C’est la récré pour Hervé Suhubiette et Pulcinella (Ⓒ droits réservés)

Her­vé Suhu­biette (© droits réservés)

Déjà en 2004, un cer­tain Michel Kem­per dans sa chro­nique consa­crée à ce tou­lou­sain (Mes nuits cri­tiques, éd. Mine de crayon, p. 175) le ran­geait entre Gavroche et Leprest. Huit ans plus tard, « ce type rodé à la scène […], un acteur, un vrai » s’empare de 13 chan­sons de Claude Nou­ga­ro. Diable, qu’allait-il bien en faire quand on connaît un tant soit peu les audaces du tru­blion ? A n’en pas dou­ter, il allait faire fort. Il s’était déjà brillam­ment illus­tré dans cet exer­cice un tan­ti­net ico­no­claste avec Bras­sens qu’il reprend accom­pa­gné au pia­no par Phi­lippe Gel­da. Dimanche der­nier sur France Musique, Laurent Valé­ro qui accueillait Her­vé Suhu­biette dans son émis­sion « Des nuits noires de monde » avait choi­si de nous faire entendre sa ver­sion enre­gis­trée au Bijou de la Cane de Jeanne…C’est fran­che­ment déglin­gué ! Et j’aime ça ! Tra­dut­tore tra­di­tore, tra­duc­teur traitre dit la for­mule… Oui, reprendre c’est tra­duire et Her­vé le fait avec sa longue et ori­gi­nale his­toire d’homme qui chante, qui se pro­mène de contes musi­caux en chan­sons pour enfants, d’animations en for­ma­tions (il est direc­teur artis­tique de Voix Express), de com­po­si­tions pour la scène en col­la­bo­ra­tions dans ses Fêtes à Anne Syl­vestre, Allain Leprest, Gil­bert Laf­faille, Michèle Ber­nard, Romain Didier…

Pour répondre à ce qui fut au départ une com­mande du Conseil Géné­ral de la Haute-Garonne et de l’ADDA 31, Her­vé a sol­li­ci­té le jeune quar­tet jazz Pul­ci­nel­la dont il appré­cie les recherches sonores. En écou­tant le tra­vail de recréa­tion accom­plie sur Amstrong (le texte s’étire, devient une plainte presque dis­so­nante) on com­prend l’objectif d’Hervé qui accepte l’idée de « reprises » à condi­tion d’avoir quelque chose de nou­veau à en dire. Et croyez-moi, il en a à dire !
Ajou­tons qu’Hélène Nou­ga­ro qui accom­pagne avec bien­veillance les pro­jets autour de l’œuvre de son mari, lui a confié un texte inédit « Dans les bras de l’ours » qui figure dans cet album. Cer­taines chan­sons sont peu connues et c’est un plai­sir d’autant plus grand de les décou­vrir. Quand au contraire elles appar­tiennent à notre pan­théon de la chan­son, on en savoure la redé­cou­verte, comme « Il y avait une ville » et son pay­sage sonore dévasté.

Il me reste à voir ces Récréa­tions Nou­ga­ro en scène, avec Suhu­biette et son art consom­mé du spectacle.