B. comme Fontaine, un quartet vertigineux (© Hervé Suhubiette)

Samuel Leroy Trois gouttes de cya­nure2020 (©Emi­lie Leclerc)

2 jan­vier 2020, en écho au qua­trième album de Samuel Leroy, sor­ti en novembre 2019

Trois gouttes de cya­nure, deux sous de jugeote 

Avec

Samuel Leroy (paroles, musiques, arran­ge­ments, pia­no, cla­viers, guitares)


Aver­tis­se­ment : Ce texte ne sau­rait pas­ser pour une chro­nique. C’est une pure fic­tion où se trouvent insé­rés en carac­tères gras les titres de l’album.

  1. Paul Mac Alis­ter 2. Quand on est un miroir 3. Choi­sis nous un pont 4. Le puzzle 5. Par­don 6. La chan­son du veilleur de nuit 7. Bébert, le verre à bière 8. André Mozart 9. Vidange 10. Trois gouttes de cya­nure, deux sous de jugeote 11. Le Saint-Ber­nard 12. Ouf ! 

Objets inani­més, avez-vous donc une âme ? 

Quand on est un miroir, il y a des jours où l’on ne se pose plus la ques­tion. Sans être Lamar­tine, il y a de quoi écrire ! Écou­tez le chan­teur, il vous explique le reste ! D’ailleurs j’en arrive à me dire qu’il y croit ferme, lui, à cette his­toire d’objets ani­més. Chez lui, ce serait presque une obses­sion. Il va même jusqu’à croire qu’un puzzle retrou­vé au gre­nier lui parle – bon, un puzzle de 5000 pièces !– Si j’ai bien com­pris, c’était comme un legs de son papi… Pour tout vous dire, il a beau faire le fier, se prendre pour un for­ban du rêve, un rimeur de nuit, il a pas vrai­ment le moral notre trou­ba­dour des temps modernes. Quand il voit tour­ner le monde pas rond, voi­ci ce qu’il écrit : trois gouttes de cya­nures, deux sous de jugeote. C’est dire !

Bien sûr les âmes, les esprits ne se logent pas n’importe où et le plus sou­vent choi­sissent plu­tôt un être de chair et de sang, genre Paul Mac Alis­ter en 1909, en Angle­terre. Mais la concur­rence est rude. Alors par­fois, y a pas le choix… On s’bagarre, on s’prend le bec et paf ! On finit comme Bébert, le verre à bière. Un sacré vei­nard celui-là ! Il connut son heure de gloire. Le temps de se prendre pour une flûte à cham­pagne et de finir en mille mor­ceaux par terre…

En fait, foi de miroir, homme ou objet, c’est un peu pareil car ça finit tou­jours aus­si mal. Regar­dez ce pauvre André Mozart, musi­cien des rues, ou ce tau­lard avec son his­toire de vidange qui a mal tour­né, ce trou­ba­dour en panne de lyre qui n’a que sa déri­soire chan­son de veilleur de nuit, ou pire encore cette pou­pée, cette jeune fille du RER sans pré­nom – Par­don pour elle ! – Ne par­lons pas du Saint-Ber­nard de l’amour, Don Juan ridi­cule, ou d’Esméralda et de sa verve épistolaire.

Fran­che­ment, c’est pas une siné­cure une vie d’être humain sur­tout quand on tombe amou­reux. Et ça, c’est qua­si­ment sûr ! Pen­sez donc qu’il leur faut se dire « Choi­sis –nous un pont » trois jours et deux nuits, pour admettre qu’ils s’aiment pour de bon ! Alors, moi, j’dis ouf ! Suis bien content d’être un miroir…