Hervé Suhubiette, Hexagone(©Michel Gallas)
21 janvier 2017 ‑16è Détours de Chant – Avant-première – Hervé Suhubiette, nouveau spectacle jeune public Quand je serai grand, je serai chanteur et je m’achèterai un accordéon
avec Hervé Suhubiette (chant, clavier, accordéon) Philippe Yvron (claviers, chœurs), Jean-Denis Rivaleau (batterie, univers sonores) – mise en scène de Fabrice Guérin
Espace Bonnefoy (Toulouse)
J’ai quatre ans. Je n’aime pas la salade, les brocolis et les épinards. Mais, je mange des carottes coupées en rondelles parce que ça ressemble à des disques.
J’ai sept ans. Chez grand-mère, à la fin du repas, je suis prêt à me passer de dessert pour arriver le premier au piano.
J’ai neuf ans. J’apprends à jouer de la flûte traversière. Mais souffler dans un tube en métal, c’est vraiment pas mon truc. Quand je serai grand, je serai chanteur et je m’achèterai un accordéon.” Hervé SUHUBIETTE
Une avant-première du Festival Détours de Chant offerte aux enfants. Peut-on imaginer symbole plus clair d’ouverture et de confiance en des lendemains qui chantent et qui chanteront ? On ajoutera que c’est aussi un clin d’œil en forme de révérence à Hervé Suhubiette, inlassable créateur s’il en est, inspirateur de cet évènement toulousain,
Cette fois, il s’inspire de sa propre histoire pour offrir au jeune public – sans en avoir l’air – une fraîche incitation à l’imaginaire, aux rêves et un bel hommage au spectacle vivant. Musique, bien sûr, Cirque et Chansons, ce spectacle est une vraie caverne d’Ali Baba. « Sésame ouvre –toi ! »
Petit, regarde bien, le rideau rouge va s’ouvrir !
« Ouvre grand tes oreilles » … Ecoute !
Il était une fois…
Il était une fois, un petit garçon de 3 ans qui n’aimait ni la salade, ni les brocolis, ni les épinards… « Comme moi », dira l’enfant près de nous. A la maison on écoutait plein de musiques, Le petit cheval Blanc, Pierre et le loup… au point qu’il était devenu un vrai mange-disque, avec un appétit d’ogre ! Mais surtout, il y avait chez grand-mère un piano pour lequel il se privait de dessert… Bref, une histoire de petit garçon qui grandit avec son monde imaginaire, où tout peut arriver. Du n’importe quoi, du pas normal, comme cet éléphant dans le jardin. Or, chacun sait qu’un éléphant, ça trompe énormément !
Devenu grand, il nous en fait des histoires cet Hervé Suhubiette ! Pour les petits et pour les grands. Au fond, c’est facile de devenir faiseur de musiques et de chansons, suffit de rester un enfant et de savoir regarder autour de soi, de tendre l’oreille. A commencer pour ce merle que les deux compères qui escortent le chanteur, pianiste et batteur de leur état, peinent à installer dans son abri au début du spectacle. Suffit de « capter des voix qui se mélangent … des battements de cœur », d’écouter les musiques du monde, belle sphère lumineuse que le chanteur ausculte, de continent en continent… Suffit de garder au cœur, des airs, des paroles que d’autres ont chanté avant lui, au point que, sans y prendre garde, ils rejaillissent dans ses chansons : Charles Trenet celui qui « chante, soir et matin » ou Claude Nougaro, son swing, son tempérament de bateleur et de boxeur…
Petit, suffit de savoir faire silence – oh oui silence – pour « écouter ton cœur qui bat, la petite musique qui joue au fond de toi ». Suffit que ta voix sorte de ta bouche, comme la petite boule du magicien qui s’envole !… Et même si comme pour la Florence des cours de chant, les autres te disent que tu casses les oreilles…Comme elle tu te sentiras « comme un moineau », tu te sentiras « pousser des ailes »…
Mais, petit, faut du courage – d’autres diraient de l’inconscience – pour devenir magicien, chanteur, jongleur car il faut venir à bout de sa peur, de son trac avant que le rideau ne s’ouvre… Avant d’être en scène et de te dire : « J’m’envole, je quitte le sol ».
Hervé Suhubiette, c’est avec son accordéon sur le dos qu’il a entrepris le voyage… Qu’il s’est mis à raconter des histoires. Illusionniste – musicien – chanteur, parfois même il voudrait en découdre avec ce monde qui déraille. Le voilà qui entre dans le ring, enfile des gants de boxe. Il veut « taper du poing sur la table », que ses chansons puissent « semer la pagaille ».
Mais « Trois minutes et trente secondes est-ce que ça peut changer le monde ? »
Voilà, vous l’aurez compris, ce spectacle c’est l’histoire d’Hervé Suhubiette – un peu, beaucoup – mais c’est aussi et surtout un spectacle qui offre en tableaux, en images concrètes, cette magie du spectacle vivant où « on peut dire n’importe quoi, tout le monde vous croit ! ». Quand il chante, je vous jure qu’on le croit, Hervé Suhubiette.