Clarika – Cigale 2016 (©Hexagone - David Desreumaux )

Cla­ri­ka – Cigale 2016 (© Hexa­gone – David Desreumaux)

28 novembre 2017 – Concert de Cla­ri­ka en duo

De quoi fait battre mon cœur Tour

Avec

Cla­ri­ka /​Claire Kes­zei (voix) accom­pa­gnée par Ludo­vic Leleu (gui­tare, syn­thé­ti­seur, drum, chœurs)


Le Bijou (Tou­louse)

La salle du Bijou est à la fête pour trois soirs, dans l’intimité de Cla­ri­ka en duo avec Ludo­vic Leleu. Ce Ludo – ain­si qu’elle le nomme – lui fait tout un orchestre avec ses chœurs, sa grosse caisse au pied, sa gui­tare élec­trique, son cla­vier et la mul­ti­pli­ci­té de ses atmo­sphères. C’est avec sa chan­son Je suis mille qu’elle entre dans la danse…

« Je suis la belle et la crâ­neuse /​Je suis la fri­vole amou­reuse /​Je suis la pucelle, la peu­reuse /​Je suis la folle, la volup­tueuse /​Je suis l’in­gé­nue, la guer­rière /​Je suis la dou­ceur, la com­mère /​Je suis mille vies… »

Déjà elle danse, vire­volte sur elle-même, bras écar­tés, comme empor­tée par la joie, la jubi­la­tion d’être là, en scène. Elle agite volup­tueu­se­ment sa che­ve­lure élé­gam­ment ramas­sée en un seul côté. Nous sommes empor­tés, tous, dans cette éner­gie. Quand, pour la deuxième chan­son, ses deux mains enve­loppent le micro, s’y amarrent, ou bien se tendent, paumes tour­nées vers le ciel, elle nous entraîne dans la tour­mente d’un amour qui s’est fait la belle. Nous sommes au plus près d’elle. Qui n’a connu cette sen­sa­tion de perdre le goût de vivre ? « C’est la vie sans toi… j’l’aime pas… Il est long notre hiver, comme il dure… »

C’est à l’issue de cette chan­son qu’elle salue le public, rap­pelle sa pré­sence sur cette scène il y a 23 ans. Sept albums plus tard elle est là, por­tée par un public fidèle, par la recon­nais­sance de ses pairs, escor­tée de toutes les louanges, tous les hom­mages ren­dus à son der­nier album. L’album d’une déchi­rure, des incon­tour­nables trai­trises de la vie et des com­bats à mener pour gar­der sa digni­té. « Je ne te dirai pas l’absence et cette par­tie de moi qui est morte »…

Toute la presse, régio­nale comme natio­nale, de Télé­ra­ma à Pla­tine, de Elle à Gala,  tous saluent la beau­té uni­ver­selle de ses nou­velles chan­sons. Il y a vingt ans elle chan­tait « Non, ça s’peut pas que ça dure tou­jours, ça s’peut pas… C’est trop fort, c’est trop pur, notre amour là… ». Ce soir, ces mots là résonnent comme une dou­lou­reuse pré­mo­ni­tion… « L’amour, le vrai, un jour il meurt, il reste pas… » A plu­sieurs reprises on a bien l’impression qu’elle essuie des larmes. C’est vrai que cette luci­di­té fait mal et pour­tant… Elle l’exprime en mots si simples, en tour­nures si fami­lières qu’ils n’en sont que plus émou­vants. Ce thème revient presque obs­ti­né­ment, comme dans Il s ‘en est fal­lu de peu, Le choix, mais sur­tout dans La cible, ce numé­ro de lan­ceur de cou­teaux qui s’achève tra­gi­que­ment. Quelle méta­phore, cet amant qui finit par trans­per­cer le cœur de sa belle… « Il ne faut pas que tes mains tremblent ! »

Et pour­tant c’est la joie, la beau­té qui nous sont offertes. Cla­ri­ka plai­sante, se rit de sa place dans les bacs des dis­quaires aux côtés de Petu­la Clark, nous offre une irré­sis­tible pan­to­mime imi­tée de celle du ste­ward au décol­lage d’un avion pour enton­ner sa fameuse (et irré­sis­tible !) chan­son Les gar­çons dans les ves­tiaires, raconte avec l’accent slave de ses ori­gines la tra­hi­son et le retour d’Igor… Quand elle quitte la scène sur ces mots « La vie trop conne qui trop avare /​Reprend le beau qu’elle a don­né /​Reprend le beau », elle revient vêtue d’une robe longue légère qui lui vaut des mur­mures d’admiration… C’est vrai qu’elle est très belle alors. Quelque chose de Janis Joplin… Si trou­blante quand elle se met à chan­ter My Sweet Lord de George Har­ri­son. La fin du concert est alors réso­lu­ment tendre, légère, comme sa robe qui vire­volte… Cla­ri­ka pro­longe les rap­pels, comme s’il lui était dif­fi­cile de s’ar­ra­cher à cet espace, ce moment où l’on res­pire pro­fon­dé­ment le vivant.

« Pour­rait on de temps en temps /​Qu’on est vivant /​Être heu­reux même un p’tit peu /​Ce s’rait mieux / 

Autant en emporte le vent