores actuelles. On ne sau­rait donc s’étonner vrai­ment de ce pal­ma­rès. On serait prête à s’incliner devant ce choix à condi­tion de pou­voir s’intéresser au sens des mots, au sens des textes ce qui n’a pas été pos­sible ou si peu pour la plu­part des lau­réats. Que vou­lez-vous, on reste obs­ti­né­ment atta­chée – défi­ni­ti­ve­ment pen­sons-nous – à l’émotion, aux fris­sons que fait naître en nous le spec­tacle vivant quelle que soit son esthé­tique. Voir des artistes en scène, les regar­der se mou­voir, entendre du son, des voix, des ins­tru­ments, c’est pour vibrer avec eux… Sinon, à quoi bon ?

On nous dira que si nous n’avons pas per­çu de notre place le sens des paroles c’est la faute au théâtre, à son archi­tec­ture… Hélas, nous ne sau­rons tou­jours pas ce que la chan­teuse du groupe Mante cher­chait à dire de son per­son­nage Océane, avec tel­le­ment d’énergie, de force. Quant au groupe récom­pen­sé par le Pic d’or, FTH à savoir For The Hackers, si nous avons été sen­sible à la cohé­sion musi­cale du groupe, à sa joie com­mu­ni­ca­tive, à sa jeu­nesse vibrion­nante, nous n’avions une per­cep­tion claire des mots que lorsque l’accompagnement se fai­sait enfin plus doux. Ce qui était rare, et net­te­ment insuf­fi­sant pour nous res­ti­tuer le sens du mes­sage. Au fond, ils auraient pu tout aus­si bien chan­ter en anglais. Nous aurions eu alors une bonne rai­son de ne pas com­prendre. D’ailleurs, on a cher­ché en vain une vidéo du groupe chan­tant en fran­çais pour cette chro­nique… On concède que notre temps de recherche était compté !

Recon­nais­sons à Wol­zo­vitch un autre par­ti pris. Ses récom­penses, prix du texte et prix Charles Cros de la créa­tion, sont sans doute dues en par­tie à sa voix qui nous par­ve­nait au pre­mier plan de sa for­ma­tion pour­tant très rock aus­si, gui­tare basse, bat­te­rie… et machines ! Un choix de sa part sans doute.

Mais pour l’ensemble de cette finale, on note­ra que chaque fois qu’apparaissait la bat­te­rie, le son était à un niveau tel que l’inconfort mena­çait sans cesse ; Chaque pas­sage réduit à deux chan­sons per­met­tait un temps de repos. Heu­reu­se­ment ! D’un point de vue stric­te­ment per­son­nel, endu­rer un cer­tain niveau sonore long­temps ne nous est tout sim­ple­ment pas pos­sible. On avoue, la haute fré­quen­ta­tion de la Chan­son n’arrange rien à l’affaire, même si on s’ouvre constam­ment à son infi­nie richesse.

Devant notre per­plexi­té, on nous pré­ci­se­ra gen­ti­ment que le Pic d’Or n’est pas un évè­ne­ment Chan­son mais qu’il s’intéresse à toutes les formes de musiques actuelles por­tées par des auteurs-com­po­si­teurs inter­prètes… La pré­sen­ta­tion de l’évènement dont l’adresse est ain­si libel­lée Pic d’Or – Fes­ti­val de la nou­velle chan­son Fran­çaise (!!) énonce « Créé en 1985, ce concours s’appelait alors « Fes­ti­val de la Chan­son Fran­co­phone ». Il est deve­nu le « Pic d’Or » en 1997. » L’article 1 du règle­ment du concours 2017 pré­cise : « Le Pic d’Or est un concours des­ti­né à faire connaître au public les auteurs, com­po­si­teurs, inter­prètes de textes et musiques inédits, de tous styles et exclu­si­ve­ment d’expression fran­çaise. » Dont acte. Même si l’historique de l’évènement, voire l’ambiguïté de la com­mu­ni­ca­tion sur le web, laisse ima­gi­ner que la Chan­son y aura tou­jours un rôle à jouer. Ni pri­vi­lé­giée, ni écar­tée. Mais sur­tout, on peut sup­po­ser que si l’on accorde tant d’importance à la langue fran­çaise, c’est pour veiller à ce que le sens du texte ait tou­jours sa place.

Cepen­dant, ce soir, au terme de cette édi­tion, le mes­sage ne nous paraît pas aus­si clair – un par­ti pris du jury 2017 ? – puisque l’on a vu par­tir Tom Bird hier et bien d’autres dès les pre­mières audi­tions, puis aujourd’hui Mar­tin Lumi­net et son uni­vers très inti­miste, Mar­jo­laine Pié­mont et son humour, son audace, le duo Cécile Her­cule… Grâce au prix d’interprétation de Ninet­ta – dif­fi­cile de res­ter insen­sible sans doute au mariage de la tra­di­tion musi­cale et de la moder­ni­té, dif­fi­cile de ne pas être tou­ché par son texte superbe A vous mes frères mal­gaches – la Chan­son n’est pas tota­le­ment la per­dante de cette édition.

Fina­le­ment c’est avec le public que l’on se sent le plus d’affinités lorsqu’il accorde son prix au trio Fafa­punk. Quel bon­heur de par­ta­ger ce goût des mots qui sonnent, résonnent, inter­pellent ! De plus en plus la Chan­son accueille en son sein cette forme d’expression, quel que soit le nom qu’on lui prête. Le tout neuf fes­ti­val Lève ton vers de la salle tou­lou­saine, le Bijou, nous en a appor­té en avril der­nier une suc­cu­lente illustration.

Quand arrive Bar­ba­ra Wel­dens, Pic d’or 2016, accom­pa­gnée au pia­no et au vio­lon, on se dit qu’elle a gagné son prix l’an pas­sé grâce à son éner­gie inouïe en scène, grâce à l’originalité et la force de son pro­pos. C’est un choc, un uppercut !

Avec elle, pas besoin de machines, d’électronique, de bran­che­ments inter­mi­nables, de sons ampli­fiés au point de vous faire craindre pour vos oreilles… Com­ment vou­lez-vous évi­ter la confron­ta­tion de ces deux uni­vers ce soir ?

Com­ment ne pas voir que Bar­ba­ra Wel­dens est peut-être bien plus « rock » – dans toutes les accep­tions du mot – que tous ces jeunes réunis ? Il est vrai qu’il n’est pas évident de voir sur­gir chaque année dans les can­di­da­tures, une chan­teuse de cette enver­gure. Elle demeure sin­gu­lière pour long­temps. Une exception.