Deborah Elina, Les bruits du cœur (© Jean-Lionel Dias / Maïtéa Moraglia)

Debo­rah Eli­na, Les bruits du cœur (© Jean-Lio­nel Dias /​Maï­téa Moraglia)

4 décembre 2016 – Deborah Elina, premier album, Les bruits du cœur

avec Debo­rah Eli­na (paroles et musique) réa­li­sa­tion Greg Parys, avec la par­ti­ci­pa­tion de Pierre Riesse et Pierre Sou­chon pour Laquelle est-ce, la voix de Ber­trand Louis pour Le jet d’eau, poème de Bau­de­laire, texte et musique de Bar­ba­ra pour Gare de Lyon

Eli­na, un nom qui chante comme un pré­nom, Debo­rah un pré­nom hébraïque, peu répan­du, qui trace au ciel une déli­cate pas­se­relle entre elle et Bar­ba­ra qui emprun­ta à sa tendre Gra­ny, Var­va­ra, son nom de scène… C’est ain­si que, sub­ti­le­ment, ten­dre­ment aus­si l’artiste dont nous évo­quons le pre­mier album nous ramène à l’auteure de Gare de Lyon. Cette chan­son clôt cet opus, comme une signa­ture, une filia­tion. Une invi­ta­tion à l’amour, au départ, au rêve urgent de s’aimer. Taxi vite… ! L’interprétation pia­no voix nous avait déjà ravis, comme nous avait ravis, au Pic d’Or en mai, Moni­to Ring. Une his­toire d’amour – ô com­bien – mais cette fois pour celui ou celle, pro­messe de vie, qui nous assène « coups de pied, coups de poing, coup de tête » et dont on garde au corps et au cœur mémoire vive, à jamais. « Et c’est doux » !

C’est avec gui­tare élec­trique, bat­te­rie, sons élec­tro que Debo­rah Eli­na, chan­teuse réso­lu­ment de son temps, choi­sit d’accompagner ses textes, ses bruits du cœur, comme autant de bat­te­ments de vie, de pal­pi­ta­tions qui pour­raient le plus sou­vent don­ner envie de dan­ser. La voix claire qui mur­mure, câline, caresse, ques­tionne est au pre­mier plan de cet enre­gis­tre­ment. D’ailleurs il sem­ble­rait qu’elle en ait séduit d’autres déjà si l’on en juge par sa par­ti­ci­pa­tion aux albums de Marc Lavoine, ou Gérard Dar­mon.

Certes nous sommes par­fois las d’entendre expri­mer en chan­sons les méandres du cœur. Ici, magie de l’orchestration, écri­ture ori­gi­nale ? Nous nous avouons lit­té­ra­le­ment char­més. Pour résu­mer, en emprun­tant au titre Aston Mar­tin : « ça sonne, ça swingue, ça car­tonne… » Au centre de l’album on s’émeut par­ti­cu­liè­re­ment à l’écoute de la chan­son d’amour mélan­co­lique, Marée basse, où s’invitent notes de pia­no et cordes. « J’ai des années d’horizon front contre front /​J’ai de longs mois de beau temps au bord des draps »… Pour­tant, un jour, l’amour se lasse. On se décale, on se dis­perse… « J’ai des heures de digue le long des côtes »… Alors, on n’est pas sur­pris que vienne ensuite le poème de Bau­de­laire, Le jet d’eau dit et chan­té par le duo de Debo­rah Eli­na avec Ber­trand Louis. « Tes beaux yeux sont las, pauvre amante !/​Reste long­temps, sans les rou­vrir, /​Dans cette pose non­cha­lante /​Où t’a sur­prise le plai­sir. » La chan­son sui­vante La blouse de toi pro­longe cet éro­tisme sub­til de l’extase en expri­mant le désir des caresses, ce « diable dans le corps ». Le meilleur de l’amour ? Avant que ne revienne le temps des méprises, des mots incom­pris, Olden days où Debo­rah Eli­na mêle anglais et fran­çais. C’est pour­tant dans l’image joyeuse de Madame Eif­fel qu’elle trouve l’expression d’un sou­hait : « Être faite de fer pour être forte »…Pieds bien enra­ci­nés dans la terre, mais la « tête dans les nuages » … Cette chan­son pour­rait faire le buzz, cara­co­ler gaie­ment sur les ondes si les images du clip où figure le méde­cin média­tique Michel Cymes ne détour­naient l’attention. Ah ! Le pou­voir insub­mer­sible de la télé­vi­sion mais peut-être plus sûre­ment le pou­voir du charme fémi­nin de Debo­rah Eli­na dans ces images. Encore un point qui la rap­proche de Bar­ba­ra qui ne ces­sa jamais de chan­ter les jeux, SES jeux de l’amour, dou­lou­reux, cruels et magnifiques.

Sans aucun doute Debo­rah Eli­na signe là un album pro­fond, sédui­sant musi­ca­le­ment sur­tout si l’on songe à la plus jeune géné­ra­tion. Encore fau­drait-il qu’il puisse l’atteindre ! Pour l’heure nous disons notre enthou­siasme et notre impa­tience à décou­vrir ces chan­sons là en scène.