Au village sans prétention, Marc Maurel chante (© droits réservés)

Garance chante (© droits réservés)

C’était ce same­di, à Saint-Ybars en Ariège, bour­gade per­chée sur son pro­mon­toire à 40 km au sud de Tou­louse. Par beau temps, la salle des fêtes, plan­tée à quelques mètres de la petite école, vous offre un pano­ra­ma d’exception sur la chaîne pyré­néenne. Voi­là pour le décor.

Fière de ses 500 âmes et quelques dizaines, la muni­ci­pa­li­té s’offre le luxe d’une com­mis­sion « culture » qui, sous l’impulsion d’un adjoint comme on en trouve trop peu, pro­gramme des ren­dez-vous avec le spec­tacle vivant. Je ne peux évi­ter de confron­ter ce lieu, ce public, le duo qui va entrer en scène, avec ces grand messes midi-pyré­néennes que vont nous offrir Albi (Pause Gui­tare) en Juillet ou Mon­tau­ban (Alors chante) en mai, pro­gram­mant pour une part les mêmes vedettes lar­ge­ment média­ti­sées à grand ren­fort de sub­ven­tions aus­si tita­nesques que leur programmation.

Essayons d’oublier un ins­tant que l’on ne man­que­ra pas de jus­ti­fier par la « crise » la médio­cri­té de l’aide appor­tée à notre fes­ti­val de l’Ariège profonde.

Same­di, c’était une soi­rée bap­ti­sée « caba­ret » : quelques tables, des bou­gies, un petit Vou­vray et des pâtis­se­ries offertes, oui, offertes ! Sur la scène un quart de queue ! Je n’en crois pas mes yeux ! Ce soir, il fau­dra se pas­ser des éclai­rages (le bud­get impose des choix !) mais pour le son, tout y est ! Voi­ci que com­mence le concert où Marc Mau­rel alias Garance, devra plon­ger dans le regard des spec­ta­teurs en pleine lumière. Il entre, lunettes noires, che­veux héris­sés sur la tête, en cos­tume noir impec­cable, che­mise rouge (évi­dem­ment !) et pieds nus. Je suis le par­cours de Marc depuis de nom­breuses années et, chaque fois, j’essaie d’imaginer les pen­sées des spec­ta­teurs qui le découvrent dans ce look impro­bable… Dérou­tant, il l’est Marc. On ne sait jamais vrai­ment où il va nous conduire. « Chan­sons à voir », c’est le titre de ce duo pia­no-voix où Jérôme Aba­die, com­po­si­teur, excelle non seule­ment comme ins­tru­men­tiste (on le sen­tait empor­té par ce pia­no qui était mis à sa dis­po­si­tion !) mais aus­si comme par­te­naire de jeu. Leur conni­vence offre à ce concert un sacré clin d’œil au théâtre ! Les textes de Marc et son inter­pré­ta­tion, jusqu’à l’outrance par­fois, vous pro­mènent dans tous les registres. Je pense à la défi­ni­tion de Bar­ba­ra dans ses Mémoires Inter­rom­pues : « la chan­son est dans le quo­ti­dien de cha­cun ; c’est sa fonc­tion, sa force. Sociale, sati­rique, révo­lu­tion­naire, anar­chiste, gaie, nos­tal­gique… » Oui, tout y est et je vous avoue­rais, pour ma part, un léger pen­chant pour les textes un tan­ti­net éro­tiques que Marc dis­tille avec une trou­blante émo­tion, comme dans Vive­ment l’hiver en début de concert ou Les bijoux en son milieu… Garance a depuis quelque temps ajou­té un troi­sième ins­tru­men­tiste, le gui­ta­riste Clé­ment Fois­seau et c’est en trio que nous le rever­rons sur notre fes­ti­val le 15 Août… Dans le nou­veau réper­toire de son deuxième album, il est à parier que nous retrou­ve­rons l’« homme moderne » chan­gé par­fois en « salop ordi­naire » qui appa­raît déjà au détour des « chan­sons à voir ». Ren­dez-vous pris pour l’été avec cet artiste que d’aucuns pour­raient trou­ver trop proches de son public, trop entier, trop pas­sion­né, trop…? Moi, je me moque des détrac­teurs, cet artiste là je sou­haite le faire connaître.