Romantica- Pascale Rémi (©Claude.Fèvre)

Roman­ti­ca – Pas­cale Rémi (©Claude Fèvre)

29 septembre 2016 – Romantica, Cabaret Zigue Zigue –Théâtre musical

avec Pas­cale Rémi /​Hen­riette (théâtre & chant) et le pia­niste Gré­goire Agui­lar /​ Dimitri

Théâtre municipal de Muret (Haute Garonne)

La comé­dienne Pas­cale Rémi, n’est pas une débu­tante, loin de là ! Elle s’affiche même prête à toutes les facettes du métier, – dur métier, il faut bien le dire – dans la rue, dans un théâtre, sous cha­pi­teau, dans un salon. Récem­ment pour les jour­nées du Patri­moine, on a pu la voir en bonne sœur mener la visite his­to­rique du quar­tier Bon­ne­foy à Tou­louse… Ima­gi­nez seule­ment les regards des pas­sants non aver­tis alors que l’affaire du bur­ki­ni fait encore ses vagues grotesques !

Aujourd’hui elle s’annonce en vedette de music-hall : Roman­ti­ca-Hen­riette, authen­tique bigour­dane, chan­teuse affu­blée de tous les adjec­tifs pour évo­quer sa déme­sure et sa folie. Bur­lesque, fan­tasque, déli­rante, frap­pa­dingue, déjantée…en un mot, un seul : folle !! On confirme, elle est « too mutch »… Et le public est en joie aux pre­miers mots, pre­miers gestes de son appa­ri­tion quand elle fait son entrée, écar­tant le rideau de velours rouge. Quelle appa­ri­tion en effet ! Paillettes en paquets sur les pau­pières, et par­tout sur la peau, faux cils qu’elle égare par­fois sur le pla­teau, robe lar­ge­ment échan­crée dans le dos, agré­men­tée d’étranges pare­ments – style vague­ment Cour­règes années 60 – coiffe emplu­mée, années 40 cette fois, sur­mon­té d’un dia­dème lumi­neux, chaus­sures de « drag queen » que l’on croi­rait déni­chées Bou­le­vard Roche­chouart à Mont­martre. Vous la voyez ?

Un peu Lady Ray­monde, pour ceux qui ont eu la chance de voir Denis d’Ar­can­ge­lo dans ce rôle bou­le­ver­sant. Un peu Lucien la Mau­vaiz Graine (Julien Mal­herbe) dans son rôle d’Yvette… Voi­là, vous avez com­pris qu’il s’agit de ces per­son­nages fas­ci­nants de chan­teuses, qui racontent leur vie, jamais facile, for­mu­lant à voix haute leurs pen­sées, même les plus intimes… Qui prennent à par­ti le public, com­plice de leurs joies et de leurs peines de femme et d’artiste. Et quand elles chantent, elles empruntent au réper­toire immense du début du siècle pas­sé. On rit beau­coup bien sûr car Hen­riette en fait des tonnes…pour oublier que la vie est une mau­vaise farce, que la mort rôde, qu’il lui faut vivre avec ses fan­tômes dis­pa­rus, que par­fois elle aime­rait « avec une fer­me­ture éclair pas­ser de l’autre côté. » Car elle a le sens de la for­mule, Hen­riette ! Elle se ferait même, poète, lyrique quand elle confie que c’est au cime­tière qu’elle va pour regar­der le ciel, sen­tir le vent, trou­ver la paix… Et le reste du temps sa recette pour don­ner du pep’s à la vie c’est le petit verre de « Fras­ca­ti dont elle vante les ver­tus euphorisantes.

Ce Caba­ret Zigue Zigue, c’est fou­traque, fan­tasque, jubi­la­toire comme on peut ima­gi­ner que fut le spec­tacle vivant avant qu’on ne range tout ce joli monde dans des boîtes. Se sou­vient-on encore que sur la scène de l’Olympia, au 28 bou­le­vard des Capu­cines, jusqu’en 1973 les chan­teurs côtoyaient les tra­pé­zistes et les fakirs, les phoques et les élé­phants ? Ah ! Le music-hall… les flon­flons, les paillettes dont rêvent Hen­riette, Yvette et Ray­monde… Ces artistes qui, sous le maquillage, gardent au chaud nos drôles de tour­ments pour en faire des éclats de rire.