En ce temps là on chantait… (© Claude Fèvre)
[Extrait]
Line est née en 1925… En ce temps-là, répète-t-elle, on chantait, partout, tout le temps… Elle ignore que ces mots-là sont exactement ceux de Barbara dans ses Mémoires interrompus (Il était un piano noir, Fayard, 1999). Et ce sont aussi les mots répétés en écho par son mari qui vécut dans le même village de l’Aube, à une trentaine de kilomètres de Troyes, son enfance, son adolescence sur fond d’occupation, d’exode, de bombardements, de privations et d’humiliations de tous ordres… Et pourtant, on chantait, partout, tout le temps et on reprenait en chœur les chansons dont ils peuvent encore aujourd’hui entonner ensemble les couplets. « Ça bougeait, ça guinchait, ça dégingandait, ça politiquait ferme, ça chaloupait, ça énamourait, ça déclamait férocement, ça peinturlurait l’hôpital […] c’était la criée du quotidien, le journal de pas d’heure en plein air » lit-on sous la plume de Barbara.